mercredi 23 février 2022

POUTINE Un commentateur du blog de Philippe Bilger écrit ceci :  Pour comprendre Poutine, il faut adopter la méthode psychologique. Moyennant quoi, contrairement à ce que prétend une sous-littérature ("Qui est donc le mystérieux Monsieur Poutine ?"), il est très facile à comprendre. Premièrement : c'est un espion du KGB. C'était son rêve d'enfant, il l'a réalisé, et il n'a jamais cessé de l'être. Autrement dit, ce n'est pas un espion ordinaire : c'est le représentant d'une police politique ayant procédé à des massacres innombrables au service d'une idéologie totalitaire. Il a entièrement embrassé la mentalité correspondante, et il ne l'a jamais abandonnée. Deuxièmement : c'est un bandit. Au sens le plus littéral du terme. C'est un voyou, un délinquant, un professionnel du crime organisé. Il l'était déjà dans sa mentalité, du temps de son enfance (bagarreur, etc.) ; il l'est devenu concrètement dès qu'il a accédé aux responsabilités. Bien avant de devenir président. Lorsqu'il était maire adjoint de Saint-Pétersbourg, ses administrés n'avaient rien à manger du fait de l'effondrement économique. Un représentant de la municipalité a été envoyé en Allemagne, pour négocier l'échange de denrées alimentaires contre du pétrole. Poutine est parti sur ses traces, l'a court-circuité, a obtenu le ravitaillement demandé... et les Pétersbourgeois n'en ont jamais vu la couleur. Ce fut le premier pas du pillage systématique de la Russie qui lui a permis de devenir l'un des hommes les plus riches du monde. Comment croire qu'il soit possible de négocier avec un homme capable d'affamer son propre peuple pour s'enrichir ? Ce profil psychologique terrifiant coïncide exactement avec la mission qui lui a été confiée par l'histoire. Quand le KGB a compris que l'URSS allait s'effondrer, il fut chargé de mettre à l'abri les richesses du pays. Les chefs de la police politique sont donc devenus, en secret, propriétaires de fait de la Russie : usines, pétrole... Petit détail : ils étaient certes des assassins professionnels, mais ils étaient aux ordres du Parti communiste. Qui devait, dictature ou pas, composer avec les réalités de la politique. Intérieure et internationale. Une fois l'URSS disparue, le Parti a été interdit. Le KGB, lui, est resté. Et il a pris le pouvoir. Pour être certain de le conserver, il l'a délégué à l'un des siens : Vladimir Poutine. Une bande de voleurs et d'assassins professionnels, dépourvus de tout frein moral et de tout obstacle institutionnel, a donc pris les pleins pouvoirs à la tête de la première puissance nucléaire du monde. Forcément, ça allait bien se passer... Troisième trait de caractère de Poutine, qui découle des deux autres : c'est un menteur professionnel. Un as de la dissimulation. Un homme qui ne tient jamais sa parole. Cette qualité essentielle de l'espion et du bandit, Poutine la maîtrise à la perfection. On l'a vue à l'œuvre ces jours derniers : un jour il utilise l'expression la plus obscène qui soit pour dire que l'Ukraine sera bien obligée d'appliquer les accords de Minsk, quelques jours plus tard il reconnaît l'indépendance des enclaves séparatistes, ce qui aboutit à renier les accords de Minsk. Un jour il promet qu'il n'a nullement l'intention d'envahir l'Ukraine, quelques jours plus tard il donne l'ordre à l'armée russe d'envahir l'Ukraine. Et qu'on ne me dise pas que le mensonge et le revirement sont l'ordinaire des hommes politiques. Nous sommes bien au-delà, dans un monde parallèle fait d'une histoire inventée et de menaces imaginaires, où aucune parole ne tient, aucun traité n'est crédible. Dans ces conditions, qu'est-il possible de faire ? Pas grand'chose, sinon ce qu'avait préconisé l'ambassadeur américain George Kennan au début de la guerre froide : le containment. Application simultanée de la force, toujours, et de la diplomatie, quand c'est possible. Ne pas se faire d'illusions. Attendre que ça se passe. Il ne faut, bien sûr, pas céder à la tentation de la repentance. Ni celle, sincère et bien intentionnée, des authentiques russologues qui assurent que l'Occident a trop forcé sa main après la chute de l'URSS (dont George Kennan, curieusement). Ni celle, de mauvaise foi et masochiste, des poutino-lécheurs qui se frottent les mains au vu des revers américains. Croit-on sérieusement que, si l'OTAN n'avait pas émis, en 2008, une vague promesse d'admission de l'Ukraine dans un futur non précisé, les couinements poutiniens auraient été moins stridents ? Croit-on sérieusement que si la Pologne n'avait pas été admise dans l'OTAN, Poutine n'aurait pas cultivé son obsession d'asservissement de l'Ukraine ? S'il n'y avait pas eu l'OTAN, il aurait trouvé autre chose. Seul l'art consommé de la dissimulation pratiqué par Poutine permet à d'insondables naïfs (dans le meilleur des cas) de s'imaginer que si seulement l'Occident "lui tendait la main", alors il "fendrait l'armure" et nous embrasserait sur la bouche / bouterait les Sarrasins hors du 93 / donnerait la fessée aux communistes chinois. La main, nous l'avons tendue cent fois. Nous n'avons reçu que des claques en retour. Ajoutons à cela que sur le tard, Vladimir Poutine manifeste les symptômes du vieux fou qui délire. Il s'enferme dans un autoritarisme croissant. Il n'écoute plus personne, hormis quelques très proches qui lui disent ce qu'il a envie d'entendre. Ses propos font sérieusement douter de sa santé mentale. Même physiquement, la dégradation est patente: l'immense chef d'État "qui chasse l'ours torse nu" est avachi sur son fauteuil, son visage est grimaçant, il s'abîme dans le sarcasme et dans l'insulte.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire