mercredi 30 août 2023

POURQUOI VARIER SES PLAISIRS ? On se moque souvent de l'un des plus grands penseurs de tous les temps pour cette raison : Chaque jour, il faisait la même promenade, au point que certains réglaient leur montre sur son passage. Loin de me moquer de lui, je suis bien content pour lui : Sa promenade lui convenait et il ne voyait pas pourquoi il devrait changer d'itinéraire. Au fond, cette constance révélait à une grande aptitude au bonheur. Non seulement je ne suis pas un des plus grands penseurs de tous les temps, mais je ne suis même pas un tout petit philosophe. Et ma façon de vivre ne s'inspire pas de l'exemple kantien. Je repense à lui, en cet instant, en réfléchissant à la vie que je mène. Voici. Chaque soir, je me couche vers dix heures. Je m'endors en cinq minutes. Je dors huit heures sans insomnie et sans somnifère. Chaque matin, je vais prendre un café au plus important café dieppois, le café des Tribunaux, avec mon meilleur ami, avocat de son métier. Je reviens chez moi après un heure de conversation. Toute la journée, je lis ce que j'ai envie de lire et j'écris ce que j'ai envie d'écrire. Il m'arrive d'écouter France Culture, que j'éteins quand cela ne m'intéresse pas. Friand de diététique, j'ai réfléchi à mes trois repas par jour. Chaque lundi je mange pareil. Chaque mardi je mange pareil. Chaque mercredi je mange pareil. Chaque jeudi je mange pareil . Chaque vendredi je mange pareil. Chaque samedi je mange pareil. Chaque dimanche je mange pareil. J'aime tout ce que je mange et rien de ce que je mange n'est mauvais pour ma santé. Il va sans dire que je ne bois pas d'alcool, et ce n'est pas pour des raisons religieuses, mais parce que je n'aime le goût d'aucun alcool. Et n'aimant pas fumer, je ne fume pas. On devinera que je n'aurais pas l'idée saugrenue d'aller manger dans un restaurant. Ma vie et ma ville me convenant, je n'ai aucune envie d'aller en vacances, ni en France, ni à l'étran-ger. Je ne vais même pas en voiture à dix kilomètres de chez moi. Qu'irai-je faire à dix kilomètres que je ne peux pas faire dans ma ville ? Chaque après-midi, quand il ne pleut pas, je fais une promenade, une demi- heure durant, jusqu'au bout de la jetée – j'habite à Dieppe. Et je ferai demain ce que j'ai fait aujourd'hui. Mon armoire à pharmacie est vide. Et je ne me drogue pas. Me croira-t-on, si j'avance que je ne suis pas malheureux ?

lundi 28 août 2023

La France, comme Israël. Français, j'ai toujours voté à droite. Toute ma vie, les choses étaient claires et simples : l'électeur avait la choix entre le communisme, le socialisme, la droite et l'extrême droite. Je ne suis pas antisémite, mais philosémite et j'admire et je soutiens depuis toujours l'Etat d'Israël, qui a par bonheur un gouvernement représentatif. Est-ce le cas en Chine, en Iran, en Afghanistan ? Non. Les Israéliens ont le choix d'élire leurs représentants. En fonction des résultats, le gouvernement est parfois un peu plus à gauche ou un peu plus à droite. Pour l'instant, la droiite gouverne avec un homme qui n'est pas un nouveau venu et applique le programme qu'il avait annoncé. Au lieu de protester dans les rues, ses opposants devraient rentrer chez eux et attendre les prochaines élections. Les électeurs peuvent d'ailleurs encore préférer la droite la prochaine fois et les fois d'après. Tel est le gouvernement représententatif. J'ai dit que j'ai toujours voté à droite, mais je n'ai pas dit que j'avais voté à l'extrême droite. Sur Facebook, et sur plusieurs blogs influents, on m'a demandé plusieurs fois, ce que j'entendais par « extrême droite ». Cette façon de parler, manifestement, déplaît à certains. Elle me plaît. L'extrême droite, en France, en gros, et pour faire simple, c'est le lepénisme. Laissons de côté les groupuscules cagoulés. On m'objectera que M. Le Pen n'est pas Mme Le Pen. Certes , mais, sur l'essentiel, n'est-ce plus l'extrême droite ? Si ! La fille de M. Le Pen, très habilement, et contrairement à son père, a compris qu'on ne pouvait plus en France faire huer des hommes politiques connus comme Juifs dans les meetings, qu'on ne pouvait plus dire « Durafour crématoire » et qu'ainsi on ne serait plus d'extrême droite, C'est loin de suffire. On a mis des masques très épais, on s'est ripoliné, on s'est adouci, on s'est respectabilisé (Merci à Zemmour), on a parfois triangulé en reprenant des thèmes à l'extrême gauche (par exemple la retraite à soixante ans...), mais on reste l'extrême droite. On alimente les rumeurs les plus idiotes et les plus fausses sur la banque juive,M. Macron ayant travaillé quelque temps, comme Pompidou d'ailleurs, à la banque Rothschild. On encourage les calomnies d'après lesquelles ce président aurait été choisi par la Franc-maçonnerie. C'est un retour aux plus beaux temps du pétainisme (On se souvient du slogan d'alors, répété ad nauseam ,« judéo-maçonnique »). Eh bien non ! Le chef de l'Etat a été élu par une majorité d'électeurs, ni par la banque juive, ni par la franc-maçonnerie. Elu et réélu. Comme en Israël, nous sommes en France, par bonheur, dans une vraie démocratie et nous avons un gouvernement représentatif. Et je ne souhaite à mon pays ni le sort de la Chine, de l'Iran ou de l'Afghanistan.

dimanche 27 août 2023

VOIX. Je suis de très près l'actualité politique française. Et je me pique de reconnaître la voix de la plupart des commentateurs les plus fréquents. A la radio, je rate le début d'une émission où l'on a invité une dame dont je ne reconnais pas la voix. Pendant une heure, je me demande vingt fois, un peu agacé : « Mais qui est cette dame, mais qui est cette dame? » La fin de l'émission arrrive. Je vais enfin savoir le nom de la dame. Or, c'était un monsieur. Mon imagination n'allait pas jusque là.

samedi 26 août 2023

LE PEN FILLE. Sur le blog de Philippe Bilger, un commentateur écrit : « Marine Le Pen s’est déjà fait recaler trois fois, elle le sera une quatrième fois. » A peu près tous les gens que je rencontre répètent cela. Or, Le Pen père a commencé à 2%. Sa progression a été continue. Dans trois ans ,sa fille est certaine d'être au second tour et , la dernière fois, comme la fois d'avant, elle n' a pas dépassé l'actuel président, qui avait bien des séductions et bien des atouts. Celui qui sera face à elle la prochaine fois aura-t-il les mêmes séductions et les mêmes atouts ? Rien n'est moins sûr. Ce qui est le plus probable, à mon humble avis, est que la famille Le Pen accèdera au pouvoir en 2027
Langue française. Un Juif ou un juif ? Voici l'avis du dictionnaire de l'Académie française, dernière édition : « JUIF , JUIVE n. Personne descendant de l'ancien peuple d'Israël ; personne qui professe le judaïsme (dans les emplois où ce deuxième sens est prédominant , on ne met pas la majuscule). Les Juifs de France. Un juif pratiquant (…). » J'ajoute que dans l'énumération suivante « Les juifs, les chrétiens, les musulmans » , le mot « juifs » commence évidemment par une minuscule. Après que J'entends à la radio un général français dire « Après qu'il soit allé à Taïwan ». Or, «  après que » se construit avec l'indicatif ou le conditionnel (et non avec le subjonctif). Si « avant que »veut le subjonctif, c'est qu'il annonce un fait futur, donc éventuel, « après que » annonce un fait accompli, passé. Accaparer ou s'accaparer ? A l'imitation de « s'emparer de », certains disent « s'accaparer de ». C'est une incorrection. Il n'existe pas de forme pronominale pour ce verbe. Exemple dans le Littré : « Cet avocat accapare toutes les affaires. »
Post-scriptum à "Ma Palme d'or 2023". Un. La dame hallucinée qui a cru voir ce qu'elle n'a pas vu a cru devoir dire, en deux minutes, pour appuyer ses dires : "Je suis fonctionnaire !" Deux. Pour qui n'aurait pas vu ce (trop) long film quelconque, explication du titre : "Anatomie", car il s'agit d'un procès assez banal, et "chute", car toute la question du film est de savoir si un homme , en tombant du deuxième étage, s'est suicidé ou si, sa femme, assez grosse et sans beauté, l'a poussé dans le vide. Si les gens savaient cela, ils ne se précipiteraient pas au cinéma... et ils auraient bien raison, Palme d'or ou non.

