lundi 31 juillet 2023
CORRECTEURS.
Un de mes profs de fac, Alexis Philonenko, reçu premier à l'agrégation de philosophie, disait parfois : « On devrait élever des statues aux traducteurs. » Oui. A mon humble avis, on devrait aussi élever des statues aux correcteurs. Tous les journaux, toutes les maisons d'édition, n'ont pas toujours les moyens de s'offrir leurs services...indispensables. Pour être correcteur, il faut avoir une connaissance approfondie de sa langue. Peu la possèdent. Leur nom n' est pas connu et il faut faire de longues recherches parfois pour parvenir à les identifier.
Il y a une vingtaine d'années, je correspondais régulièrement avec un correcteur d'un grand quotidien national . Après ces longs échanges,il eut la gentillesse de m'envoyer le fascicule qu'il avait rédigé pour signaler toutes les fautes d'orthographe à éviter et toutes les diffcultés que les membres de la rédaction pouvaient rencontrer. C'était une merveille, qui aurait mérité une beaucoup plus large diffusion.
Récemment, passionné par le français et ses difficultés, j'ai voulu rendre service en signalant un certain nombre de fautes de français qui déparaient excellent texte écrit par une sommité universitaire sur un sujet où j'en savais cent fois moins que lui. Il me fut aimablement répondu qu'on ne corrigeait pas un tel immense universitaire. J'accorde que le CV de cette sommité et le mien ne sont pas vraiment les mêmes. Mais le savoir est une chose et la connaissance du français en est une autre. Nul ne devrait être vexé qu'on lui signale des erreurs de langue, des inadvertances, des imperfections formelles. Et nul n'est omniscient. Comment le nier ?
samedi 29 juillet 2023
En 2020 , j'avais mis sur la presse les citations sur la presse que j'avais notées en lisant.Les voici :
PRESSE
Lisez les gazettes, tout y est surprenant comme dans un roman. (Voltaire,1759)
*
Il devrait être défendu aux journalistes de parler d un ouvrage, bon ou mauvais, lorsqu ils n ont rien à en dire. (Melchior Grimm)
*
La liberté de la presse n existe pas, si elle n est pas illimitée. (Stanislas Fréron, 1794)
*
La presse, c est la parole à l état de foudre. (Chateaubriand)
*
Une gazette est une tribune. (Chateaubriand, 1816)
*
La multitude étant médiocre, mensongère et méchante, est amoureuse des journaux. (Vigny)
*
La presse est une bouche forcée d être toujours ouverte et de parler toujours. De la vient qu' elle dit mille fois plus qu elle n a à dire. (Vigny,1834)
' *
La Bruyère n'aurait pas été journaliste parce qu'il méditait sérieusement sur la moindre phrase. (Vigny, 1842)
*
Si tous les journaux s accordent à louer quelqu un, c est qu ils sont gagnés ou vendus. (Scribe)
*
Chaque feuilleton devient une chaire ; chaque journaliste, un prédicateur ; il n y manque que la tonsure et le petit collet. Le temps est à la pluie et à l homélie. (Théophile Gautier, 1834)
*
Le journal tue le livre, comme le livre a tué l architecture. (Gautier)
*
S abonner à quelques rédacteurs est bien plus utile que s abonner à quelques journaux. (Balzac)
*
Le lecteur apporte un sou, la publicité apporte un sou. (Emile de Girardin, 1842)
*
Les trois premières pages d un journal sont l origine de tous les troubles. (Louis Reybaud, 1842)
*
Le journalisme, ce forum universel et quotidien des passions du peuple.
(Lamartine)
*
Ces notes sont destinées à dire ce que les journaux ne disent pas. (Hugo, 1846)
*
La souveraineté du peuple, le suffrage universel, la liberté de la presse, sont trois choses identiques, ou, pour mieux dire, c est la même chose sous trois noms différents. (Hugo, 1850)
*
La presse a succédé au catéchisme dans le gouvernement du monde. Après le pape, le papier. (Hugo)
*
A toute diminution de la liberté de la presse correspond une diminution de civilisation. (Hugo)
*
Une calomnie dans les journaux, c est de l herbe dans un pré. Les journaux sont d un beau vert. (Hugo)
*
Sans la presse, nuit profonde. (Hugo, 1862)
*
Le diamètre de la presse, c'est le diamètre même de la civilisation. (Hugo, 1862)
*
Une revue est un journal réfléchi. (Lacordaire, 1856)
*
La presse est la tribune de tous. (Paul Andral, 1860)
*
La presse est une école d abrutissement. (Flaubert)
*
Je regarde comme un des bonheurs de ma vie de ne pas écrire dans les journaux. Il en coûte à ma bourse - mais ma conscience s en trouve bien. (Flaubert, 1866)
*
Tout journal, de la première ligne à la dernière , n est qu un tissu d horreurs. (Baudelaire)
*
Je ne comprends pas qu une main pure puisse toucher un journal sans une convulsion de dégoût. (Baudelaire)
*
Cette feuille de papier d un jour, le journal : l ennemi instinctif du livre, comme la putain de la femme honnête. (Goncourt, 1858)
*
La presse me dégoûte. (Barbey d Aurevilly)
*
Les journaux, ces boutiques de bruit. (Barbey d Aurevilly, 1858)
*
Quel touche-à-tout que le journalisme ! (Barbey d Aurevilly)
*
Les journaux sont les chemins de fer du mensonge. (Barbey d Aurevilly)
*
Dans le journalisme, l honnête homme est celui qui se fait payer l opinion qu il a ; le malhonnête, celui qu on paie pour avoir l opinion qu il n a pas. (Goncourt, 1863)
*
Imaginez tels ou tels journaux rédigés par des gens de génie : comme la vente baisserait ! (Veuillot, 1866)
*
Un journal est la meilleure forme que je sache pour l exposition de la vérité. (Renan)
*
Les journalistes, jadis, c étaient les prophètes. (Renan)
*
Un de ces intrépides observateurs qui écrivent sous les balles, « chroniquent » sous les boulets, et pour lesquels tous les périls sont des bonnes fortunes. (Jules Verne, 1874)
*
Cet homme (Flaubert) si féroce, qui parlait de pendre tous les journalistes, était ému aux larmes, dès que le dernier des plumitifs faisait sur lui un bout d'article. (Zola, 1881)
*
Il m a lâché, parce qu il avait besoin de valeter ou de putasser au Figaro . (Bloy, 1893)
*
Mon rédacteur en chef souffre cruellement d être eunuque et ne me le pardonne pas. (Bloy, 1893)
*
Ces agences de prostitution et de blasphème, connues sous le nom de journaux... (Bloy, 1894)
*
(Les journalistes) On les vomit et après les avoir vomis, on les réavale avec fureur pour les déféquer. (Bloy, 1903)
*
Le journal supprime peu à peu le livre. (Henri de Régnier, 1894)
*
L' ignoble feuille dont tu parles est un égout d'empoisonnement public.(Zola)
*
Homère est nouveau ce matin et rien n est peut-être aussi vieux que le journal d aujourd hui. (Péguy)
*
Il y a vraiment un gouvernement des journaux. (Péguy, 1901)
*
Les journalistes veulent cumuler tous les privilèges de l autorité avec tous les droits de la liberté. (Péguy, 1901)
*
Un article de journal est forcément un raccourci. (Péguy, 1903)
*
Les articles de journaux ne sont plus guère aujourd hui que des morceaux de programmes de partis. (Péguy)
*
Messieurs les rédacteurs sont priés de ne pas partir avant d être arrivés.
(Pancarte mise par Clemenceau dans la salle de rédaction de l Aurore, 1903)
*
(Dans le journalisme) Je ne sache pas qu un beau talent s y soit jamais gâté. (Anatole France)
*
La presse fuit la pensée. (Romain Rolland, 1909)
*
Les gens voient tout par leur journal. (Proust)
*
Mais on lit les journaux comme on aime, un bandeau sur les yeux. (Proust)
*
Nouvel et déplorable exemple de la funeste prépondérance actuelle du journal.(Gide)
*
J appelle journalisme ce qui sera moins intéressant demain qu aujourd hui. (Gide)
*
Les journaux de grande information et de déformation plus grande encore.
