samedi 8 mars 2025
TRUMP (encore).
TRUMP (suite)
Hier, un de mes amis me dit que la scène Trump-Zelensky, dans le Bureau ovale le fait penser à la fable "Le loup et l'agneau". Pour qui l'aurait oubliée, la voici :
LE LOUP ET L'AGNEAU (*)
La raison du plus fort est toujours la meilleure :
Nous l'allons montrer tout à l'heure (1).
Un Agneau se désaltérait
Dans le courant d'une onde pure.
Un Loup survient à jeun, qui cherchait aventure,
Et que la faim en ces lieux attirait.
Qui te rend si hardi (2) de troubler mon breuvage ?
Dit cet animal plein de rage :
Tu seras châtié de ta témérité.
Sire, répond l'Agneau, que Votre Majesté
Ne se mette pas en colère ;
Mais plutôt qu'elle considère
Que je me vas (3) désaltérant
Dans le courant,
Plus de vingt pas au-dessous d'Elle ;
Et que par conséquent, en aucune façon,
Je ne puis troubler sa boisson.
Tu la troubles, reprit cette bête cruelle,
Et je sais que de moi tu médis l'an passé.
Comment l'aurais-je fait si (4) je n'étais pas né ?
Reprit l'Agneau ; je tette encor ma mère
Si ce n'est toi, c'est donc ton frère.
Je n'en ai point. C'est donc quelqu'un des tiens:
Car vous ne m'épargnez guère,
Vous, vos Bergers et vos Chiens.
On me l'a dit : il faut que je me venge."
Là-dessus, au fond des forêts
Le loup l'emporte et puis le mange,
Sans autre forme de procès.
Je n'ai aucun avis sur les femmes en général, les magistrats en général, les avocats en général, les professeurs en général, les journalistes en général ,les élites (=les meilleurs) en général, les étrangers en général...
On ne peut avoir d'avis que sur une personne à la fois, quand on la connaît bien et depuis longtemps. Il arrive même, au fil du temps, qu'on puisse changer d'avis : on croyait bien connaître quelqu'un , mais non...
vendredi 7 mars 2025
Il y a pire que les sondages.
Bien des gens se plaignent des sondages. Je ne suis pas du nombre. Ils nous fournissent grosso modo une information surt ce que pensent les gens. Il y a bien pire qu'un sondage : c'est un micro-trottoir. Pourquoi ? Parce que celui qui fait un micro-trottoir peut procéder ainsi : interroger trente personnes puis faire entendre deux personnes qui sont pour, alors que 28 étaient contre. Ou faire entre entendre un pour et un contre, alors que 98% étaient pour ou contre.
Un micro-trottoir a TOUJOURS une intention .
TRUMP-POUTINE (suite).
Le même commentateur du blog de Philippe Bilger écrit aussi ceci: :
Je viens de prendre connaissance de l'article que Françoise Thom a consacré, sur Desk Russie, à l'entreprise d'humiliation de Zelensky par les chefs mafieux de Washington. C'est à lire, plus que jamais. Nous avons écrit le même jour, et nos analyses se rejoignent.
Elle aussi pense qu'il s'agissait d'un traquenard prémédité :
"La plupart des observateurs s’accordent pour estimer que la séance de flagellation du président Zelensky dans le Bureau ovale le 28 février ne fut pas le résultat d’un clash impromptu entre l’Américain caractériel et l’indomptable Zelensky, mais qu’un traquenard avait été tendu au président ukrainien, probablement par le vice-président américain J. D. Vance, davantage capable de mettre en œuvre un plan élaboré que l’imprévisible Donald Trump. Cependant, ce lynchage public a toutes les marques d’une opération spéciale élaborée dans les murs du Kremlin."
Elle aussi souligne le caractère mafieux de l'opération :
"On distingue sans peine à travers l’acharnement des sous-traitants américains du président russe la volonté de Poutine d’écraser son adversaire comme un truand noie dans le béton celui qui lui a fait perdre la face."
Elle note elle aussi "la présence d’un journaliste russe" dans le Bureau ovale, souligne "le désarmement unilatéral des États-Unis, qui démantèlent allègrement tous les organismes chargés de les protéger des ingérences extérieures – CIA, FBI – et qui secouent le Pentagone par des purges".
Les parallèles historiques sautent aux yeux : "On a beaucoup évoqué Munich 1938 ces derniers temps. L’analogie avec le pacte Ribbentrop-Molotov d’août 1939 est plus juste."
Son analyse du rôle du mensonge dans le verbe trumpiste est magistrale :
"Comme le régime communiste, le pouvoir trumpien s’est créé une mythologie fondatrice mensongère à laquelle tout fonctionnaire est forcé d’adhérer. Le mensonge n’a pas pour fonction de convaincre. Il est là pour signifier la toute-puissance du régime, qui peut se permettre impunément de braver la vérité, qui peut contraindre le citoyen à dire le faux en violant sa conscience."