jeudi 24 août 2023

Ma Palme d'or 2023 J'ai 78 ans. Traduisons : bientôt octogénaire. Je vais au cinéma une ou deux fois par an. La raison : le prix d'une place de cinéma équivaut à un mois d'abonnement sur Netflix, qui offre une infinité de films et de séries. J'ai hésité à y aller, ce 24 août, mais j'y suis allé. Dans un des deux cinémas de ma sous-préfecture, on offrait aux amateurs le film qui a obtenu la Palme d'or au dernier festival de Cannes, « Anatomie d'une chute » . J'ai acheté ma place en arrivant cinq minutes en retard. Ne supportant pas les luminaires qui se trouvent sur les murs latéraux, je ne mets généralement au premier ou ou au deuxième rang pour ne pas être ébloui ou gêné par ces éclairages. En me plaçant au milieu du deuxième rang, j'ai remarqué qu'une dame était au troisième rang derrière moi. Trouvant le son du cinéma trop fort, je viens avec en poche une boîte de boules Quies et ma première occupation est de sortir ma boîte et de mettre mes boules Quies. Ma deuxième occupation , bien que je sois mince, est de desserrer quand je suis assis ma ceinture d'un ou deux crans pour être tout à fait à l'aise. J'avais demandé à la caisse le durée du film : 2h 30 . Je m'étais exclamé. Je me préparais à un ...marathon. Le film était...moyen ; il ne restera pas dans l'histoire mondiale du cinéma. Palme d'or ? Le jury n'a rien trouvé de mieux ? Vu mon âge, et bien que n'ayant aucun cancer, j'ai des mictions fréquentes (prostate!). J'avais bu trop (d'eau) avant de venir, j'ai dû sortir pour aller aux toilettes une première fois. J'ai fouillé dans ma poche, pris ma boîte et remis mes boules Quies dedans , puis j'ai remis ma boîte dans ma poche. J'ai resserré ma ceinture avant de me lever. Et me suis dirigé vers les toilettes, près de la caisse. J'ai dit que le film durait deux heures et demie. A la deuxième heure, nouvelle envie de miction. Boite, boules Quies, ceinture... Cela m'a pris une ou deux minutes. La dame qui était derrière moi m'avait précédé vivement (elle a dû foncer) et je suis tombé sur elle devant la caisse et les toilettes. Elle avait ameuté la caissière et le responsable de la salle. Et elle a déclaré en me montrant : « Ce monsieur était en train de se masturber ! »J'ai répliqué : « Madame, j'ai 78 ans, je dois aller aux toilettes pour des raisons de prostate, et vous m'avez vu fouiller dans ma poche , car j'y mets des boules Quies."  Réponse de la dame : « Je l'ai vu ! » Elle : « Allons à la police ! ». « Madame, vous fantasmez ! C'est incroyable ! » La dame : « Moi, fantasmer ! retirez ce mot ! Je vous ai vu.» Le responsable de la salle a déclaré ne pas vouloir prendre parti, a invité la dame a rentrer par une porte et moi par une autre. J'ai vu la fin de ce film moyen non pas au deuxième rang, mais plus loin. Voilà le récit de ma Palme d'or 2023. Je crois que je vais continuer à regarder des films sur Netflix. !
L'avis de Nicolas Sarkozy. Dans un entretien accordé au « Figaro magazine », l'ancien président de la République, Nicolas Sarkozy, s'est exprimé sur la situation politique actuelle en Israël : « En Israël, la gauche perd dans les urnes, mais elle veut gagner dans la rue. C'est curieux de reprocher à Netanyahou de vouloir mettre en œuvre son projet ! » Je partage l'avis de Nicolas Sarkozy.

mercredi 23 août 2023

mardi 22 août 2023

Sur le blog de Philippe Bilger, une commentatrice s'adrese à un commentateur en ces termes :  « Vous n'êtes pas assez civilisé, c'est pourquoi le mot « diplomatie » n'évoque rien pour vous. Vous êtes de ces barbares qui jouissent du crime, de la mort, de la souffrance, de la douleur, et pour que cela soit admissible, vous justifiez le crime ultime par le crime ultime. Civilisation, ce mot il faudrait vous le faire expliquer par votre mère, ou par une autre femme de votre entourage. Civilisation, c'est un truc à la con qui fait d'un homoncule, un homme. »
« (En voiture) on s'expose à la mort, ou au crime, à chaque instant. » (Jacques Chardonne, lettre à Matthieu Galey, 1961)
Commentaire publié sur le blog de Philippe Bilger. Je le redis sans ambages : Le Pen fille, hélas hélas hélas, sera la prochaine présidente de la République. Vous passez en revue ses concurrents éventuels. Première série : Piolle, Autain, Faure, Rousssel, Delga, Ruffin, Bernard Cazeneuve, Mélenchon. Voici mon avis. Piolle : Connais pas. Autain : N'a pas le niveau Faure : Ectoplasmique Roussel : Le PCF, c'est fini. Faire le sympa ne suffit pas. Delga : Connais pas Ruffin : Serait très bien pour animer une grève dans un supermarché du Nord, mais... : Bertrand Cazeneuve : A les qualités requises, mais de là à susciter l'enthousiasme de la moitié des électeurs... Mélenchon : On ne connaît que lui, mais ses excès et ses hystéries l'ont disqualifié. Deuxième série : Darmanin, Edouard Philippe, Le Maire, Wauquiez, Lisnard, Xavier Bertrand, Castex. Darmanin : Le favori et le chouchou de Sarkozy. Edouard Philippe : Le mieux placé dans les sondages. Le Maire : A les compétences, mais comme Bernard Cazeneuve, de là à susciter l'enthousiasme de la moitié des électeurs ... Wauquiez : Le grand espoir de son camp, mais, à force de faire le discret, on sort du tableau. Lisnard : Connais pas. Xavier Bertrand : A montré ses limites et sans charisme. Castex : Grotesque. Il s'agit de la présidentielle, pas d'une cantonale.

lundi 21 août 2023

Françoise Dolto disait : « L'alcoolisme est une conduite de désespoir. » Oui. Et fumer des cigarettes est une des façons de prouver que l'on est malheureux.