(Léon Daudet, 1920)
*
En province française, je lis volontiers les journaux de Paris. (Valéry Larbaud, 1924)
*
Un homme politique est fait pour être attaqué par la presse. (Georges Mandel)
*
Les journaux , presque tous, et surtout les journaux dits d information, sont bien comiques à lire. (Léautaud, 1927)
*
Nouvel et déplorable exemple de la funeste prépondérance actuelle du journal. (Gide 1934)
*
Nous sommes tous journalistes. (Céline)
*
Je ne veux pas dire, remarquez-le bien, que les peuples sont plus raisonnables qu autrefois, mais la presse leur permet d avoir une oreille à toutes les portes, un oeil à toutes les serrures. (Bernanos, 1941)
*
Un pays vaut souvent ce que vaut sa presse. (Camus)
*
Notre temps si totalement journaliste ignore le sentir comme le raisonner, et, en général, se passe de toute profondeur. Il fait semblant de tout. (Paul Valéry, 1945)
*
Un reporter de ”Match” vient m interroger pendant 1h ¾. D où plus tard, article imbécile et immonde. (Claudel, 1949)
*
D après nos statistiques, il reste sept lecteurs. (Boris Vian, dans sa petite revue de jazz, 1950)
*
Parmi ces aspirants journalistes, beaucoup finiront correspondanciers d une maison de commerce. (Henry Coston, 1952)
*
J ai dû renoncer à lire les journaux, à cause des sigles, que je ne me rappelle jamais : tous les jours à résoudre des rébus, cela n est pas possible. (Montherlant), 1958)
Le journalisme est le genre littéraire par excellence. (Sartre)
*
(Les journalistes) Ils écrivent, ils écrivent , c est tout ce qu ils savent faire.
(Charles de Gaulle)
*
Depuis 1940, je suis la preuve vivante que les journaux n ont aucune importance. (Charles de Gaulle)
*
(Parlant à des journalistes) Heureusement que j' ai vos feuilles pour apprendre ce que je pense ! (Charles de Gaulle, 1962)
*
Avec votre journal, on enveloppe les poireaux. (Charles de Gaulle)
*
L article de journal est une denrée entre toutes éphémère et périssable.
(André François-Poncet, 1962)
*
Les rédacteurs de la presse écrite tirent à la ligne. (Mauriac, 1966)
*
Je veux être tout entier dans le moindre article. (Mauriac)
*
La presse a quelque ressemblance avec ce coq qui croyait que sans son cocorico le soleil ne se lèverait pas. ( Mauriac)
*
Un journaliste est d abord un homme qui réussit à se faire lire. (Mauriac)
*
Ces bouts de papier qui ne servent plus le lendemain de leur parution qu à envelopper les salades. (Matthieu Galey, 1964)
*
Les journalistes ne sont pas forcément idiots. (Hubert Beuve-Méry)
*
Journalisme. Littérature de littératés. (Georges Elgozy, 1967)
*
...journaliste, et donc d'une espèce indiscrète et bavarde... (Mauriac, 1968)
*
- Vous lisez la presse, mon général ? (Malraux)
- Oh ! les titres ! (Le général de Gaulle, 1969)
*
La presse est basse. (Le général de Gaulle, 1969)
*
A Match, (Jean-Louis) Bory écrit un article où se trouve cette phrase : « L évêque bénissait les tanks ». La secrétaire lit mal , et croit qu il a écrit : « les tantes ». Au marbre, on est choqué de la crudité du terme. Aussi, à la parution, cela donne : « L évêque bénissait les homosexuels ». (Matthieu Galey, 1971)
*
De presque toute la presse actuelle, pour ne pas en souffrir, il faut soit la faire, soit ne pas la lire. (Cesbron)
*
Trouvez d abord un bon titre. Vous n aurez ensuite aucun mal à rédiger un article qui aille avec. (Max Corre)
*
Il est infiniment plus facile d être un médiocre écrivain qu un excellent journaliste. (Robert Escarpit, 1976)
*
Les secrets d Etat sont faits pour que les journalistes les découvrent. (Jacques Tillier, 1980)
*
Quand une grande signature quitte bruyamment un journal, celui-ci ne perd qu un seul acheteur. (Guy Hocquenghem)
*
La presse est libre en France, libre de crever. (Jean-Edern Hallier, 1989)
*
Directeurs de journaux - que dis-je, marchands d espaces publicitaires...
(Jean-Edern Hallier, 1989)
*
Ou bien n utilisez plus ces torchons aux ordres que pour envelopper le mou de votre chat. (Jean-Edern Hallier)
*
Le journalisme raffole du vide. (Jean-Edern Hallier, 1991)
*
(Pierre) Lazareff fut le Napoléon de la presse. (Dutourd, 1989)
*
L autre rêve des journalistes est de renverser les gouvernements. (Dutourd, 1989)
*
La presse est un pouvoir sans conscience. (Mitterrand, 1990)
*
Et après la lecture rapide du journal quotidien touchant la politique, me revient cette phrase de Pascal : « Le coeur de l homme est creux et plein d ordures ». (Julien Green, 1991)
*
Les journaux ne représentent pas grand-chose , et en tout cas pas la France à mes yeux. (Julien Green, 1991)
*
Un type qui rentre par les fenêtres, quand on le fiche à la porte, peut faire un bon reporter. (Jean Boizeau)
*
Quand Jean-Jacques (Servan-Schreiber) a vendu L Express, j ai eu l impression d avoir un fils en prison. Je ne lui ai jamais pardonné. (Françoise Giroud)
*
Le journalisme est le plus beau métier du monde. (Françoise Giroud)
*
Le J.T. , cela se situe entre le journalisme et la poudre à laver. (Christine Ockrent)
*
L intellectuel grand reporter est devenu une spécialité française. (Bernard Droz)
*
Le vrai journalisme, c est le vol. (Stéphane Denis, 1993)
*
La vraie différence entre la presse de gauche et la presse de droite vient de ce que la presse de droite est vraiment de droite. (Guy Bedos)
*
Il y a des journalistes qui ont appris leur métier à l école hôtelière. Ils posent les questions comme on passe les plats. (Guy Bedos)
*
Je croirai vraiment à la liberté de la presse le jour où un journaliste pourra écrire ce qu il pense vraiment de son journal. Dans son journal. (Guy Bedos, 1996)
*
La presse s est déconsidérée dans ses esclavages successifs. (Jacques
Trémolet de Villers, 1997)
*
Les journalistes, que je sache, ne font pas partie des masses populaires.
(Comte-Sponville, 1998)
*
L Ethique à Nicomaque (d Aristote) m en a plus appris que nos magazines, et m aide à les comprendre, quand ils sont, sur elle, à peu près sans effet. (Comte-Sponville, 1998)
*
La simplification outrancière est constitutive du journalisme en général.
(Frédéric Nef, 1998)
*
... un métier ( le journalisme, c est ne pas choisir et les faire un peu tous)...