Le mensonge est un rite de passage, un signe d'allégeance. De même que dans la mafia, il faut prouver sa loyauté en commettant un assassinat sur commande, de même, participer à la diffusion du mensonge officiel vaut admission dans la secte trumpiste :
"Le mensonge est une souillure de l’âme. Celui qui a participé au mensonge ressemble à celui qui a été mordu par un vampire : il n’a plus qu’un désir, en contaminer d’autres avec son mal, entraîner d’autres dans sa chute, de manière à ne pas demeurer seul en tête à tête avec son avilissement. L’administration Trump est pleine de ces demi-zombies que le sentiment de leur déchéance rend surnaturellement agressifs."
La passion du mensonge trahit la préférence pour le mal :
"Comme les hommes du Kremlin, le président Trump et ses acolytes ne craignent pas d’étaler leur ignominie au grand jour. L’affichage décomplexé de leur turpitude est à leurs yeux l’indice de leur toute-puissance."
Comme en Russie, le culte de la personnalité s'organise :
"Le régime en train de se mettre en place aux États-Unis présente beaucoup de similarités avec un régime communiste. On a déjà un culte de la personnalité. « Un homme comme Trump n’apparaît qu’une ou deux fois dans l’histoire d’un pays. Nous voulons Trump ! » s’exclame Steve Bannon, l’idéologue du mouvement MAGA."
"Le secrétaire d’État Marc Rubio n’ose pas ouvrir la bouche sans se référer aux sages instructions de son président, un peu comme un garde rouge maoïste citait les Pensées du Grand Timonier. On a déjà un crime de lèse-majesté : c’est précisément de cela que l’infortuné Zelensky a été accusé par l’apparatchik jdanovien J. D. Vance, accusations reprises en choeur par les sénateurs serviles."
C'est en effet frappant. Quiconque écoute hommes politiques et journalistes inféodés au pouvoir, à Washington comme à Moscou, entend les mêmes formules : "Comme l'a dit le président Trump"... "Ce n'est pas moi qui décide, je ne suis qu'un humble vermisseau, c'est le président Trump qui mène les négociations"... "Le président Trump a bien dit que s'il avait été au pouvoir, l'invasion de l'Ukraine n'aurait jamais eu lieu"... (ceci est censé être un argument ; un fait imaginaire a la même valeur probante qu'un fait réel).
"Comme le dit Vladimir Vladimirovitch"... "C'est le président Poutine qui mène les opérations militaires"... "Sans Poutine, la Russie n'existerait pas" (authentique).
On a entendu la même servilité envers Staline, envers Hitler, envers Franco...
"Le Congrès [américain] ressemble à la Douma poutinienne", fait remarquer Françoise Thom, "c’est devenu une chambre d’enregistrement où chacun rivalise d’obséquiosité en présence du chef."
"Le député républicain Andy Ogles vient de déposer au Congrès une résolution autorisant de prolonger la durée du mandat présidentiel de huit à douze ans, ce qui signifie que, si la résolution était adoptée, Trump pourrait rester en fonction jusqu’en janvier 2033, date à laquelle il aurait 86 ans."
Poutine a fait la même chose.
L'abruti Donald Trump croit que Poutine l'honore de son admiration, mais il est en réalité son jouet :
"Ivres de leur sentiment d’impunité, Trump et Vance ne comprennent pas qu’eux-mêmes sont tombés dans un piège tendu par Poutine. Car le but de ce dernier est de faire la démonstration que la Russie a soumis les États-Unis, puisque les dirigeants américains ont adopté son langage et ses manières. Trump et Vance croyaient arracher une capitulation à Zelensky. En réalité, ils signaient publiquement celle des États-Unis devant la Russie."
Autre signe stupéfiant de la poutinisation de l'Amérique, qui n'est pas mentionné dans cet article : la bigoterie théocratique des nouveaux dirigeants, leur exploitation à des fins politiciennes d'une version hérétique, dévoyée et superstitieuse du christianisme.
Le nouveau ministre des Affaires étrangères des États-Unis, Marco Rubio, se donne en spectacle de façon grotesque, lors d'une interview sur Fox News, en arborant une croix dessinée sur le front. Les gazettes nous apprennent, avec leur cuistrerie habituelle, que "les catholiques se font marquer une croix de cendres sur le front le mercredi des Cendres", mais je n'ai jamais vu un catholique s'exhiber en public de la sorte - ne parlons pas d'un ministre de la première puissance mondiale passant à la télévision.