vendredi 18 août 2023

Les fondements nazis de l’œuvre de Heidegger1 En 1998, il y a sept ans, la Régionale Paris-Créteil-Versailles de l’Association des professeurs de philosophie de l’enseignement public m’avait convié à présenter mon livre sur Philosophie et perfection de l’homme. De la Renaissance à Descartes. La conférence, ainsi que le débat qui avait suivi, avaient été ensuite publiés dans L’Enseignement philosophique. A travers mes recherches sur Descartes et la Renaissance, je m’étais interrogé sur ce qui caractérise en propre le mode de pensée du philosophe, dans sa relation à la question de l’homme : cette confiance dans ses capacités naturelles à s’accomplir de lui-même qui avait conduit les penseurs humanistes et Descartes lui-même à parler d’hominis perfectio, de perfection de l’homme. Aujourd’hui, le sujet dont nous allons discuter est tout autre. Il s’agit en effet d’une œuvre, celle de Martin Heidegger, dont le rapport à la philosophie apparaît aujourd’hui, à la lumière de la publication en cours de son œuvre dite intégrale ou Gesamtausgabe, particulièrement problématique. Il y a de longues années que je m’interroge sur l’œuvre de Martin Heidegger et les effets de son herméneutique sur notre conception de l’histoire de la philosophie, notamment dans les études cartésiennes. Il y a cinq ans, alerté par les textes particulièrement odieux qui venaient d’être publiés au tome 16 de la Gesamtausgabe (désormais GA), et qui excèdent de loin ce que l’on pouvait lire jusqu’alors d’après la publication ancienne de Guido Schneeberger, j’ai repris l’examen de fond de l’œuvre de Heidegger. Ma surprise a été considérable de voir que son hitlérisme n’était pas seulement le fait de discours et de conférences ouvertement « politiques », mais qu’il constituait la trame explicite d’un nombre considérable de ses cours. Ce n’est pas seulement comme recteur, mais aussi comme enseignant, comme professeur de philosophie, que Heidegger s’est mis corps et âme au service de la diffusion du nazisme. La signification du travail critique sur Heidegger effectué dans mon livre ne peut donc se comprendre que si l’on part de la réalité actuelle de son œuvre. Non plus seulement des ouvrages et des traductions le plus souvent édulcorés, publiés en France et ailleurs depuis cinquante ans, mais des 66 volumes aujourd’hui parus en allemand dans la Gesamtausgabe. On y découvre que sous des titres à l’apparence philosophique : La question fondamentale de la philosophie, De l’essence de la vérité, Logique, il a enseigné à ses étudiants en philosophie la doctrine même de l’hitlérisme, avec sa conception raciste et völkisch de la suprématie de « l’essence allemande », son exaltation de la Weltanschauung ou vision du monde du Führer et sa référence à la « voix du sang » et à l’hérédité du sang (das Geblüt). Le nazisme de Heidegger n’est donc pas limité à quelques discours de circonstance. Il s’inscrit au cœur de son enseignement et cela tout au long des années 1933 à 1944. En outre, loin d’avoir pris quelque distance avec ces cours, il a prévu leur publication dans son œuvre : les cours de 1933 à 1944 représentent en effet aujourd’hui 20 volumes de la Gesamtausgabe. J’ai donc voulu savoir jusqu’où était allée cette imprégnation nazie, et j’ai découvert, outre les volumes récemment parus, un certain nombre de textes inédits, dont deux séminaires des années 1933- 1935, qui apportent un éclairage encore plus radical sur cette question. Le texte qui va le plus loin, c’est le séminaire à proprement parler hitlérien, qui s’intitule Sur l’essence et les concepts de nature, d’histoire et d’État, que j’étudie et édite partiellement au chapitre 5 de mon livre. Mais le second séminaire inédit, celui sur Hegel et l’État, apporte également des éléments entièrement nouveaux. J’ai 1 On trouvera ici le texte rédigé pour la conférence prononcée le 14 mai 2005 salle Cavaillès, et non la transcription de la conférence prononcée, avec ses improvisations orales, car le texte eût été beaucoup plus long. porté ces textes inédits à la connaissance du public, pour que l’on prenne enfin conscience de la nécessité d’un réexamen d’ensemble de l’œuvre de Heidegger et de ses fondements. Puisque j’ai évoqué la genèse de mon livre, j’ajouterai le point suivant : la question directrice de ma recherche n’a pas été au départ celle du national-socialisme de Heidegger, mais celle de sa conception de l’homme. C’est à mesure que je progressais vers les fondements de son œuvre, que j’ai pu mesurer à quel point le national-socialisme y était inscrit. Dès lors, il m’est apparu qu’il était impossible de faire la part de l’idéologie et celle de la philosophie. Peut-on en effet sérieusement envisager de prendre un à un les 66 volumes parus de la Gesamtausgabe et de former deux piles : à droite, les ouvrages qui seraient de la pure idéologie nazie, à gauche, ceux qui pourraient-être considérés comme relevant de la philosophie ? Heidegger lui-même a conçu sa Gesamtausgabe comme un tout. Il en a dressé le plan de façon à ce que les cours les plus ouvertement hitlériens paraissent lorsqu’il n’aurait plus à en répondre, qu’ils prennent place au cœur même de l’œuvre, sans aucune réserve ni repentir, et c’est tout cet ensemble qu’il a légué comme son œuvre, pour les générations à venir. Par ailleurs, les études que j’ai pu faire sur le national-socialisme m’ont convaincu qu’il constitue à proprement parler moins une idéologie qu’un mouvement (Bewegung). Certes, le national-socialisme comprend un noyau d’invariants : le racisme, l’antisémitisme, l’affirmation de la supériorité radicale de l’essence, de la langue et de l’esprit allemand, la volonté d’expansion de l’espace vital par la colonisation, l’asservissement et même l’extermination totale des peuples dits inférieurs et de tous ceux qui sont identifiés comme l’ennemi. Mais ces invariants sont tour à tour affirmés ou au contraire édulcorés et passés à l’arrière-plan selon les circonstances et les rapports de force. On connaît par exemple les discours de paix du Führer dans les premières années qui ont suivi sa prise du pouvoir, alors même qu’il ne songe qu’au réarmement de l’Allemagne. La puissance d’adaptation du « mouvement » est une réalité qu’il faut toujours avoir présente à l’esprit. Or c’est comme « mouvement » que Heidegger fait l’éloge du national-socialisme dans son cours de 1935, où il exalte « la vérité interne et la grandeur de ce mouvement » (die innere Wahrheit und Größe dieser Bewegung). Ce point est capital pour comprendre l’évolution des relations entre l’œuvre de Heidegger et le mouvement national-socialiste, et pour devenir plus conscient des stratégies d’euphémisation de son discours qu’il a su mettre en œuvre, tout d’abord dans les années 1920, puis après la défaite nazie de 1945. On le voit ainsi, à la fin des années 1940, dans une lettre inédite à Ernst Jünger conservée à Marbach, affirmer, à propos d’un aphorisme de Rivarol, que le « mouvement » se continue dans le « repos ». 1. La signification politique de Etre et temps, à la lumière des cours récemment publiés Mes recherches ont également porté sur les années 1920, des conférences de 1925 intitulées Le combat actuel pour une vision du monde historique à Etre et temps publié en 1927. J’ai découvert l’importance des liens intellectuels qui unissent alors Heidegger à des auteurs racistes et pré-nazis comme Erich Rothacker, Alfred Baeumler, Oskar Becker, et même le raciologue Ludwig Clauß, à qui Heidegger aurait confié : « ce que je pense, je le dirai lorsque je serai professeur ordinaire ». Il faut désormais tenir compte de ce contexte pour comprendre les affirmations de Etre et temps comme le fameux § 74 (p.384) sur l’historicité où Heidegger déclare que le Dasein n’advient comme destin commun (als Geschick) qu’en tant que communauté, peuple. L’identification du Dasein authentique à la Gemeinschaft et au Volk se trouve donc bien affirmée dès 1927 dans Etre et temps. Et je pense avoir apporté, au premier chapitre de mon livre, suffisamment d’éléments pour que l’on puisse procéder aujourd’hui à un réexamen approfondi de Etre et temps. Par ailleurs, les cours actuellement publiés des années 1933-34 nous révèlent que Heidegger n’a repris, dans son livre sur Kant de 1929, la question « qu’est-ce que l’homme ? » que pour la transformer, dans ses cours et écrits des années 1930, en la question « qui sommes-nous ? », à quoi il répond : « nous sommes le peuple », le seul à avoir encore une « histoire » et un « destin völkisch ». Ce peuple, Heidegger l’entend en effet de manière völkisch, c’est-à-dire, selon ses propres termes, comme souche (Stamm) et comme race (Rasse). Il s’agit pour lui de réaliser une « mutation totale » dans l’existence de l’homme, selon « l’éducation pour la vision du monde national-socialiste » inculquée dans le peuple par les discours du Führer (GA 36/37, 225). Peut-on sérieusement considérer qu’il s’agit d’un égarement politique passager, ne remettant pas en cause la valeur de Etre et temps? Ce serait aller contre les affirmations les plus explicites de Heidegger lui-même. On le voit