Le 11 septembre 2018
CERFS-VOLISTES
Dans ma ville natale, où je vis, après
plus de trente ans d'exil, a lieu tous les deux ans un Festival
international du cerf-volant. J'avoue ne guère y être sensible. On
voit des cerfs-volants, certes. Mais une fois qu'on les a vus (cela
demande quelques minutes)et on s'en va. La question que l'on peut se
poser est la suivante : pourquoi des gens venus de très loin
ont-ils pris l'avion pouaAr venir montrer dans le ciel une baleine
bleue, un dragon rouge ou un serpent jaune, des jours durant. Le
passant se lasse vite, les cerfs-volistes ne s'en lassent pas.
Mystère !
Cela me fait penser à autre autre
chose. Sur certains blogs, par exemple celui de Philippe Bilger,il y
a aussi un certain nombre de cerfs-volistes. L'espace offert au
maître des lieux aux commentateurs est, sur le papier, fait pour que
l'on commente les textes du propriétaire. Or, qu'observe-t-on ?
La tentation d'une foule d'habitués
est de sortir plus ou ou moins franchement du thème proposé pour
montrer dans le ciel qui son serpent jaune, qui son dragon rouge, qui
sa baleine bleue. Lisez :
son socialisme ou sa haine du
socialisme, sa haine ou son amour de la police, sa haine des
fonctionnaires ou son soutien, son racisme ou son anti-racisme, sa
défense ou sa critique du gouvernement,son poutinisme ou son
anti-poutinisme , etc.
Chacun exhibe, contemple, célèbre ses
idées, ses obsessions, ses dadas...comme les cerfs-volistes.
Macron ne me donne satisfaction que sur un point: il a prouvé qu'avec un peu de volontarisme, le "renouvellement des visages" était possible.
RépondreSupprimerMacron est la preuve que le charisme n'est rien quand il ne s'appuie sur aucun fond.
Ce que Macron avait à foison manquait à Hamon. (Macron a du charisme, il intéresse y compris ses adversaires. Hamon les ennuie.) Il a mal joué en présentant son programme, non comme une anticipation du manque de travail à l'ère de la post-production en Occident, mais comme un éloge en creux de l'oisiveté, mère de tous les vices.
Je n'ai jamais compris pourquoi Hollande s'était senti obligé de se ligoter en nommant Valls premier ministre. (J'apprends ce matin par un Catalan qu'on devrai prononcer Baïs.) Valls était sans envergure et sans loyauté, c'était écrit. Etait-ce bien lui qui a empêché Hollande de se présenter? Hollande ne s'est-il pas corseté tout seul en soumettant sa candidature à une obligation de résultats? Obligation à laquelle il a souscrit lorsque Ségolène royal, bonne camaradeet mauvaise perdante, a souligné à l'issue de la primaire: "Le bilan politique de François Hollande, c'est l'inaction." Verdic péjoratif et préventif qui s'ajoutait à ce trait de Claude Allègre: "Hollande ne sait pas trancher." On a vu que ces deux socialistes connaissaient bien leur "président normal". Beaucoup de gens considèrent qu'un homme politique ne travaille pas parce qu'il dirige des collectivités. Ce jugement est erroné, d'autant plus qu'un homme politique est responsable de son échec, la non réélection vaut sanction.
Mélenchon a-t-il de la conviction politique? Il faut croire que non, puisque, d'une manière ou d'une autre, il aurait dû se retirer au profit d'Hamon ou obtenir qu'Hamon se retire à son profit. Il n'a rien voulu entendre. La logique aurait voulu qu'il se retire, puisque le parti socialiste a toujours été la locomotive de la gauche.
Mélenchon est un caractériel et a inquiété à cause de cela. En outre, dès qu'on le poussait dans le concret, il répondait par des théories fumeuses dont on ne voyait pas où elles menaient. Mélenchon a dit lui-même que le sourd qu'il était avait tendance à trop théoriser. Il a fait enfin une erreur d'analyse qui ne lui a pas été pardonnée, il a cru en Tsipras, au point d'écrire un billet de blog intitulé: "Il a la classe, notre Tsipras." Or Tsipras s'est couché devant l'Union européenne, ce qui était à prévoir pour quiconque avait suivi la campagne au cours de laquelle Tsipras ambitionnait de devenir Président de la Commission européenne. Il était parfaitement intégré dans la classe politique européenne.
Juppé est un mal-aimé qui n'a pu conjurer cette malédiction. Sarkozy y était presque. Quant à Fillon, je l'ai toujours perçu comme un ténébreux autodestructeur, si ce n'est un suicidaire, fasciné par l'idée de faillite. Il a "suicidé" les chances de la droite. Mais comme il joint à ces fragilités psychologiques un j'm'enfoutisme assez remarquable, il s'est refait une vie après avoir "suicidé" son camp, qui n'a pas compris qu'il courait à sa perte avec un tel candidat, à l'empathie proche de zéro et qui ne sait même pas se montrer proche des gens à la manière d'un Edouard Philippe, tendu, mais concerné.