vendredi 7 mars 2025

TRUMP-POUTINE (suite). Le même commentateur du blog de Philippe Bilger écrit aussi ceci: : Je viens de prendre connaissance de l'article que Françoise Thom a consacré, sur Desk Russie, à l'entreprise d'humiliation de Zelensky par les chefs mafieux de Washington. C'est à lire, plus que jamais. Nous avons écrit le même jour, et nos analyses se rejoignent. Elle aussi pense qu'il s'agissait d'un traquenard prémédité : "La plupart des observateurs s’accordent pour estimer que la séance de flagellation du président Zelensky dans le Bureau ovale le 28 février ne fut pas le résultat d’un clash impromptu entre l’Américain caractériel et l’indomptable Zelensky, mais qu’un traquenard avait été tendu au président ukrainien, probablement par le vice-président américain J. D. Vance, davantage capable de mettre en œuvre un plan élaboré que l’imprévisible Donald Trump. Cependant, ce lynchage public a toutes les marques d’une opération spéciale élaborée dans les murs du Kremlin." Elle aussi souligne le caractère mafieux de l'opération : "On distingue sans peine à travers l’acharnement des sous-traitants américains du président russe la volonté de Poutine d’écraser son adversaire comme un truand noie dans le béton celui qui lui a fait perdre la face." Elle note elle aussi "la présence d’un journaliste russe" dans le Bureau ovale, souligne "le désarmement unilatéral des États-Unis, qui démantèlent allègrement tous les organismes chargés de les protéger des ingérences extérieures – CIA, FBI – et qui secouent le Pentagone par des purges". Les parallèles historiques sautent aux yeux : "On a beaucoup évoqué Munich 1938 ces derniers temps. L’analogie avec le pacte Ribbentrop-Molotov d’août 1939 est plus juste." Son analyse du rôle du mensonge dans le verbe trumpiste est magistrale : "Comme le régime communiste, le pouvoir trumpien s’est créé une mythologie fondatrice mensongère à laquelle tout fonctionnaire est forcé d’adhérer. Le mensonge n’a pas pour fonction de convaincre. Il est là pour signifier la toute-puissance du régime, qui peut se permettre impunément de braver la vérité, qui peut contraindre le citoyen à dire le faux en violant sa conscience." Le mensonge est un rite de passage, un signe d'allégeance. De même que dans la mafia, il faut prouver sa loyauté en commettant un assassinat sur commande, de même, participer à la diffusion du mensonge officiel vaut admission dans la secte trumpiste : "Le mensonge est une souillure de l’âme. Celui qui a participé au mensonge ressemble à celui qui a été mordu par un vampire : il n’a plus qu’un désir, en contaminer d’autres avec son mal, entraîner d’autres dans sa chute, de manière à ne pas demeurer seul en tête à tête avec son avilissement. L’administration Trump est pleine de ces demi-zombies que le sentiment de leur déchéance rend surnaturellement agressifs." La passion du mensonge trahit la préférence pour le mal : "Comme les hommes du Kremlin, le président Trump et ses acolytes ne craignent pas d’étaler leur ignominie au grand jour. L’affichage décomplexé de leur turpitude est à leurs yeux l’indice de leur toute-puissance." Comme en Russie, le culte de la personnalité s'organise : "Le régime en train de se mettre en place aux États-Unis présente beaucoup de similarités avec un régime communiste. On a déjà un culte de la personnalité. « Un homme comme Trump n’apparaît qu’une ou deux fois dans l’histoire d’un pays. Nous voulons Trump ! » s’exclame Steve Bannon, l’idéologue du mouvement MAGA." "Le secrétaire d’État Marc Rubio n’ose pas ouvrir la bouche sans se référer aux sages instructions de son président, un peu comme un garde rouge maoïste citait les Pensées du Grand Timonier. On a déjà un crime de lèse-majesté : c’est précisément de cela que l’infortuné Zelensky a été accusé par l’apparatchik jdanovien J. D. Vance, accusations reprises en choeur par les sénateurs serviles." C'est en effet frappant. Quiconque écoute hommes politiques et journalistes inféodés au pouvoir, à Washington comme à Moscou, entend les mêmes formules : "Comme l'a dit le président Trump"... "Ce n'est pas moi qui décide, je ne suis qu'un humble vermisseau, c'est le président Trump qui mène les négociations"... "Le président Trump a bien dit que s'il avait été au pouvoir, l'invasion de l'Ukraine n'aurait jamais eu lieu"... (ceci est censé être un argument ; un fait imaginaire a la même valeur probante qu'un fait réel). "Comme le dit Vladimir Vladimirovitch"... "C'est le président Poutine qui mène les opérations militaires"... "Sans Poutine, la Russie n'existerait pas" (authentique). On a entendu la même servilité envers Staline, envers Hitler, envers Franco... "Le Congrès [américain] ressemble à la Douma poutinienne", fait remarquer Françoise Thom, "c’est devenu une chambre d’enregistrement où chacun rivalise d’obséquiosité en présence du chef." "Le député républicain Andy Ogles vient de déposer au Congrès une résolution autorisant de prolonger la durée du mandat présidentiel de huit à douze ans, ce qui signifie que, si la résolution était adoptée, Trump pourrait rester en fonction jusqu’en janvier 2033, date à laquelle il aurait 86 ans." Poutine a fait la même chose. L'abruti Donald Trump croit que Poutine l'honore de son admiration, mais il est en réalité son jouet : "Ivres de leur sentiment d’impunité, Trump et Vance ne comprennent pas qu’eux-mêmes sont tombés dans un piège tendu par Poutine. Car le but de ce dernier est de faire la démonstration que la Russie a soumis les États-Unis, puisque les dirigeants américains ont adopté son langage et ses manières. Trump et Vance croyaient arracher une capitulation à Zelensky. En réalité, ils signaient publiquement celle des États-Unis devant la Russie." Autre signe stupéfiant de la poutinisation de l'Amérique, qui n'est pas mentionné dans cet article : la bigoterie théocratique des nouveaux dirigeants, leur exploitation à des fins politiciennes d'une version hérétique, dévoyée et superstitieuse du christianisme. Le nouveau ministre des Affaires étrangères des États-Unis, Marco Rubio, se donne en spectacle de façon grotesque, lors d'une interview sur Fox News, en arborant une croix dessinée sur le front. Les gazettes nous apprennent, avec leur cuistrerie habituelle, que "les catholiques se font marquer une croix de cendres sur le front le mercredi des Cendres", mais je n'ai jamais vu un catholique s'exhiber en public de la sorte - ne parlons pas d'un ministre de la première puissance mondiale passant à la télévision. Il y a une indécence, une inculture, une arrogance dans ce geste qui coupe le souffle. En Russie, les popes orthodoxes inféodés au KGB bénissent les missiles, et Poutine se prévaut d'un confesseur personnel, comme les rois. Aux États-Unis, Trump s'adresse aux participants d'une réunion politique en disant : "Mes beaux chrétiens" ("My beautiful Christians"). Quel authentique chrétien, s'adressant à une congrégation, s'exprimerait ainsi ? Ne parlons pas du "christianisme" de Donald Trump, qui se vante d'attraper les femmes par leur anatomie, et entretient une longue amitié avec l'esclavagiste sexuel Jeffrey Epstein ; ni de celui de Vladimir Poutine, qui fait exploser des centaines de ses compatriotes dans leur sommeil en attribuant les attentats aux Tchétchènes, dans le seul but de se faire élire.

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