en effet expliquer en 1934 à ses étudiants que « le souci – terme le plus central de Être et temps – est la condition de possibilité pour que l’homme puisse être d’une essence politique » (ibid., p.218). Heidegger déclare à cette date – un an après la venue au pouvoir du mouvement national-socialiste – que « nous-même », c’est-à-dire le peuple allemand réuni sous la Führung hitlérienne, nous tenons « dans une décision encore plus grande » que celle qui avait été à l’origine de la philosophie grecque ! Cette décision, précise-t-il, « a été portée à l’expression dans mon livre Etre et temps ». Il s’agit, ajoute-t-il, « d’une croyance qui doit se manifester à travers l’histoire » et concerne « l’histoire spirituelle de notre peuple » (ibid., p.255). Au fondement de l’œuvre de Heidegger, ce que l’on trouve, ce n’est donc pas une pensée philosophique, mais la croyance (Glaube) völkisch en la supériorité ontologique d’un peuple et d’une souche – le terme völkisch désignant, dans le langage nazi, la conception du peuple comme unité de sang et de race, avec « une forte connotation antisémite » selon le dictionnaire Grimm. A vrai dire, une lecture attentive des paragraphes de Etre et temps sur la mort et sur l’historicité, avec leur éloge du sacrifice, du choix du héros et du destin authentique du Dasein qui s’accomplit comme communauté et peuple, montre que cette croyance était déjà à l’œuvre en 1927. Avec Heidegger, la question de l’homme est donc devenue une question völkisch. C’est en ce sens que j’ai pu parler d’une volonté d’introduire le nazisme dans la philosophie Certes, aucune philosophie ne peut s’accorder avec l’entreprise d’extermination de l’être humain vers laquelle tendait ce mouvement. Je ne veux donc pas dire que Heidegger aurait produit une philosophie national-socialiste, mais qu’il n’a pas hésité à utiliser des expressions philosophiques telles que « vérité de l’être » ou « essence de l’homme » pour leur faire dire tout autre chose. 2. L’identification de l’être à l’État et la discussion de Carl Schmitt dans les deux séminaires inédits des années 1933-1935 Les cours récemment publiés ne sont pas les seuls textes où l’enseignement de Heidegger se révèle imprégné d’hitlérisme. Comme je l’ai indiqué, il existe en outre ses séminaires inédits. Or c’est dans le premier de ces séminaires que l’on voit le mieux l’intensité de son hitlérisme. Dans le séminaire de l’hiver 1933-34, les trois dernières séances portent sur l’essence et le concept d’État. Devant un auditoire sélectionné par lui, et dont on sait, par le témoignage de Georg Picht, qu’une part importante de ses étudiants porte l’uniforme de la SA ou de la SS, il dispense ce qu’il nomme un cours d’« éducation politique », en vue de former une « noblesse politique » au service du IIIe Reich. Or c’est le fondement même de toute la doctrine heideggérienne qui est impliqué dans cet enseignement de politique hitlérienne : il identifie en effet la relation ontologique entre l’être et l’étant à la relation politique entre l’État et le peuple ! Il déclare en effet que « l’État est à son peuple ce que l’être est à l’étant ». Il s’agit, dit-il, d’introduire dans l’âme du peuple l’eros, pour l’État du Führer. Il s’agit, exactement comme dans État, mouvement, peuple – le plus radicalement national-socialiste des livres de Carl Schmitt –, de tout rapporter au « lien vivant », d’essence raciale, qui unit le Führer à son peuple. L’identification heideggérienne de l’être à l’État völkisch, à l’État du Führer, est totale: il affirme en effet, dans la conclusion de son séminaire, que « l’État est la réalité la plus réelle qui doit donner à la totalité de l’être un sens nouveau, un sens originel ». En outre, il serait difficile de trouver une exaltation plus radicale de la domination totale de l’hitlérisme sur les esprits. Après avoir fait l’éloge du « destin völkisch » et de l’eros du peuple pour l’État du Führer, on voit ainsi Heidegger décrire comment « l’essence et la supériorité du Führer se sont enfoncés dans l’être, dans l’âme du peuple pour le lier originellement et passionnément à la tâche ». La croyance dont il faisait état dans ses cours conduit dans ce séminaire à une possession totale de l’être humain, subjugué corps et âme par la Führung hitlérienne. Dans l’autre séminaire inédit, que je publie partiellement au chapitre 8 de mon livre, on le voit affirmer, en 1935, que l’État national-socialiste doit encore durer au-delà des 100 années à venir. Son but à cette date est donc d’assurer la pérennité du IIIe Reich sur le très long terme. Dans ces deux séminaires, on le voit évoquer explicitement Carl Schmitt et son concept du politique : selon lui, la discrimination de Schmitt entre l’ami et l’ennemi n’est pas assez originaire. Comme Alfred Baeumler, Heidegger rapporte le politique à l’affirmation de soi (Selbstbehauptung) d’un peuple et d’une race. Il peut ainsi affirmer que son concept du politique est originaire et celui de Schmitt simplement dérivé. On ne peut pas dire pour autant que Heidegger rejette la doctrine de Schmitt, puisqu’il conserve sa discrimination ami/ennemi et que l’on sait, par sa lettre à Schmitt du 22 août 1933, qu’il espérait la « collaboration décisive » de Schmitt dans la nazification de la Faculté de droit de Fribourg. On ne peut pas davantage parler d’un approfondissement philosophique, car le concept d’affirmation de soi, repris à Spengler, Baeumler et au discours de rectorat, est trivial. Les mots de Heidegger sur Schmitt sont en réalité l’expression d’une lutte dans le national-socialisme pour asseoir sa suprématie, pour s’affirmer comme le véritable Führer spirituel du mouvement. 3. La légitimation de la sélection raciale dans les années 1939-1942, et la perversion du mot « métaphysique » Les analyses de mon livre ne s’en tiennent pas aux années 1933-1935. J’ai longtemps pensé que cette période représentait le moment culminant dans le nazisme de Heidegger. En réalité, mes recherches m’ont fait prendre conscience que la période 1939-1942 était bien plus noire encore. Ce sont en effet la « sélection raciale » et la « pensée de la race », qui vont devenir un thème directeur dans les cours sur Nietzsche tels qu’ils sont réédités dans l’œuvre dite intégrale ; dans un texte de 1939-40 intitulé Koinon (GA 69) ; et dans les écrits sur Jünger tout récemment parus (Zu Ernst Jünger, GA 90). Heidegger va jusqu’à affirmer que « la sélection raciale est métaphysiquement nécessaire », que la « pensée de la race jaillit de l’expérience de l’être comme subjectivité », et il n’hésite pas à parler, dans ce contexte, de « l’essence non encore purifiée des Allemands ». En quelque sens qu’il prenne dans ces textes le mot « métaphysique » – il désigne pour lui à cette date la détermination historique de la totalité de l’étant comme puissance –, on ne peut pas nier qu’il s’agit, non pas d’une approbation morale, puisque Heidegger se situe ouvertement, à la suite de Nietzsche, en dehors de tout jugement moral, mais bien d’une forme de légitimation ontologique et historique du racisme nazi. D’ailleurs, le mot Legitimation est alors au centre de sa réflexion sur le nietzschéisme de Jünger (cf. par exemple GA 90, 170). Il faut, pour comprendre ce que Heidegger a en tête, se reporter aux cours plus récemment parus dans l’œuvre dite intégrale, et non au Nietzsche de 1961, où il avait modifié le texte de ses cours pour les rendre plus acceptables. J’ai ainsi découvert que le cours de mai-juin 1940 sur Le nihilisme européen, prononcé au moment de l’invasion de la France par les armées nazies, se concluait en réalité sur l’exaltation de « la "motorisation" totale - c'est-à-dire ici radicalement fondamentale - de la Wehrmacht » : elle constitue pour lui « un acte métaphysique qui, à n'en pas douter, surpasse en profondeur la suppression de la "philosophie" » dans l’enseignement (GA 48, 333) ! Que l’enseignement de la philosophie soit supprimé est donc pour lui tout à fait secondaire. Ce qui importe et représente selon lui un acte métaphysique, impliquant la détermination de la totalité de l’étant comme puissance inconditionnelle et comme volonté de domination planétaire, c’est que la motorisation de la Wehrmacht ait permis la victoire éclair de juin 1940. L’usage du mot « métaphysique » à propos de la Wehrmacht et de la politique raciale n’est donc pas un usage philosophique, mais militaro-politique et, en un mot, nazi. La stratégie de Heidegger, qui lui a si bien réussi, notamment dans sa réception française, a consisté à retourner son discours sur le nihilisme et la métaphysique après la défaite du nazisme, connue dès Stalingrad comme quasiment certaine, et consommée en 1945. C’est là son seul véritable « tournant » (Kehre), et il est stratégique. Dans son cours sur Schelling de 1936, il prononce en effet un éloge explicite de Mussolini et de Hitler, qu’il présente comme « les deux hommes qui ont déclenché des contre-mouvements [au nihilisme] en Europe à partir de l’organisation politique de la nation, c’est- à-dire du peuple » (GA 42, 40-41). Il est donc clair que le national-socialisme ne coïncide