(Jean-François Deniau, 1999)
*
Journalisme. La névrose du scoop. (Pierre Assouline)
*
Un journaliste, c est n importe qui. (Gérard Larcher)
*
Soyez libre : un journaliste sans opinions ne m intéresse pas. (Jean-Luc Hees, directeur de France Inter, 2000)
*
Nous souffrons de surinformation. (Max Clos, 2001)
*
(Le journalisme) C est un métier qu il faut détester pour bien le faire. (Jean-Claude Guillebaud, 2001)
*
Je parle, le jour, et j écris, la nuit. (Patrick Poivre d Arvor, 2001)
*
Nous titrons, vous tiquez. (Robert Solé, 2001)
*
Qu est-ce qu un journaliste ? Un médiateur. (Ivan levaï, 2001)
*
Le journalisme n est pas une science exacte. (David Pujadas, 2001)
*
Le journaliste américain énonce, le journaliste latin disserte. (Jean-François Revel, 2002)
*
Un journal est une addition de subjectivités. (Gérard Grizbec, 2002)
*
Le journalisme est un peu un métier de prédateur. (Franz-Olivier Giesbert,
2002)
*
Les journalistes ne sont pas le seuls juges. (Jean-Marie Charon, 2003)
*
Dans notre métier, on n est jamais en vacances. (Christine Clerc, journaliste, 2003)
*
Des journalistes se prennent pour des juges. (Philippe Bilger, 2003)
*
L'enquête est l'oxygène d'un journaliste. (Daniel Schneidermann, 2003)
*
Imaginez une démocratie sans presse ! (Jacques Julliard, 2004)
*
La presse écrite payante est le surmoi de la télé. (Philippe Val, 2006)
*
J ai décidé de quitter la presse pour faire du journalisme. (Edwy Plenel,
2006)
*
... l abominable vénalité de la presse française... (Edwy Plenel)
*
Les coupures de presse sont celles qui cicatrisent le plus vite. (Patrick Devedjian, 2007)
*
Le journalisme, c est de l impression. (Jean-Marc Lech, 2007)
*
(Le Figaro) Je l apprends par coeur, le matin. (Stéphane Bern, 2008)
*
Là où la presse n'est pas crainte, elle est muselée. (Jean-Marie Colombani, 2009)
*
Il y a autant de pensées uniques que d organes de presse. (Laurent Joffrin, 2009)
*
Le journaliste parle le soir de ce qu il ne savait pas le matin. (Yves Calvi, 2009)
*
(Nous, journalistes) Nous faisons du patin à glace ; nous restons à la surface des choses. (Christophe Barbier, 2009)
*
La presse bat pavillon marchand. (Georges Kiejman, 2010)
*
...un torchon où s'impriment les ragots, avant de servir à nettoyer les vitres...(Jean-Pierre Marielle, 2010)
*
Les 3 « L » de la presse : Je lèche, je lâche, je lynche. (José Bové, 2010)
*
La presse est panurgique. (Alain Duhamel, 2012)
*
Ne croyez pas seulement ce que vous lisez dans les journaux. (Jean-Luc Mélenchon, 2013)
*
De toute façon, vous ne pouvez pas avoir tort : vous êtes journalistes ! (Jean-Luc Mélenchon, ironisant)
*
Le journaliste est l historien du présent. (Max Gallo)
*
La presse est de gauche et nous ne le sommes pas tous. (Marc Bonnant, 2013)
*
Il y a plus de journalistes en prison en Turquie qu en Russie. (François Bujon de l'Estang, 2015)
*
Il y a le journalisme de procès-verbal et le journalisme d'initiatives. (Edwy Plenel,
2015)
*
En lisant le journal, j'ai très souvent l'impression que j'ai affaire à un banc de sardines. (Xavier Raufer, 2016)
Langue française.
FRUSTE
J'entends Christophe Hondelatte dire « un être frustre ». Il n'est pas le seul à faire cette faute. Il fallait dire, bien sûr « un être fruste ». C'est sans doute « rustre » et « frustrer » qui sont à l'origine de cette faute.
DIALOGUE
Dialogue à la radio. X, invité à la radio , dit « très humble », en faisant la liaison. Z, animateur, corrige l'invité en lui faisant ce reproche : « Ah ! Vous faites la liaison, vous ! ». L'invité, docile, présente ses excuses et se corrige en disant « très/ humble », sans faire la liaison.
Or, la première fois, l'invité avait raison et l'animateur-correcteur avait tort.
« Humble », comme « humilité » sont deux mots d'origine latine. La première lettre est muette.et non pas aspirée.La preuve, : tout le monde dit bien « l'humilité ». Et l'on doit faire la liaison quand on dit « très humble ».
ETC.
Je lis sans cesse dans la presse « etc... ». Or, « etc. » se termine par un point, car il s'agit d'une abré-viation et non par trois points de suspension. On peut terminer une énumération par trois points de suspension ou par « etc. ». Il faut choisir, mais il ne faut pas addittionner.
mercredi 26 juillet 2023
Anti-élitisme.
Assez étrangement, à la radio, à la télé, sur des blogs...bien des gens disent du mal des «élites ».
Les mots ont un sens. Le terme « élite » signifie « les meilleurs ». Les élites françaises, pour moi , ce sont les meilleurs penseurs, les meilleurs écrivains, les meilleurs avocats, les meilleurs magistrats, les meilleurs professeurs, les meilleurs ingénieurs, les meilleurs artisans, les meilleurs instrumentistes, les meilleurs acteurs...
Jamais on ne parviendra à me faire dire du mal de tous ces meilleurs-là. Préfère-t-on les pires ?
lundi 24 juillet 2023
POLICE ET GENDARMERIE.
Agé de 78, je n'ai jamais participé à une manifestation de rue en toute ma vie. J'ai réprouvé les
Gilets jauners du premier jour au dernier. Je blâme ceux qui lancent des pierres à la police ou à la gendarmerie sans oublier les pompiers. Les incendiaires, les voleurs, les pillards de manifs me révulsent. J'honore les policiers et les gendarmes, qui ne sont pas assez payés pour les services qu'ils rendent.
Cela dit, un policier peut évidemement être incarcéré, nul n'étant au-dessus des lois. Un juge peut aussi peut incarcéré. Un ministre peut être incarcéré. Nous sommes, Dieu soit loué, dans un Etat de droit. La décision d'incarcérer, en France, n'est pas pas prise à la légère : elle est motivée.
Le slogan d'une récente manif, où figuraient au premier rang divers élus mélenchonistes, « Tout le monde déteste la police » est honteux...et faux.
samedi 22 juillet 2023
La composition du gouvernement est la suivante :
Les ministres
M. Bruno LE MAIRE, ministre de l'Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et Numérique ;
M. Gérald DARMANIN, ministre de l’Intérieur et des Outre-mer ;
Mme Catherine COLONNA, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères ;
M. Éric DUPOND-MORETTI, garde des Sceaux, ministre de la Justice ;
M. Sébastien LECORNU, ministre des Armées ;
M. Olivier DUSSOPT, ministre du Travail, du Plein emploi et de l'Insertion ;
M. Gabriel ATTAL, ministre de l'Éducation nationale et de la Jeunesse ;
Mme Sylvie RETAILLEAU, ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche ;
M. Marc FESNEAU, ministre de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire ;
M. Christophe BÉCHU, ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires ;
Mme Agnès PANNIER-RUNACHER, ministre de la Transition énergétique ;
Mme Rima ABDUL-MALAK, ministre de la Culture ;
M. Aurélien ROUSSEAU, ministre de la Santé et de la Prévention ;
Mme Aurore BERGÉ, ministre des Solidarités et des Familles ;
M. Stanislas GUERINI, ministre de la Transformation et de la Fonction publiques ;
Mme Amélie OUDÉA-CASTÉRA, ministre des Sports et des Jeux Olympiques et Paralympiques.
Les ministres délégués
Auprès de la Première ministre
M. Olivier VÉRAN, chargé du Renouveau démocratique, porte-parole du gouvernement ;
M. Franck RIESTER, chargé des Relations avec le parlement ;
Mme Bérangère COUILLARD, chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations.
Auprès du ministre de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et Numérique
M. Roland LESCURE, chargé de l’Industrie ;
M. Jean-Noël BARROT, chargé du Numérique ;
Mme Olivia GRÉGOIRE, chargée des Petites et Moyennes Entreprises, du Commerce, de l’Artisanat et du Tourisme ;
M. Thomas CAZENAVE, chargé des Comptes publics.
Auprès du ministre de l’Intérieur et des Outre-mer et du ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires
Mme Dominique FAURE, chargée des Collectivités territoriales et de la Ruralité.
Auprès du ministre de l’Intérieur et des Outre-mer
M. Philippe VIGIER, chargé des Outre-mer.
Auprès de la ministre de l’Europe et des Affaires étrangères
M. Olivier BECHT, chargé du Commerce extérieur, de l’Attractivité et des Français de l’étranger.
Auprès du ministre du Travail, du Plein emploi et de l'Insertion et du ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse
Mme Carole GRANDJEAN, chargée de l’Enseignement et de la Formation professionnels.
Auprès du ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires
M. Clément BEAUNE, chargé des Transports ;
M. Patrice VERGRIETE, chargé du Logement.
Auprès du ministre de la Santé et de la Prévention
Mme Agnès FIRMIN LE BODO, chargée de l’Organisation territoriale et des Professions de santé.
Auprès de la ministre des Solidarités et des Familles
Mme Fadila KHATTABI, chargée des Personnes handicapées.
Les secrétaires d'État
Auprès de la Première ministre
Mme Charlotte CAUBEL, chargée de l’Enfance ;
M. Hervé BERVILLE, chargé de la Mer.
Auprès du ministre de l’Intérieur et des Outre-mer et du ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires
Mme Sabrina AGRESTI-ROUBACHE, chargée de la Ville.
Auprès du ministre de l’Intérieur et des Outre-mer
Mme Sonia BACKÈS, chargée de la Citoyenneté.
Auprès de la ministre de l’Europe et des Affaires étrangères
Mme Laurence BOONE, chargée de l'Europe ;
Mme Chrysoula ZACHAROPOULOU, chargée du Développement, de la Francophonie et des Partenariats internationaux.
Auprès du ministre des Armées et du ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse
Mme Prisca THEVENOT, chargée de la Jeunesse et du Service national universel.
Auprès du ministre des Armées
Mme Patricia MIRALLÈS, chargée des Anciens combattants et de la Mémoire.
Auprès du ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires
Mme Sarah EL HAÏRY, chargée de la Biodiversité.
LE CLUB DES JURISTES.
Dans le nouveau gouvernement, Jean-Denis Combrexelle sera le directeur de cabinet de la
Première ministre. Il est membre du Club des juristes. Ce club a 41 membres :
Yann Aguila, Nicole Belloubet, présidente du club, Emmanuelle Barbara, Loïc Cadlet, Stéphane
Carlier, Bernard Cazeneuve, Jean-François Cirelli, Jean-Michel Darrois, Denys de Béchillon,
Augustin de Romanet, Marie-Laure Denis, présidente de la CNIL, France Drummond, Matthias
Fekl, Frédéric Duponchel, Antoine Frérot, Frank Gentin, Bruno Gibert, Aurélien Hamelle, Christophe Jamin, Frédéric Jenny, Julie Klein, Didier Kling, Anne Levade,Didier Martin, Nicolas Molfessis, Alexandra Néri, jean -Baptiste Parlos, Catherine Pautrat, Bruno Pireyre, Jean-Emmanuel Ray, Didier Rebut, Patrcik Sayer, Marce Sénéchal, Jérôme Sibille,Denys Simoin, Bernard Stirn, Patrick Suet, François Sureau, académicien français, Pierre Todorov,Laurent Vallée.
mercredi 19 juillet 2023
Extrême droite.
En 2023, en France, « extrême droite » ne veut dire ni hitlérisme ni fascisme mussolinien. C'est une catégorie politique dont les élements constituants sont définis par les professeurs de science politique. Une foule de livres sont d'accord là-dessus. Il y une extrême droite comme il y a une extrême gauche, une gauche, une droite , un centre.
Il faut signaler une étrangeté. Le patron du PCF ne s'amuse pas à dire : « Je ne suis pas communiste. ». La candidate trotskiste de Lutte ouvrière ne s'amuse pas à dire : « Je ne suis pas trotskiste ». M. Bayrou ne s'amuse pas à dire : « Je ne suis pas centriste ». Depuis 1958, les dirigeants gaullistes n'ont pas proclamé : « Nous ne sommes pas gaullistes. » . Mais es dirigeants des deux principaux partis d'extrême droite, Mme Le Pen et M. Zemmour, répètent : « Nous ne sommes pas d'extrême droite. » (et parfois « Nous ne sommes pas fascistes »). Ils ne sont certes pas fascistes, mais ils sont in-dis-cu-ta-ble-ment d'extrême droite. Et je le redis, extrême droite ne veut pas fascisme. Le fascisme (mussolinien) et l'hitlérisme (ou le nazisme) ont existé il y a quelques décennies. Ils avaient leurs caractéristiques propres. L'extrême droite française a les siennes. Le parti d'extrême droite le plus puissant est le Rassemblement national (nouveau nom du Front national) et le second parti, de création récente , moins puissant, est celui que M. Zemmour. Autour de ces deux partis, divers groupuscules s'agitent et , de temps en temps, se montrent dans les rues, avec quelques militants cagoulés.
Les thèses de ces deux partis sont promues par quelques journaux, quelques radios et quelques télés,
de manière évidente, mais parfois niée par les journalistes de ces médias. Il semble qu'un milliardaire, M. Bolloré, ait choisi de leur faciliter la tâche. C'est, parmi les milliardaires français, une originalité. D'autres milliardaires français se contentent de lutter contre l'extrême gauche et la gauche, sans vouloir faire la courte échelle à l'extrême droite, ce qui n'étonnera personne
mardi 18 juillet 2023
Langue française.
ORTHOGRAPHE
Extrait d'un récent rapport d'agrégation de philosophie :
« Même si les correcteurs n'ont lu qu'un petit nombre de devoirs franchement dysorthographiques, les copies jonchées de fautes d'orthographe ne sont, en revanche, pas exceptionnelles. Il est anormal, par exemple, qu'au niveau de l'agrégation de philosophie, des candidats écrivent « rationalité » avec deux « n » et « rationnel » avec un seul. Les erreurs portant sur l'orthographe de certains noms propres ne sont pas rares non plus, quoiqu'on puisse admettre qu'il n'est au fond pas si grave que cela, dans l'absolu, d'écrire « Foucauld » au lieu de « Foucault » ou « Chomski » au lieu de« Chomsky », il reste que, confronté de façon très récurrente à ce genre de fautes, le correcteur en vient parfois à s'interroger sur le degré de familiarité qu'ont réellement les étudiants concernés avec les penseurs qu'ils mentionnent è Ainsi, même si l'orthographe ne fait pas l'objet d'un barème séparé, il est évident que, dans un concours où l'on recrute de futurs professeurs, les fautes répétées ne peuvent pas ne pas infléchir négativement l'appréciation finale d'une copie. »
P.-S. Avant de corriger des copies de bac, j'ai toujours refusé de suivre la consigne « Ne pas retirer plus de deux points sur vingt pour l'orthographe; »Dans une copie 200 fautes : moins deux points sur vingt! Non, non et non.
CROCODILIENS.
Dans un de ses« Propos », Alain critique la moutonnisme général, et rassemblant ses souvenirs, cite trois hommes qui lui ont semblé les moins moutonniers et fait leur éloge de cette drôle de façon :
« Les natures crocodiliennes, commes sont Descartes, Spinoza, Goethe, Stendhal... »
J'avoue mal connaître Goethe. Pour les trois autres, je ne peux qu'approuver Alain.
Ne cherchez pas ce sens de « crocodilien » (élogieux ) dans un dictionnaire : il n'est ni dans le TLF, ni dans le Grand Robert .A mon avis, en ce sens, il s'agit d'un hapax.
lundi 17 juillet 2023
Langue française.
Une problématique ou un problème ?
Dérivé de « problème », le terme « problématique » est ancien dans la langue (XV e siècle), comme adjectif, avec le sens de « qui a le caractère d'un problème, douteux, équivoque ».
Il est employé comme nom, avec l'acception d' « art, science de poser des questions » ou d' « ensemble des problèmes posés par une science ». Ce nom tire son prestige de son imprécision même et il est souvent employé à tort là où conviendraient les termes de « problème, question ;
l'employer à la place de « problème » est une impropriété ridicule.
S'égailler ou s'égayer ?
Je lis à l'instant dans un quotidien national un article où l'auteur emploie « s'égayer » en pensant
au verbe « s'égailler ». Regrettable confusion.
« S'égayer » (prononcé é-ghè-yé) est dérivé de « gai » et signifie « s'amuser, se distraire ».
« S'égailler » (prononcé é-ga- yé), c'est « se disperser ». C'était autrefois un mot dialectal. Il vient de l'ancien français « esgailler », « répandre, éparpiller ».
Comment ne pas les distinguer ?
Abasourdi
J'entends à la télé un célèbre avocat prononcer ce mot comme s'il venait de « sourd ». Non. La lettre « s » centrale doit se prononcer « z ».
dimanche 16 juillet 2023
Je suis vieux. Je vois clair, je ne suis pas sourd, je ne suis pas chauve, je n'ai pas de dentier, je marche sans canne, je n'ai pas d'insomnies, je n'ai jamais mal à la tête, je ne suis pas en surpoids,mon analyse de sang annuelle est parfaite, je n'ai pas d'hypertension, mon armoire à pharmacie est vide.
Mais on m'attend au coin de la rue : AVC-Infarctus-Cancer-Alzheimer ou Parkinson ?Cela finit toujours mal.
samedi 15 juillet 2023
Pendant la pandémie, une trentaine d'experts médicaux ont squatté les radios et les télés. Ils ont été remplacés par une trentaine d'experts militaires, souvent colonels ou génraux.
Même sur certains blogs, plusieurs "experts" militaires improvisés s'affrontent. Je ne me joindrai pas à leurs débats. Non par modestie, mais par ignorance absolue.
Je dois à la vérité de déclarer ceci :
Je n'ai jamais tenu de ma vie un pistolet ou un fusil... même de chasse.
Quant à plaider pour tel char, telle bombe, tel avion, tel missile, je n'y songe pas un instant. C'est du chinois pour moi
Je ne sais rien en ce domaine, comme dans un millier d'autres domaines.
Dans la guerre menée par l'abominable Poutine à un petit pays d'à côté, je n'ai qu'un sentiment : il n'a pas eu raison d'envahir. Au passage je note que tous les gens que je n'aime pas en politique française avaient une certaine sympathie pour l'ancien dignitaire du KGB, de Le Pen fille à Mélenchon en passant par Zemmour.
Ce fait n'est pas ce qui va me rapprocher d'eux.
vendredi 14 juillet 2023
Langue française.
MINIMA
On le sait, si l'on a fait du latin, ou on le devine, si l'on ignore le latin, le mot français « minimum » vient directement du latin. C'est en latin un mot neutre, dont le pluriel est « minima ». On dira donc très bien en français les « minima sociaux ».
Dans la langue du droit, on notera que, si l'appel a maxima vise une diminution de la peine, l'appel a minima est interjeté par la ministère public pour obtenir un accroisssement de la peine.
Enfin, l'on peut s'étonner du nombre considérable de demi-savants qui, pour faire très chic, disent
« a minima », en particulier sur France Culture, là où ils pourraient dire « au minimum ». Aucun dictionnaire n'indique cet emploi. C'est une simple épidémie : toutes les victimes ont oublié de vérifier si c'était permis. Eh bien non .
LINGUISTE / LINGUISTIQUE
Bien des gens, parfois très connus et très estimés, prononcent ces deux mots comme si « gui » était écrit « guoui ». Ils n'ont pas raison.
SPONSOR
Le dictionnaire de l'Académie française, dernière édition, déconseille l'emploi de l'anglais « sponsor » et préfère « financeur ».
jeudi 13 juillet 2023
RACISME.
« Les dieux de la race sont des dieux de boue et de sang. La race , c'est l'animalité. Nul homme n'a de race que l'adoration même de sa race, c'est-à-dire de son propre animal. Quand on dit que la race parle, on veut dire que l'inférieur parle, et que la force est considérée comme première valeur. Au-dessus de la pensée, il va sans dire, mais au-dessus même de l'honneur. » (Alain, Propos,1933 , coll. de la Pléiade, tome 1, p. 1152)
mardi 11 juillet 2023
Pierre Brochant: “Après les émeutes, le pronostic vital du pays est engagé”
11 juillet 2023 Tribune Juive Entretien 0
“Nous vivons la révolte contre l’État national français d’une partie significative de la jeunesse d’origine extra-européenne”, avertit Pierre Brochand.
© Corentin Fohlen/ Divergence
Eugénie Bastié.- A l’automne dernier, l’immigration semblait prendre une place centrale dans la campagne présidentielle. Le sujet est aujourd’hui éclipsé par la guerre en Ukraine et le pouvoir d’achat. Pourquoi selon vous ce thème de l’immigration avait-il réussi à se frayer un passage dans le débat?
Pierre BROCHAND.- Il est vrai que, pendant quelques mois, à la fin de l’année dernière, on a davantage «parlé» d’immigration. A mon sens, pour deux raisons. D’une part, le temps passant et le phénomène s’amplifiant, il s’est avéré de plus en plus difficile – selon la formule de Péguy, désormais consacrée – d’empêcher les Français de «voir ce qu’ils voient». D’autre part, une personnalité de rupture a brusquement surgi dans le champ convenu de la politique pour les inciter à ouvrir leurs yeux.
Pour autant, les choses n’ont pas tardé à «rentrer dans l’ordre» et tout indique qu’une fois encore, l’immigration ne tiendra pas, dans la campagne actuelle, une place à la hauteur des enjeux qu’elle porte. Dans un premier temps, les pratiques coutumières de diversion ont fait florès. La principale a consisté en la mise en avant systématique d’inquiétudes présentées comme concurrentes: le «pouvoir d’achat», la crise sanitaire, le changement climatique. Aujourd’hui, la guerre à l’Est a pris le relais. Non que ces préoccupations soient infondées, loin s’en faut, mais le fait de les opposer les unes aux autres, à coup de sondages, au sein d’une seule et même échelle de valeurs, de priorités et de temporalités, comme si elles étaient commensurables entre elles, s’apparente, je le redoute, à une énième façon de «noyer le poisson».
D’ailleurs, même lorsque, presque par hasard, le sujet est mis sur la table, tous les moyens sont bons pour l’escamoter à nouveau, soit en le détournant vers des impasses sémantiques (le «Grand Remplacement»), soit en accolant à ses promoteurs les étiquettes disqualifiantes habituelles, soit en reprenant les mêmes artifices éculés (accent mis sur les courants [d’immigration] «illégaux»).
Or, pour ma part, vous le savez, je tiens le type d’immigration, que nous subissons depuis un demi-siècle, pour un événement hors catégorie, sans précédent dans notre Histoire. Et, très honnêtement, j’avoue ne pas comprendre comment des esprits libres et éclairés peuvent encore sous-estimer sa gravité.
Pourquoi cet enjeu est-il, à vos yeux, particulièrement grave ?
Il suffit pourtant d’en énumérer froidement les caractéristiques, pour mesurer l’impact de ce qui nous arrive: volume massif des flux, vocation de peuplement, absence de régulation politique et économique, majorité de civilisation extra-européenne et musulmane, esprit de revanche post-colonial, réticence à la mixité, préférence pour l’endogamie, cristallisation en diasporas, taux de fécondité supérieur à celui du peuple d’accueil, et surtout – novation inouïe – évolution non-convergente au fil des générations.
A mes yeux, ce bouleversement progressif de la population française, s’il n’est pas l’unique défi auxquels nous sommes confrontés, est le seul qui menace directement la paix civile sur notre territoire.
Vous avez été ambassadeur, puis directeur général de la DGSE. Comment avez-vous été amené à formuler un jugement aussi sévère sur la question de l’immigration ?
J’ai entièrement consacré ma vie à l’étranger. Ce qui me vaudra, je l’espère, l’indulgence du jury et, notamment, d’échapper à l’accusation – classique mais rédhibitoire – de «repli frileux sur un hexagone rabougri». D’abord, je rappelle que, dans l’exercice des deux métiers que vous avez cités, le déni du réel et son corollaire, le « wishful thinking », constituent des fautes lourdes, de nature à se voir montrer la sortie. Si, donc, je mets les «pieds dans le plat», c’est au nom de ces décennies d’expérience, qui m’ont appris à lire le monde tel qu’il est, et maintenant qu’il est entré chez nous, à regarder mon pays tel qu’il devient. Et, à ce titre, je crains de devoir tempérer quelque peu les nouvelles rassurantes, que l’on nous sert, à longueur de journée, sur la généralité humaine.