Il y a une indécence, une inculture, une arrogance dans ce geste qui coupe le souffle. En Russie, les popes orthodoxes inféodés au KGB bénissent les missiles, et Poutine se prévaut d'un confesseur personnel, comme les rois. Aux États-Unis, Trump s'adresse aux participants d'une réunion politique en disant : "Mes beaux chrétiens" ("My beautiful Christians"). Quel authentique chrétien, s'adressant à une congrégation, s'exprimerait ainsi ?
Ne parlons pas du "christianisme" de Donald Trump, qui se vante d'attraper les femmes par leur anatomie, et entretient une longue amitié avec l'esclavagiste sexuel Jeffrey Epstein ; ni de celui de Vladimir Poutine, qui fait exploser des centaines de ses compatriotes dans leur sommeil en attribuant les attentats aux Tchétchènes, dans le seul but de se faire élire.
jeudi 6 mars 2025
UN AVIS SUR TRUMP
Un commentateur, dont je ne connais pas le vrai nom, du blog de Philippe Bilger écrit ceci :
Comment appelle-t-on un homme qui tient entre ses mains la destinée d'un peuple martyr, soumis à l'invasion brutale d'un tyran résolu à l'effacer de la surface de la terre, et qui traite son président démocratiquement élu de "dictateur non élu" ? Sous prétexte que ce dernier respecte la constitution de son pays qui interdit, très judicieusement, les élections en temps de guerre ? Alors que la population comme les chefs de l'opposition sont fermement hostiles à de telles élections ? Et que c'est l'envahisseur qui a lancé cette opération de propagande du "dictateur non élu" ?
Comment appelle-t-on un homme qui accuse ce dirigeant d'avoir déclenché la guerre alors que c'est lui l'agressé, qui l'accuse de ne pas avoir ouvert de pourparlers tout de suite (ce qu'il a fait, quatre jours seulement après l'invasion, à Gomel, en Biélorussie, alors que 400 soldats des forces spéciales russes étaient à ses trousses avec pour mission exclusive de l'assassiner, lui et tout son gouvernement) ?
Comment appelle-t-on un homme qui, dans ces circonstances, accuse ce dirigeant de n'être "qu'un comédien de second rang" ?
Comment appelle-t-on un homme qui, quelques jours après ces déclarations, répond à la presse : "Dictateur ? J'ai dit dictateur, moi ? Je ne peux pas le croire. Question suivante." ?
Comment appelle-t-on un homme qui, non content des précédentes ignominies, convoque le dirigeant en question dans son palais présidentiel, sous les caméras du monde entier, pour l'humilier comme jamais aucun chef d'État en visite officielle n'a été humilié, sous prétexte qu'il essayait d'expliquer que Poutine ne tient jamais ses promesses ?
Une ordure. Donald Trump est une ordure. Ce n'est pas une insulte, c'est un constat objectif basé sur des faits vérifiables et connus de tous.
D'ailleurs, sans perdre une seconde après le guet-apens dans lequel le président ukrainien a été attiré le 28 février au Bureau ovale, la porte-parole du ministère des Affaires étrangères russe a traité Zelensky d'ordure (que Trump et Vance auraient dû "gifler"). La règle de la projection se vérifie à tous les coups : si vous voulez connaître la vérité, écoutez ce que dit le gouvernement russe ; elle est à l'opposé.
Si vous voulez, je peux vous mettre des guirlandes autour du mot "ordure" : Donald Trump a une moralité profondément, radicalement défaillante, il s'emploie à faire le mal autour de lui.
La remarque a son importance. Les poutino-lécheurs, en France, et plus largement les poutino-excusistes, ceux qui ne sont pas-du-tout-pour-Poutine, mais qui passent leur temps à répercuter sa propagande dans leurs commentaires, nous disent qu'il faut être "réaliste", que "les nations n'ont pas d'amis, seulement des intérêts", bref que ce n'est pas la morale qui mène le monde, et qu'en dernier ressort seule la force brute importe.
C'est oublier que le but même de la politique est l'intérêt général, et que de quelque façon qu'on le définisse, il se fonde par hypothèse sur le respect de la morale. Parler d'intérêt général, c'est parler de morale. Sinon le concept n'a pas de sens.
Il est maintenant manifeste que Donald Trump, de par son caractère, est profondément inapte à exercer des responsabilités politiques, à défendre l'intérêt général des Américains comme à occuper un poste aussi influent sur les relations entre les nations du monde entier.
Il faut bien comprendre qu'il y a là deux conceptions incompatibles qui s'opposent. Soit on défend l'intérêt général, et alors le respect de la morale est fondamental ; soit on récuse cette dernière, et alors c'est une lutte à mort de tous contre tous, où tous les coups sont permis.
Je ne suis pas sûr que les poutino-excusistes et autres admirateurs de Trump soient enchantés des conséquences si cette situation venait effectivement à se réaliser. Ce qui est, désormais, une possibilité tout à fait réelle.
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