mercredi 10 mars 2021

Prénoms « C'est déjà trop d'avoir avec le peuple une même religion et un même Dieu ; quel moyen encore de s'appeler Pierre, Jean, Jacques, comme le marchand ou le laboureur ? Évitons d'avoir rien de commun avec la multitude ; affectons au contraire toutes les distinctions qui nous en séparent. Qu'elle s'approprie les douze apôtres, leurs disciples, les premiers martyrs (telles gens, tels patrons) ; qu'elle voie avec plaisir revenir, toutes les années, ce jour particulier que chacun célèbre comme sa fête. Pour nous autres grands, ayons recours aux noms profanes ; faisons-nous baptiser sous ceux d'Annibal, de César et de Pompée : c'étaient de grands hommes ; sous celui de Lucrèce : c'était une illustre Romaine ; sous ceux de Renaud, de Roger, d'Olivier et de Tancrède : c'étaient des paladins, et le roman n'a point de héros plus merveilleux ; sous ceux d'Hector, d'Achilles, d'Hercules, tous demi-dieux ; sous ceux même de Phœbus et de Diane ; et qui nous empêchera de nous faire nommer Jupiter ou Mercure, ou Vénus, ou Adonis ? » La Bruyère, Les Caractères, IX, 23. Robert Garapon, dans son édition des classiques Garnier, précise en note : « La mode des prénoms mythologiques, historiques ou romanesques étaient alors générale , et les grands s'appelaient César de Vendôme, Annibal d'Estrées, Hercule de Rohan ou Achille de Harlay. » En 2021 , dans le domaine des prénoms, nous avons d'autres modes. J'avoue que, si javais eu une fille, j'aurais été tenté de l'appeler « Diane », comme à l'époque de La Bruyère. Quel plus beau prénom féminin ? Reste que si « Diane de Montmorency » ou « Diane de La Rochefoucauld », cela sonne bien , « Diane Grougnard » ou «  Diane Le Gorju », ce n'est pas terrible.

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