En effet, au contact des milliers d’étrangers que j’ai côtoyés, j’ai pu vérifier la validité lancinante de constats, autrefois banals, aujourd’hui tabous. A savoir que, si la nature nous réunit, la culture impose entre les groupes que nous formons, une distance qui peut aller jusqu’à exclure leur cohabitation. De même, passée une masse critique, les interactions individuelles – jamais irréparables – cèdent la place à des forces collectives, qui n’obéissent en rien aux mêmes lois. Soit un effet de seuil, qui commande, entre autres, l’acculturation: possible en deçà, irréalisable au-delà. Si bien que ce que l’on dénonce avec horreur sous le nom d’amalgame n’est, au fond, que l’observation d’un fait, déterminé par le nombre.
De sorte que le monde que dessinent ces «collectivités en action» n’est ni plaisant, ni souriant. D’un côté, ne nous le cachons pas, nul sentiment n’y est plus répandu que la xénophobie, en particulier au sein des pays dont nous recevons les immigrants. D’un autre côté, toutes – je dis bien toutes – les sociétés «multi» sont vouées à des déchirements plus ou moins profonds. Et dans ce cadre, il arrive que les minorités soient violentes et gagnantes, les majorités placides et perdantes, voire que les victimes n’en soient pas, car responsables de leurs malheurs.
Enfin, il faut admettre que l’Occident, dont la France ne saurait s’exclure, est une exception, dont la domination écrasante sur les affaires de la planète – couronnée par la Globalisation – a partout semé envie et ressentiment.
Dans ce contexte, l’islam, entré en ébullition en réaction à cet ultime avatar de notre suprématie, est devenu le porte-drapeau des «humiliés et offensés», l’emblème du refus, voire du rejet, de ce que nous sommes, alors que la Chine et l’Asie, pareillement outragées, choisissaient de nous défier sur notre créneau de la compétition économique: le fait que l’arc musulman ne compte aucune démocratie mais concentre au moins 80 % des crises «chaudes» de la planète, le fait aussi que ses formes de contestation (jihadisme, salafisme, islamisme) se retrouvent à l’identique sur notre sol, en disent long sur l’insatisfaction d’un acteur historique de première grandeur, à la fois dynamique et rétrograde, dont il est clair qu’après des siècles d’absence, il a repris – via l’immigration – sa marche en avant sur la rive nord de la Méditerranée.
Dernier enseignement, franco-français celui-ci: en conversant avec nombre de personnalités politiques dans la quiétude des salons d’ambassade, j’ai pu mesurer le fossé qui séparait leurs propos publics des jugements, moins amènes, qu’ils émettaient en privé, sur les effets de l’immigration dans leurs fiefs électoraux.
Quelles conclusions en tirez-vous ?
La première est que, si la coopération entre les civilisations est désirable, elle reste moins probable que leur rivalité, proportionnelle à leurs disparités culturelles, imbrications territoriales et conflits antérieurs. La deuxième est qu’il n’y a aucune raison que les désastres observés ailleurs ne se reproduisent pas chez nous, pour peu que les mêmes ingrédients y soient réunis: ne nous prétendons pas plus intelligents que les Libanais ou les Yougoslaves. La troisième est qu’il vaut mieux prévoir le pire pour avoir une chance de le prévenir et qu’au fond telle est la fonction du régalien, auquel j’ai consacré ma vie.
J’en ai conclu que, derrière la générosité des discours, personne ici-bas ne faisait de cadeau à personne, qu’en conséquence l’émotion et la compassion n’étaient pas les plus fiables des outils d’analyse, que les conseilleurs – fussent-ils le New York Times ou d’honorables ONG – n’étaient pas les payeurs et que, si nos dirigeants renonçaient à défendre nos intérêts vitaux, sur notre propre territoire, personne ne le ferait à leur place.
C’est ce corpus ultra-réaliste et, je le reconnais, désenchanté – mais, vous en conviendrez, pas vraiment réfuté par les événements du moment -, qui a servi de trame à mes réflexions, non sur l’immigration en général, inévitable et parfois souhaitable, mais sur le ressac des vagues «anormales» qui s’abattent sur nous depuis les années 70 et dont seuls des rêveurs ou des hypocrites peuvent tirer un bilan «globalement positif».
Plusieurs candidats à la présidentielle ont avancé des solutions pour maîtriser les flux migratoires. Celles-ci sont-elles satisfaisantes ?
Nous n’avons d’autre choix, si nous voulons vraiment reprendre le contrôle de notre démographie, que d’opérer un renversement de cap à 180 degrés, c’est à dire envoyer le message, urbi et orbi, «loud and clear», que la France ne sera plus, pour l’avenir prévisible, une terre d’accueil. Ce qui suppose une approche globale du problème et une intransigeance de tous les instants pour la mettre en œuvre.
Toute émigration est, en effet, activée, à la fois, par un facteur «push» (qui incite à quitter le pays d’origine) et un facteur «pull» (qui attire vers le pays de destination). N’ayant guère le moyen d’agir sur le premier – l’invocation rituelle du «co-développement» ne dupant plus personne -, nous n’avons d’autre solution que de réduire notre attractivité à zéro.
Je ne perçois pas, chez nos néophytes – et, soit dit en passant, encore moins chez le Président-candidat, pour qui l’immigration reste un angle mort – la féroce inflexibilité qu’appelle l’urgence absolue. Sans compter le colossal travail de «rétropédalage» historique, qu’exige la restauration du «pouvoir de faire et d’empêcher» de l’Etat National, aux lieux et place du «laissez aller, laissez passer», que nous proposent la Société des Individus et son extension européenne.
Il serait donc, selon vous, trop tard ?
En tous cas, il est bien tard. Car voyons les choses en face. Nous avons désormais affaire non plus à des individus dispersés, soit autant de «cas particuliers», en quête chacun d’avenir meilleur, mais à des «diasporas», c’est à dire des réalités collectives, solidement ancrées dans notre sol, fermement décidées à y persévérer dans leur être et dont la dynamique holiste dépasse et emporte la destinée particulière de leurs membres. Pour moi, c’est une circonstance a priori banale – la rencontre de football France-Algérie en 2001, déjà bien oubliée – qui a marqué symboliquement ce basculement.
Pour être plus explicite, une «diaspora» est une entité, formée d’immigrés et de leurs descendants – y compris, fait capital, de nationalité française -, dont les effectifs, regroupés dans l’espace, atteignent une masse critique suffisante pour que la pression sociale y favorise la pérennisation des croyances et modes de vie des pays d’origine, avec lesquels les relations demeurent intenses: ainsi se forment spontanément des enclaves étrangères, plus ou moins fermées, tournant le dos au pays d’accueil et à ses mœurs.
Maintenant que ces noyaux durs sont fermement incrustés, il est bien naïf de croire que les clivages qu’ils portent comme la nuée l’orage, soient exclusivement de nature économique et, donc, solubles dans la quantité. En fait, ces différences sont, d’abord et surtout, de type qualitatif, donc a priori non négociables. Elles recoupent même très exactement les conflits indécidables qui ont causé nos pires malheurs dans le passé: le dissentiment religieux (en l’occurrence, celui, millénaire, entre l’islam et le christianisme, de part et d’autre de la Méditerranée), l’antagonisme colonial (autrement dit, la guerre des mémoires, pas davantage monnayable que celle des croyances), le prisme racial (qui tend insidieusement à rapprocher le statut de nos immigrés de celui des descendants d’esclaves noirs américains, avec les mêmes effets calamiteux qu’outre-Atlantique).
Ne nous cachons pas la vérité. Un tel triptyque est voué à provoquer des enchaînements quasi-mécaniques, dont nous voyons poindre les prémices, ainsi que je l’ai déjà indiqué: progression accélérée de la défiance sociale, séparation des ethnies (preuve par neuf de la faillite du «multi»), rivalité pour le contrôle des enclaves (en parodie des guerres coloniales), propension multiforme à la violence.
Oui, il est très tard. Si l’on veut éviter qu’il ne soit trop tard, écoutons Monsieur de La Palice, quand il nous rappelle qu’il n’est pas d’effets sans causes et que, pour contrecarrer les premiers, il faut au minimum commencer par s’attaquer aux secondes.