nullement pour lui avec le nihilisme, mais constitue au contraire un contre-mouvement au nihilisme européen. Par ailleurs, comme nous l’avons vu, au début des années 1940, l’adjectif « métaphysique » a encore pour lui une signification largement positive. Certes, il parle déjà, en reprenant un motif que l’on peut qualifier de néo-hégélien, d’un accomplissement ou même d’un dépassement de la métaphysique, mais il n’identifie pas, comme il le fera après 1945, la totalité de la métaphysique au nihilisme. Dans ses textes sur Jünger de la même époque, tout récemment publiés au tome 90 de la Gesamtausgabe, c’est d’ailleurs moins le nihilisme qui préoccupe Heidegger, que ce qu’il nomme « la prochaine zone de décision », où « la lutte porte uniquement sur la puissance mondiale ». Et il précise que « la décision consiste avant tout à savoir si les « empires » démocratiques (Angleterre, Amérique) demeurent capables de puissance ou si la dictature impériale de l’armement absolu pour l’armement [formule qui désigne le IIIe Reich] devient capable de puissance » (GA 90, 221). Qu’est-ce qui est en jeu dans cette lutte du IIIe Reich pour la domination mondiale ? Ce que Heidegger nomme « la force de l’essence non encore purifiée des Allemands » (GA 90, 222). Et cette « force », il la relie à ce qu’il nomme une « nouvelle vérité de l’être ». Il ne s’agit donc pas seulement d’assurer la domination du Reich hitlérien : il s’agit également d’avancer vers la purification de l’essence des Allemands. C’est dans ce contexte que, dans les années 1940-1942, Heidegger parsème ses écrits de déclarations légitimant la sélection raciale et exaltant ce qu’il nomme la « pensée de la race » et « l’être-race » (Rasse-sein). A cette date, la métaphysique n’est nullement chargée de tous les maux comme cela sera le cas après qu’il ait pris conscience de la défaite imminente du IIIe Reich. Il faut donc souligner l’ambivalence du discours heideggérien sur la métaphysique : une ambivalence qui ne cesse de croître, de 1936 à 1942. D’un côté, le thème de l’accomplissement de la métaphysique permet de légitimer comme ontologiquement et historiquement nécessaire tout ce qui découle, selon Heidegger, de l’identification de la « totalité de l’étant » à la puissance : la motorisation de la Wehrmacht, la sélection raciale et la purification à venir de l’essence des Allemands. De l’autre, la différence ontologique entre l’être et l’étant permet de récuser toute détermination du mot « être » et de maintenir la plus grande indétermination sur les fondements de la doctrine heideggérienne, de sorte qu’ils échappent aux prises de la critique. Mais revenons au passage du cours sur La métaphysique de Nietzsche de 1941 où il est question de la sélection raciale. Heidegger élève la sélection de la race au niveau d’une pensée, en soulignant les mots principe et pensée. Il écrit en effet ceci : « C’est seulement là où la subjectivité inconditionnée de la volonté de puissance devient vérité de l’étant dans sa totalité que le principe de l’institution d’une sélection raciale, c’est-à-dire non pas une simple formation de race se développant à partir d’elle-même, mais la pensée de la race se sachant elle-même, est possible, c’est-à-dire métaphysiquement nécessaire. (GA 50, 56-57 ; Nietzsche II, p.309). Nous devons bien prendre conscience de ce que signifie cette phrase. Heidegger soutient que toute l’histoire de la philosophie moderne de Descartes à Nietzsche, entendue par lui comme une « métaphysique de la subjectivité », culmine dans la sélection raciale telle qu’elle est alors très concrètement mise en œuvre, de façon radicalement meurtrière, dans le nazisme. C’est dans le même esprit que Heidegger présente, dans son écrit de la même époque intitulé Koinon, la sélection raciale comme « jaillie de l’expérience de l’être comme subjectivité » (GA 69, 70). Cette légitimation historique et ontologique du racisme national-socialiste est doublement intolérable : elle compromet radicalement toute la philosophie moderne à partir de Descartes, alors que rien, chez l’auteur des Méditations, n’annonce de près ou de loin le racisme nazi, et elle donne à la sélection raciale la légitimité d’une « pensée », au moment où l’extermination des juifs polonais dans les territoires conquis par le IIIe Reich est déjà mise en œuvre. Précisons en outre que le passage du cours sur Nietzsche d’où est extrait la phrase légitimant la « pensée de la race », est d’une tonalité toute positive et nullement critique. Heidegger évoque ainsi la « richesse de la suprême possibilité du commandement » « à partir des décisions les plus simples », puis, au paragraphe suivant, il prononcé un éloge de l’essence authentique du « gigantesque » et du « grand style ». Heidegger entend donc bien ici légitimer et non pas récuser le racisme nazi. C’est là un point capital, qui a bien été relevé par Kurt Flasch2 . 4. Pourquoi la critique heideggérienne du « biologisme » ne constitue nullement une prise de distance à l’égard du racisme nazi Pour tenter de faire passer sa légitimation soit-disant ‘métaphysique’ du racisme, Heidegger a ajouté, dans le Nietzsche de 1961, une phrase qui ne se trouvait pas dans le cours rédigé en 1941 et réédité en 1986 dans la Gesamtausgabe (GA 48). Dans cette phrase ajoutée, il oppose le métaphysique au biologique : Pas plus que la volonté de puissance n’est biologiquement conçue, alors qu’elle l’est bien plutôt ontologiquement, pas plus la pensée de la race de Nietzsche n’a une signification biologique, mais métaphysique. (Nietzsche II, p.309). Jacques Derrida s’était à juste titre inquiété de cette phrase : en effet, avait-il demandé, « une métaphysique de la race » est-elle « plus grave ou moins grave qu’un naturalisme ou un biologisme de la race » 3 . Malheureusement, il avait laissé cette question en suspens et n’était plus revenu sur ce point capital, depuis lors négligé par les commentateurs. 2 « Faye macht seine Landsleute darauf aufmerksam, dass Heidegger unter dem Eindruck der Siege der deutschen Panzerarmeen in Frankreich erklärte, die Motorisierung der Wehrmacht sei ein « metaphysischer Vorgang ». In Heideggers Text zur Nietzschevorlesung im Winter 1941/42 steht der Satz, Rassenzüchtung sei « metaphysisch notwendig ». Nun kan man streiten, was Heidegger « metaphysisch notwendig » heißt. Nach Kritik am Nationalsozialismus klingen solche Sätze nicht ». Kurt Flasch, « Er war ein nationalsozialistische Philosoph. Mit Emmanuel Fayes Buch gibt es eine neue, notwendige Debatte über den braunen Faden in Martin Heideggers Denken », Süddeutsche Zeitung, 14 juin 2005, p.16. 3 Jacques Derrida, Heidegger et la question. De l’esprit et autres essais, Paris, 1990, p.93. Aujourd’hui, les raisons de cette addition apparaissent clairement : pour rendre acceptable ses affirmations sur la « sélection raciale », Heidegger a voulu faire croire en 1961 qu’il prenait quelque distance avec le racisme nazi. En réalité, ses réserves à l’égard du biologisme ne correspondent nullement à une distance prise à l’égard du national-socialisme. En effet, ce qu’il critique à travers ce qu’il nomme la « biologie libérale », ce n’est nullement le racisme nazi mais le darwinisme anglo- saxon, qu’il rejette comme procédant d’un mode de pensée « libéral », qui part de l’individu et non de la communauté. Heidegger ne rejette nullement pour autant ce qu’il nomme la « nouvelle biologie », qui s’appuie sur des notions telles que le « monde environnant » (Umwelt), la « figure » (Gestalt) ou la « tenue » (Haltung). Ce ne sont pas ces termes pris en eux-mêmes qui sont en cause, mais leur usage perverti lorsqu’ils sont intégrés dans une perspective raciale, comme c’est le cas pour l’Umwelt chez des auteurs comme Ludwig Clauß et Jakob Uexküll, pour la Gestalt avec Ernst Jünger, ou la Haltung avec Erich Rothacker. Il faut savoir en outre que les différentes conceptions de la race qui s’opposent entre elles dans le nazisme ne se réduisent nullement à des thèses « biologiques » : Hitler lui-même, dans son discours sur la race au congrès de Nuremberg de l’année 1933, définit la race par l’esprit4 , et Heidegger, exactement comme le ‘philosophe’ nazi Alfred Baeumler, allie le sang à l’esprit dans sa conception de la souche (Stamm) et de la race (Rasse). Il est significatif à cet égard de voir Heidegger faire crédit à Baeumler d’avoir proposé une interprétation non biologisante de Nietzsche, et cela dans un cours où il recommande par ailleurs à ses étudiants la « judicieuse postface de Baeumler » à la Volonté de puissance, postface dans laquelle il n’est question que de race. Bref, la discussion heideggérienne du « biologique », ne constitue en aucune façon une récusation du racisme. Heidegger élève, au contraire, le racisme hitlérien à la dignité d’une doctrine ontologique, et la situe ainsi à un niveau où aucune réfutation scientifique n’est désormais possible. 5. Après 1945 : le négationnisme ontologique des Conférences de Brême C’est uniquement après 1945, particulièrement dans les Conférences de Brême de 1949, que Heidegger fait de l’extension planétaire du « nihilisme » sous la domination de la technique le thème dominant de ses écrits. Il retourne alors son discours pour affirmer désormais que la Seconde guerre mondiale n’a rien décidé (voir par exemple la conclusion de sa conférence du 27 juin 1945 sur « la pauvreté »), et rapporter au « même » (das Selbe) l’agriculture motorisée et les camps d’anéantissement ! La responsabilité du nazisme est diluée et masquée dans une mondialisation des approches où les ravages des années les plus noires du XXe siècle sont imputés, non pas à la folie criminelle des dirigeants nazis, mais à la philosophie occidentale tout entière, rendue responsable de l’arraisonnement de la terre par la technique planétarisée. C’est un retour au langage de l’indétermination nébuleuse avec l’attente du « dernier dieu », et l’identification bien tardive du nihilisme et de la technique planétaire. En procédant ainsi, Heidegger ne manifeste en aucune façon la lucidité d’un « grand penseur », mais au contraire une volonté de destruction de la vérité historique et philosophique, qui est extrêmement grave. Son discours d’après guerre, en effet, comme je le montre dans le dernier chapitre de mon livre, va directement inspirer l’entreprise révisionniste d’un Ernst Nolte, qui fut d’abord un proche et resta un disciple. En outre, la diabolisation de la technique va susciter les discours apocalyptiques sur le nihilisme contemporain, qui n’hésitent pas à situer la violence dans l’être même et font de l’humanité le jouet de puissances qui la dépassent. Enfin, la dimension de pensée de la 4 Sur les doctrines hitlérienne et national-socialistes de la race, voir la remarquable étude d’Arthur Comte et Cornelia Essner, La quête de la race, Paris 1995. technique, enrichie de l’apport successif des philosophes, d’Aristote à l’homo faber de Bergson, est totalement méconnue. Après que Heidegger ait été frappé d’interdiction de toute activité universitaire à cause de son nazisme, sa stratégie de « retour » 5 exigerait une autre étude. Cependant, ses propos sur les camps d’anéantissement dans deux passages des Conférences de Brême donnent le ton de cette dernière période et prouvent l’existence d’une relation intime entre son œuvre et la forme la plus radicale possible de négationnisme, celui qui atteint l’être même des victimes. Je voudrais donc revenir sur les Conférences de Brême rédigées par Heidegger en 1949. Il existe un premier passage (publié pour la première fois en français par Philippe Lacoue-Labarthe), où, de manière insoutenable, Heidegger rapporte au même l’agriculture motorisée et la fabrication de cadavres dans les chambres à gaz et les camps d’anéantissement. Le second, un peu moins connu, demande si ceux qui ont péri dans les camps d’anéantissement peuvent-être dits être morts. Non sans pathos, il demande à trois reprises : Sterben Sie ? « Meurent-ils ? » Ce passage est extrait d’une conférence intitulée « Le Danger », que Heidegger s’est gardé de publier de son vivant. Il semble même, si l’on en croit le témoignage de Heinrich Wiegang Petzet, qu’il ne l’a pas prononcée en 1949. Que veut dire Heidegger ? Certains commentateurs s’efforcent de justifier ses développements en les interprétant comme s’il s’agissait des pages de la Dialectique négative dans lesquelles Theodor Adorno montre, à propos d’Auschwitz, comment l’individu est dépossédé de sa mort. Mais Heidegger dit tout autre chose. Il s’attarde à peine sur les conditions de l’anéantissement des victimes. Ce qu’il soutient, c’est, de manière extrêmement obscure et nébuleuse, que « l’homme peut mourir si et seulement si l’être lui-même approprie l’essence de l’homme dans l’essence de l’être à partir de la vérité de son essence ». Que comprendre à ce jargon, où le mot « essence » (Wesen) est répété trois fois ? Que l’homme ne peut mourir, ne peut être dénommé le mortel, que s’il est par essence dans l’abri de l’essence de l’être et si son essence « aime l’essence de la mort ». On voit donc bien que ce ne sont pas les conditions de la mort qui dépossèdent l’homme du pouvoir de mourir, mais une radicale défection d’essence pour celui qui n’est pas dans l’abri de l’être. Or, les textes du début des années 1940 que je publie et analyse dans ce même chapitre 9, montrent que l’essence, chez Heidegger comme chez son disciple et interlocuteur Oskar Becker, a une signification raciale. On le voit bien dans les textes de 1940 où il est question de « l’être-race » (Rassesein) et de « l’essence non encore purifiée des Allemands ». C’est pourquoi cette conférence de Brème est insoutenable. Ce que Heidegger veut dire, c’est que les victimes des camps d’extermination ne pouvaient pas mourir parce qu’ils n’étaient pas, dans leur essence, des mortels : ils n’aimaient pas suffisamment la mort, ils n’étaient pas dans la garde de l’être. Derrière cela, il y a toute la conception nazie de la mort comme Opfer, comme sacrifice de l’individu à la communauté, que l’on trouve déjà annoncée dans Etre et temps6 , et célébrée par Heidegger le 26 mai 1933, dans son discours exaltant Albert-Leo Schlageter, fusillé en 1926 et érigé en héros par les nationaux-socialistes. « Mourir pour le peuple allemand et pour son Reich », c’est, affirme Heidegger, mourir de la mort la plus dure et la plus grande (GA 16, 759-760). Mais ceux qui ont péri dans les camps d’anéantissements, ils sont, dit-il, grausig ungestorben : « horriblement non-morts » (GA 79, 56). Ils ne sont pas morts, ils ne pouvaient même pas mourir, ils n’étaient pas des mortels. C’est pourquoi j’ai parlé d’un négationnisme ontologique, qui s’en prend à l’être même des victimes. 5 Dans son Glossarium, Carl Schmitt parle ironiquement du « come-back » de Heidegger. 6 Voir à ce propos les analyses de Theodor Adorno, Jargon der Eigentlichkeit. Zur deutschen Ideologie , Francfort, Suhrkamp, 1965, p.110 ; trad. fr., p.133 La philosophie a pour vocation de servir l’accomplissement de l’homme et non sa destruction. Or Heidegger, par le principe völkisch et raciste dont il procède explicitement, détruit l’homme dans son être même. Et de manière profondément perverse, il impute à la philosophie elle-même la responsabilité des dérives totalitaires de l’époque moderne. Les principes radicalement discriminatoires et racistes – l’identification de « l’ennemi » à l’Asiatique ; l’appel à l’anéantissement total (völlige Vernichtung) de ce même ennemi, enté sur la racine de l’existence du peuple (GA 36/37, 91) – sur lesquels repose l’œuvre de Heidegger, obligent à une complète remise en question du statut de cette œuvre. Elle n’est pas, dans ses fondements, une philosophie, mais une tentative de destruction de la philosophie. C’est donc le rôle du philosophe que de mettre à jour, par des recherches bien plus approfondies, la signification réelle de ces écrits. C’est là une tâche essentielle pour la pensée actuelle.
Langue française. Espèce « Espèce » est du féminin ; par conséquent, on doit dire « une espèce de fou » (et non « un espèce de fou »). L'accord de l'attribut se fait toutefois avec le nom complément : « Une espèce de fou est entré chez elle. » Prononciation Quand « oe » n'est pas suivi de la lettre « u », on doit prononcer « é ». C'est le cas dans «Oedipe », « oesophage », « oenologue », « oedème » … « Quoique » et « quoi que » « Quoique » (en un seul mot) est une conjonction qui signifie « bien que ». Ne pas la confondre avec « quoi que » (en deux mots), qui signifie « quelle que soit la chose que ». Ex. « Quoi que vous fassiez, il est maintenant trop tard .»
Y A-T-IL UNE PRESSE ECRITE MACRONISTE ? J'avais scribouillé quelques lignes voilà peu en divers endroits sur le nouveau JDD, dirigé par Geoffroy Lejeune. Je n'y reviens pas et je n'ai pas changé d'avis. Sur Facebook, où j'ai 3900 correspondants (baptisés « amis » par Facebook), l'un d'eux, avec qui j'ai eu des échanges plusieurs années sur divers sujets (philosophiques, littéraires, sociétaux) commente ce que j'ai écrit par ces mots : « Une feuille de chou macroniste en moins ». Je lui ai répondu : « Elles ne sont pas légion. » Mais c'est pour moi l'occasion de m'interroger. Y a-t-il une presse écrite macroniste ? J'avoue ne pas savoir que répondre. Pour plusieurs raisons. La principale est que je suis loin d'acheter et de lire toute la presse française. La seconde est que je suis bien embarrassé pour déclarer que tel grand quotidien national ou tel grand hebdo national serait macroniste. La situation de la presse française est, il faut le dire, assez différente de ce qu'elle est en Corée du Nord, en Russie, en Chine...Chez nous la presse pro-gouvernenemtale, loin d'être majoritaire, est étrangement ultra-minoritaire. C'est un des charmes de la démocratie. Je reviens à ma question. Je ne peux pas y répondre. Je lance donc un appel à tous mes correspondants, s'ils ont des informations sérieuses là-dessus. Qui aurait la gentillesse de bien vouloir me signaler un grand quotidien national macroniste et/ou un grand hebdo national macroniste ? J'attends impatiemment vos réponses. Si nul ne me répond, j'aurais à conjecturer qu'il n'y pas de presse écrite macroniste en 2023.