Cet hiver à la frontière polonaise se pressaient des migrants d’origine syrienne envoyés par la Biélorusse pour faire pression sur l’Union européenne. Ce printemps, ce sont des réfugiés ukrainiens fuyant les bombes russes qui se sont rués vers les frontières européennes. Que vous inspirent ces deux évènements ?
Ce qui s’est passé à la frontière polonaise, au cours des derniers six mois, illustre la complexité et la variété des problèmes que posent les flux de population aujourd’hui. Nous avons à faire, en effet, à deux cas de figure diamétralement opposés, qui ne nous concerneraient qu’indirectement, s’ils ne mettaient, une nouvelle fois, en cause l’Union Européenne.
Au cours du premier épisode, les migrants ont été l’objet d’une lutte entre États, donc sans rapport avec les flux auto-générés d’outre-Méditerranée, auxquels nous sommes abonnés. En l’occurrence, ils ont été le jouet des relations entre la Russie, la Biélorussie et la Pologne, pimentés d’un zeste d’activisme ottoman, l’Union européenne ne faisant que réagir à ces interactions. Ce qui est clair, néanmoins, à la lumière de cet exemple, c’est que l’émigration vers notre continent est aussi devenue une arme de guerre contre lui, aux mains d’Etats qui la manipulent au gré de leurs intérêts. La Turquie est passée maître dans cet art du chantage, mais d’autres (les milices libyennes, le Maroc) s’y emploient à l’occasion, tout comme, donc, en dernier lieu, la Biélorussie.
Ce à quoi nous assistons depuis l’invasion de l’Ukraine, est un phénomène radicalement différent. Il s’agit là d’un afflux massif, non pas d’immigrés, ni de migrants, mais d’authentiques réfugiés de guerre, principalement de femmes, d’enfants et de vieillards, dont l’intention, semble-t-il très majoritaire, est de ne pas s’installer définitivement dans les pays qui les accueillent.
Néanmoins, ces deux séries d’évènements ont en commun de se dérouler aux pseudo-frontières de l’Union Européenne, laquelle est devenue la cible privilégiée des mouvements de population, pour deux raisons: d’abord, à l’évidence, du fait de son haut niveau de revenus, mais aussi parce que les sociétés qui la composent vivent toutes, désormais, sous le régime de la «Société des Individus».
Qu’est-ce que cette société des individus, et en quoi est-elle selon vous une particularité européenne ?
La Société des Individus présente, entre autres, deux caractéristiques. D’une part, elle fait de chaque être humain vivant, quelle que soit son origine et sa nationalité, européen ou non, l’ultime décideur de son sort, à commencer par le choix de ses déplacements et lieux d’existence, au sein d’un espace mondial indifférencié. D’autre part, en se prétendant la pointe avancée d’une émancipation humaine, gouvernée par les lois de la dialectique, elle est amenée à condamner le modèle immédiatement antérieur de l’Etat National, symbole et gardien de son antithèse, à savoir un espace cloisonné par le politique.
Aussi cette configuration est-elle spontanément « immigrationiste ». En premier lieu, parce que, se voulant universaliste, elle répugne à faire la différence entre l’autochtone et l’étranger, et, par extension, à admettre l’existence de limites entre un dedans et un dehors. En deuxième lieu, parce que, logiquement, elle n’interprète la matière sociale que comme une somme de relations interpersonnelles, de «cas particuliers» et de «faits divers» sans liens entre eux, ce qui réduit, de fait, la sphère du collectif aux registres folkloriques du divertissement et de l’art culinaire, et plus généralement du «tourisme», comme Nietzsche l’avait si génialement entrevu. Enfin, parce que, je l’ai dit, tout en érigeant le rempart de l’Etat National en contre-modèle, la Société des Individus porte un regard paradoxalement indulgent sur l’antépénultième strate des Communautés Naturelles, dans la mesure où, prééminente chez les immigrés, celle-ci est considérée comme la victime historique dudit État dans sa version «coloniale», lequel se retrouve pris en sandwich par cet improbable duo.
Or, la superstructure bruxelloise, loin de contredire ce schéma, en est devenu l’accomplissement le plus pur, transformant notre «petit cap» de l’Asie en zone -unique au monde- d’aplatissement étatique, d’auto-désarmement politique et d’effacement frontalier. Soit ce que l’on appelle l’espace Schengen, perméable à tous les courants, alors même que la géographie l’encercle d’étendues turbulentes et vengeresses, ainsi que d’entités rapaces, prêtes à tout pour exploiter ses faiblesses.
Comme si la maîtrise de l’immigration contemporaine n’était pas, en elle-même, une tâche herculéenne, nous l’avons entravée, compliquée et envenimée à plaisir, en plaquant, sur la couche des Etats, rendus à l’impuissance, un dispositif «accélérationniste». Pire, nos dirigeants semblent attendre de ce dispositif qu’il joue le rôle d’un filtre, alors qu’il a été précisément conçu, calibré et programmé pour l’inverse. Cet entêtement à creuser davantage, afin de sortir d’un trou où l’on s’est soi-même enfoui, serait comique, si les conséquences n’en étaient dramatiques.
Vous dites que la société des individus, qui se veut ouverte, est paradoxalement celle qui a le plus besoin de fermeture. Pouvez-vous expliquer ce paradoxe ?
Ce n’est là qu’une des très nombreuses contradictions de notre société, qui en font, à bien des égards, un voyage en Absurdistan.
En effet, nous ne nous interrogerons jamais assez, non seulement sur la radicale nouveauté de la Société des Individus, mais aussi sur l’arrogance de son ambition, qui prétend transférer la souveraineté – le pouvoir du «dernier mot» – aux milliards d’individus vivant sur la planète à un instant donné, chacun d’eux étant sommé de «choisir» sa vie, que cela lui plaise ou non. Le tout en jetant un voile pudique sur l’appartenance à des groupes circonscrits, en rivalité (ou en coopération) pour leur survie, leur indépendance et leur puissance. En d’autres termes, un modèle qui refuse de faire la différence entre les aspirations du comptable suédois et du guerrier pachtoun, du geek californien et du berger sahélien, du paysan béarnais et du jeune « harrag » algérien, comme si tous étaient interchangeables et disposés à jouer le même jeu.
Il va de soi que ce paradigme est frappé, d’emblée, d’une vulnérabilité à la mesure de son irréalité.
En effet, même pour les tenants du système, la marge de viabilité est étroite: leur comportement ne doit à aucun prix sortir du couloir exigu défini par «l’Etat de droit», autrement dit le «politiquement correct», mais sans y être contraint par la coercition. En pratique, il s’agit pour eux, d’une part, de souscrire inconditionnellement à des valeurs «enveloppes» (tolérance, transparence, «respect») et, d’autre part, de participer à des mécanismes de conciliation de leurs «contenus» (marché, contrat, communication). A cette «ceinture» officielle, s’ajoutent les «bretelles» officieuses, plus sûres, d’un verrouillage par l’affect: d’un côté, la culpabilité (seconde guerre mondiale, colonisation, climat), de l’autre, la peur (là encore le climat, la sécurité sanitaire, la «guerre à nos portes»). Enfin, dernier rebouclage, on place le système sous le magistère moral et la surveillance active des juges et des media, devenus les chiens de garde d’un ordre social et «moral», prétendument horizontal. En bref, au nom même de leur liberté, et pour ne pas basculer dans l’anarchie qui les guette, les convaincus de la Société des Individus se doivent d’observer une discipline de tous les instants, à base de travail sur soi, d’auto-censure et d’intériorisation des interdits. Pour délivrer leurs corps, il leur faut accepter d’enfermer leurs esprit, sauf à «déraper» hors du corridor, véritable catastrophe qui met en péril tout l’édifice.
On aura compris que ce modèle est réservé à une catégorie restreinte, celle du «Gentil Bobo», petit bourgeois des métropoles et de la «nouvelle ruralité», qui réussit à cumuler tout à la fois un conformisme cool, un haut degré d’ignorance ou de lassitude historique, le refus unilatéral de la culture de l’honneur, la disposition à tendre l’autre joue, la pratique généralisée de l’euphémisme, en un mot la bienveillance et la non-violence de principe envers l’Autre (aussi longtemps que les enfants de celui-ci ne fréquentent pas la même école que les siens).