dimanche 13 août 2023

LE NOUVEAU JDD. 2 rappels préalables pour qui aurait vécu dans une grotte loin de tout depuis quelques années. Le plus à la droite de la droite des hebdos français les plus connus, Le Nouvel Observateur, Marianne, L'Express, Le Point..., était « Valeurs actuelles ». Et de toutes les chaînes télé d'info en continu, Franceinfo, BFM, LCI... , la plus à droite de la droite (zemmouro-lepéniste) est CNews. Fin des rappels. L'hebdo dominical , Le JDD, a été en grève six semaines, car la rédaction protestait par la décision de mettre à sa tête Geoffroy Lejeune (de Valeurs actuelles). La rédaction a perdu. La grève a cessé. Et le JDD a reparu dimanche dernier, très allégé, grâce à quelques amis de Geoffroy Lejeune. J'ai racheté, ce dimanche 13 août Le JDD ...pour voir. J'ai vu. Une page pour Pascal Praud de CNews, une page pour Bock-Côté (de CNews),une page pour Charlotte d'Ornellas (de CNews et Valeurs actuelles), une page pour Raphael Stainville (de Valeurs actuelles)... La cause est entendue. Le nouveu JDD est une, purement et simplement, annexe de CNews et de Valeurs actuelles. Je n'achèterai plus le JDD.

vendredi 11 août 2023

https://www.gouvernement.fr/tousuniscontrelahaine-ce-que-dit-la-loi-4046
TRUMP ET POUTINE. Lisant mon journal au café, j'entends assez distraitement deux voisins converser. Soudain, je n'en crois pas mes oreilles, j'entends l'un d'eux dire : « J'aime Trump et Poutine . » Je sursaute et...continue ma lecture. Ne le connaissant pas, je ne lui ai pas demandé pourquoi il aimait Trump et Poutine. Je suis demeuré très surpris qu'un Français puisse dire cela. Certes,on me dit qu'à l'extrême droite il y a des gens qui aiment ou admirent l'un ou l'autre de ces deux-là, ou les deux à la fois. Je ne connais pas leurs (mauvaises) raisons. Suis-je surpris que Poutine ait nombre d'admiurateurs en Russie ? Non. Dans ce genre de régime politique, tout est très bien organisé pour que le peuple suive son chef. Sous Staline, il devait y avoir des millions de staliniiens. Sous Hitler, en Allemagne, il devait y avoir des millions d'hitlériens. On peut d'ailleurs voir des documentaires d'époque et observer des foules enthousiastes et hypnotisées. Je suis beaucoup plus surpris par le succès de Trump. Comme tout le monde ou presque en France , je ne pensais pas qu'il serait élu.Il a été élu. Bien des sondages nous disent qu'il sera peut-être réélu.Cette fois, je ne comprends plus du tout. Pour Hilter, Staline, et Poutine, tous les médias étaient et sont cadenassés et la propagande est unilatérale. Mais pour Trump et les Etats-Unis, où mille journaux, mille télés, mille nuances existent, comment comprendre que la moitié des Américains puisssent encore revoter pour un tel homme ? Enigme totale, pour moi.
Réponse à un contradicteur. Sur le blog de Philippe Bilger, j'avais écrit un commentaire. J'approuvais le projet gouvernemental de dissoudre le parti politIque Civitas dans lequel un des animateurs demandait publiquement, sous les applaudissements de ses partisans, que l'on retire la nationalité française aux juifs français. Je rappelais que l'antisémitisme n'est pas une opinion, mais un délit. Un contradicteur, sous un nom d'emprunt, écrit une longue diatribe contre moi en me déclarant  « gauchiste , pour avoir dit ce que j'ai dit.Je viens de lui répondre ceci : La loi des Etats-Unis permet d'émettre n'importe quelle opinion (éventuellement une opinion hitlérienne). La loi française n'autorise pas d'opinion raciste (antisémite par exemple) et la considère donc comme un délit. Libre à vous de considérer nos législateurs comme "gauchistes" (mot que vous employez assez à l'étourdie). Quant à moi, j'essaie de respecter toutes nos lois et j'approuve cette loi, en la préférant à la loi nord-américaine. Pour vous, c'est l'inverse. Nous différons de ce point de vue. Et vous n'avez pas raison.

mercredi 9 août 2023

Fable, Jean de La Fontaine, Le Vieillard et les Trois Jeunes Hommes, Livre XI, fable 8 LE VIEILLARD ET LES TROIS JEUNES HOMMES Un octogénaire plantait. (1) Passe encor de bâtir ; mais planter à cet âge ! Disaient trois Jouvenceaux, enfants du voisinage ; Assurément il radotait. ....... ...... Car au nom des Dieux, je vous prie, Quel fruit de ce labeur pouvez-vous recueillir ? Autant qu'un patriarche il vous faudrait vieillir. À quoi bon charger votre vie Des soins d'un avenir qui n'est pas fait pour vous ? Ne songez désormais qu'à vos erreurs passées : Quittez le long espoir et les vastes pensées ; Tout cela ne convient qu'à nous. Il ne convient pas à vous-mêmes, Repartit le Vieillard. Tout établissement (2) Vient tard et dure peu. La main des Parques blêmes De vos jours et des miens se joue également. Nos termes(3) sont pareils par leur courte durée. Qui de nous des clartés de la voûte azurée Doit jouir le dernier ? Est-il aucun moment Qui vous puisse assurer d'un second seulement ? Mes arrière-neveux me devront cet ombrage : Hé bien défendez-vous au Sage De se donner des soins pour le plaisir d'autrui ? Cela même est un fruit que je goûte aujourd'hui : J'en puis jouir demain, et quelques jours encore ; Je puis enfin compter l'aurore Plus d'une fois sur vos tombeaux. Le Vieillard eut raison ; l'un des trois Jouvenceaux Se noya dès le port allant à l'Amérique. L'autre, afin de monter aux grandes dignités, Dans les emplois de Mars servant la République, (4) Par un coup imprévu vit ses jours emportés. Le troisième tomba d'un arbre Que lui-même il voulut enter ; (5) Et pleurés du Vieillard, il grava sur leur marbre Ce que je viens de raconter. (1) faisait planter (2) tout ce que l'homme établit (3) les limites de notre existence (4) l'État (5) greffer
IL FAUT DISSOUDRE LE PARTI POLITIQUE  CIVITAS . Le mouvement Civitas à visées religieuses, est devenu parti politique en 2016. Il a présenté des candidats aux législatives en 2017. Qu'il ait des choix religieux qui ne sont pas majoritaires dans le catholicisme est son droit le plus strict en France . L'ennui principal est l'antisémitisme de Civitas, qui n'est pas admissisble. L'un de ses animateurs, Pierre Hillard, a osé publiquement appeler à la déchéance de nationalité pour les Français de confession juive. Ce proche de l'antisémite professionnel Alain Soral a été applaudi pour cette proposition par des membres de Civitas. Rappelons à Pierre Hillard et à Civitas que l'antisémitisme n'est pas une opinion, mais un délit. Il faut dissoudre ce parti politique.

mardi 8 août 2023

Gauchistes et fascistes , en France (2023) De nos jours, en France, bien des gens emploient les mots « gauchistes » et « fascistes » (ou « fachos ») de manière intempestive. A gauche, bien des gens croient voir des fascistes (ou des fachos) partout. A droite, bien des gens croient voir des gauchistes partout. Or, ces deux mots ne devraient être employés qu'à bon escient. M.Zemmour et Mme Le Pen ne sont pas fascistes, ne sont pas nazis ; ils sont d'extrême droite, tout en refusant de le dire. Il ne rime à rien de les déclarer fascistes. J'ai dit qu'à droite, bien des gens croient voir des gauchistes partout. Autre erreur de langage. Je ferai observer à ces gens que « gauchiste » ne veut absolument pas dire « de gauche ». Est-ce que MM. Badinter et Fabius étaient « gauchistes » ? Non. En France, le terme « gauchiste », par exemple en mai 68, désignait divers groupuscules ( trotskistes, maoïstes, etc.), situés à l'extrême gauche.Il y a toujours, hélas, des gauchistes en France. Une dernière chose. Ayant parlé d' « extrême droite », quelqu'un me classe parmi les gauchistes ! C'est un comble ! Ce serait dire que je serais d'extrême gauche. L'extrême droite est l'extrême droite et remarquer l'existence d'une extrême droite n'est pas signer son appartenance à l'extrême gauche, autrement dit au gauchisme

dimanche 6 août 2023

Réponse à Pascal Praud. Après la très longue grève de la rédaction du « JDD », cet hebdo reparaît ce dimanche 6 août. Rappel pour qui aurait vécu dans une grotte, loin de tout, pendant toutes ces semaines. Apprenant la désignation de Geoffroy Lejeune, venu de « Valeurs actuelles », pour diriger le « JDD », les rédacteurs ont refusé de travailler pour tenter d'annuler cette décision. Ils n'ont pas réussi et Geoffroy Lejeune dirige bien ce journal. On trouvera son nom en caractères microscopiques dans l'ours de l'hebdo, ce jour. J'ai voulu acheter ce nouveau « JDD », pour voir ce que cela donnait. Outre des articles divers, qui ne m'inspirent aucun commentaire, je tombe sur une tribune de...Pascal Praud. Pour tous ceux qui vivent dans une grotte loin de tout, je rappelle ceci : Pascal Praud anime deux émissions de débats sur CNews, chaîne d'information continue appartenant à Vincent Bolloré, seul milliardaire français à donner une orientation d'extrême droite à ses médias (radio et télés), au point mëme de prendre le gouvernement et le président Macron comme têtes de Turc. Les animateurs de débats sur CNews ont reçu la consigne de Bolloré d'aller dans ce sens . Et chacun s'en convaincra en écoutant CNews un jour toute la journée. Pour ma part, je ne choisis plus cette chaîne de télé et j'en écoute d'autres, tellement cette propagande est flagrante et insupportable. Dans sa tribune, Pascal Praud va , on le devinera, dans le sens de Geoffroy Lejeune, de « Valeurs actuelles », de Vincent Bolloré et continue dans le sens qui est le sien sur CNews. Je n'entends pas résumer son texte. Je ne veux que m'arrêter sur l'une de ses affirmations. Il ne craint pas de dire ceci : Pour les adversaires de Geoffroy Lejeune, de « Valeurs actuelles », de CNews et...de lui-même, tout ce qui serait « à droite de Mélenchon » serait d'extrême droite. Que penser de cette affirmation ? C'est tout simplement un mensonge énormissime. Entre Mélenchon, qui est d'extrême gauche, et l'extrême droite française (Zemmour-Le Pen), il y a la gauche, le centre et la droite, autrement dit une importante quantité de nuances politiques. En particulier, nul n'aurait l'idée saugrenue de considérer comme d'extrême droite le président Macron et son gouvernement. Conclusion. Pascal Praud raconte des craques. Et par cette tribune, il veut tout simplement complaire à son patron, Vincent Bolloré. Il est d'ailleurs tellement soumis à son employeur qu'il a fini par accpter de quitter RTL, pour aller, comme son patron le lui demandait avec insistance à Europe 1, autre média bollorisé.

samedi 5 août 2023

Le Pipotron Trois heures du matin et plus que quatre heures pour terminer ce rapport pour avant-hier dernier délai, et accessoirement prendre du repos. Heureusement, le projet est bien avancé et il ne reste pratiquement plus que l'introduction et la conclusion à parachever, seules parties de l'ouvrage sûres d'être lues. Mais voilà, l'inspiration a disparu avec les derniers rayons du soleil et ce n'est pas cette mixture verdâtre vendue pour du café qui va être d'un grand secours. Heureusement, Cyber!Campus a le remède à ce problème cyclique : le Pipotron. Son fonctionnement est simple : soit on sélectionne manuellement des bouts de phrase, soit on laisse le Pipotron agir... Avec la situation présente, il convient de s'intéresser à toutes les solutions envisageables. AvecConsidérantOù que nous mèneEu égard àVuEn ce qui concerneDans le cas particulier deQuelle que soitDu fait deTant que durera la situationla conjoncturela crisel'inertiel'impassel'extrémitéla dégradation des moeursla sinistrosela dualité de la situationla baisse de confiance présenteactuellequi nous occupequi est la nôtreinduiteconjoncturellecontemporainede cette fin de sièclede la sociétéde ces derniers temps il convient deil fauton se doit deil est préférable deil serait intéressant deil ne faut pas négliger deon ne peut se passer deil est nécessaire deil serait bon deil faut de toute urgence étudierexaminerne pas négligerprendre en considérationanticiperimaginerse préoccuper des'intéresser àavoir à l'espritse remémorer toutes leschacune desla majorité destoutes lesl'ensemble desla somme desla totalité desla globalité destoutes lescertaines solutionsissuesproblématiquesvoiesalternativessolutionsissuesproblématiquesvoiesalternatives envisageablespossiblesdéjà en notre possessions'offrant à nousde bon sensenvisageablespossiblesdéjà en notre possessions'offrant à nousde bon sens
« Si on ne voulait qu’être heureux, cela serait bientôt fait. Mais on veut être plus heureux que les autres, et cela est presque toujours difficile parce que nous croyons les autres plus heureux qu’ils ne sont. »(Montesqieu)