Or, nous sommes là en présence d’une «espèce à protéger», tellement antinomique de tout ce que l’espèce humaine a produit jusqu’ici, qu’elle ne peut survivre et prospérer que dans l’enceinte d’une sorte de zoo, coupé de tout ce qui ne lui ressemble pas. Pour faire court, une société «ouverte» qui a besoin d’être «fermée» pour rester «ouverte»: la quadrature du cercle.
Nous sommes les seuls à avoir ce modèle ?
En effet, cette approche angélique ne se rencontre nulle part ailleurs qu’en Occident, lequel n’y est parvenu qu’à la suite d’un long cheminement solitaire. De notre point de vue, ce périple modernisateur a vu se succéder, je l’ai dit, les Communautés Naturelles (présentes partout), l’Etat National Moderne (première de nos inventions, répandue par la colonisation), enfin la Société des Individus (zénith de l’occidentalisation, diffusé par la Globalisation).
De fait, cette utopie est encore largement minoritaire, non seulement au loin de nos frontières, mais aussi – ce qui est plus grave – à l’intérieur. Toujours en résumant beaucoup, on peut avancer que les immigrants ont massivement réimplanté sur notre sol les Communautés Naturelles, tandis que l’imaginaire des Français, autochtones et assimilés, reste profondément attaché à l’Etat National. D’où un espace au minimum tripartite, mais en pratique infiniment plus fragmenté, où l’oligarchie qui se donne le monde pour horizon et l’Humanité pour boussole, entend formater les mentalités sans y parvenir vraiment: celles-ci, même fortement perfusées par les séductions de l’individualisme, lui résistent encore au nom de la «persistance des agrégats» et de «l’inertie des affections».
Donc, c’est vrai, nous vivons dans une sorte de magasin de porcelaine, où se meuvent, avec des docilités inégales, ces vieux éléphants remuants que sont les nostalgies nationales et communautaires. Ou, si vous préférez, la Société des individus est tellement «en avance» par rapport au ressenti de la majorité de la population, qu’elle flirte en permanence avec le chaos et, à la limite, la «guerre de tous contre tous». Sans autre filet de sécurité que l’espoir de voir le virus du narcissisme finir par pénétrer suffisamment les cerveaux, pour qu’ils perdent à jamais l’idée saugrenue de fomenter des projets alternatifs.
La crise du Covid a été l’occasion d’un retour du «politique» sur l’ ««économique» dans les démocraties libérales. Celui-ci peut-il selon vous s’avérer pérenne, et permettre de reprendre à bras-le corps les sujets régaliens comme la maitrise de nos frontières ?
Il est exact que la crise du Covid aurait pu être l’occasion théorique d’un «retour» du politique, sous un régime qui a renié sa légitimité, au point d’en oublier l’existence. On aurait, d’ailleurs, pu en attendre autant du terrorisme de masse et, maintenant, de l’invasion de l’Ukraine (quoique à un degré moindre, n’y étant pas en première ligne). De même, l’immigration aurait pu et dû offrir un champ privilégié à un telle remise en question.
Au fond, qu’est-ce que le Politique? Beaucoup d’autres avant moi, infiniment plus qualifiés, se sont risqués à répondre à la question. Pour ma part, je le définirai comme l’activité qui vise à assurer la pérennité des groupes humains. Il est donc inséparable d’une aventure collective, située dans l’espace et dans le temps, dont il assume la responsabilité de la continuité. Dans notre sphère de civilisation, ce projet collectif a fini par se confondre avec l’Etat National. Par temps calme, le Politique ne fait qu’affleurer en surface. Il n’émerge en pleine lumière, dans toute sa singularité, que lorsque la tempête se lève et que la mort redevient l’enjeu déterminant. Ou encore, selon Carl Schmitt, quand l’on est obligé de distinguer entre l’ami et l’ennemi. Dans ces circonstances, foin de tergiversations, il devient impératif de prendre des décisions tranchées, c’est à dire non-juridiques, discrétionnaires et souvent négatives, la plus haute manifestation du politique étant, à mes yeux, de dire non à la facilité. La Raison et le Secret d’Etat deviennent alors des armes justifiables, dussent la morale et le sentiment en souffrir.
On voit par là en quoi notre Société des Individus, en prenant le contrepied de l’Etat National, se révèle anti-politique par essence, puisqu’elle contredit tout ce que je viens d’énoncer: les appartenances, la verticalité, le discrétionnaire, et même l’éventualité de la mort, considérée comme un scandale, dès lors que, pour l’individu isolé, «né orphelin, mort célibataire», la vie est une occasion unique à prolonger le plus longtemps possible.
C’est dans ce contexte que nous est «tombée dessus» l’épidémie. En fait, ce que vous appelez le retour du politique nous a été imposé par les évènements, sans qu’il y ait eu, au départ, la moindre volonté de nos dirigeants de remonter le cours du temps.
Plongés dans cette situation, ces mêmes dirigeants, mais aussi, avec eux, beaucoup de nos compatriotes, se sont retrouvés comme une poule devant un couteau: les premiers avaient perdu jusqu’au souvenir du commandement, les seconds de l’obéissance. Il s’en est suivi une grande désorientation de la société, prise au dépourvu par ce «flash-back» inattendu. D’où une invraisemblable série de pataquès: d’un côté, un pouvoir, qui, loin de retrouver une authentique inspiration politique, s’est abrité derrière son contraire, id est la tyrannie des experts, et, de l’autre, une opinion tourneboulée, où les habituels défenseurs de la loi et l’ordre se sont révélés les plus insoumis des individus.
En bref, une expérience peu concluante, pleine d’impréparation et d’improvisation, qui a confirmé la fameuse expression de Marx, selon laquelle les évènements, d’abord vécus en tragédie, se répètent en farce, ou le non moins célèbre aphorisme d’Héraclite, qui veut que l’on ne se baigne jamais deux fois dans la même eau d’un fleuve.
Êtes-vous optimiste ?
Si je refuse de perdre espoir, je ne nourris pas non plus d’illusions excessives quant à la possibilité d’une reprise en mains «politique» des courants d’immigration. Quand on constate que le programme de l’actuel chef de l’Etat, candidat à sa réélection, continue d’ignorer superbement le sujet, on se prend à réfléchir sur ce que l’Histoire peut comporter d’inéluctable et d’irréversible, même si, ce faisant, elle nous conduit droit vers les plus grands des malheurs. Pour conclure, tout en essayant d’éviter la paranoïa, j’avoue sans ambages être obsédé par la menace que l’immigration, telle que nous la connaissons, fait peser sur l’avenir de notre pays. Si rien n’est décidé pour la réduire à sa plus simple expression, toute mes expériences accumulées me font prévoir un futur sombre, et même très sombre, pour nos enfants et petits-enfants. Au mieux, s’achemineront-ils vers un effondrement insoupçonné de leur qualité de vie (l’implosion) ; au pire, c’est vers de terribles affrontements que nous les dirigeons (l’explosion). Le plus probable étant une combinaison des deux, dans une confusion croissante.
Tous nos gouvernants sans exception, mais aussi beaucoup de nos compatriotes, ont préféré regarder ailleurs. Les premiers par lâcheté, puisqu’ils n’en pensaient pas moins. Les seconds par naïveté, insouciance ou idéologie. Ce comportement d’autruche m’angoisse encore davantage qu’il ne m’exaspère. Pour nos jeunes, intellectuellement désarmés par la scolarité compatissante qui leur a été servie, les réveils risquent d’être terriblement difficiles. Mais, alors, quelle responsabilité pour tous ceux qui, bien qu’ayant eu la possibilité de l’empêcher, auront laissé s’installer cette bombe à mèche lente et ne seront plus là pour en subir la déflagration. ■
Entretien mené pour Le Figaro par Eugénie Bastié
Pierre Brochand a été directeur général de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) de 2002 à 2008, ainsi qu’ambassadeur de France, notamment, en Hongrie et en Israël. Il est intervenu lors d’un colloque de la Fondation Res Publica sur le thème : « Pour une véritable politique de l’immigration ».
UN récent numéro de Répliques : Brochand au micro de Finkie face à Didier Leschi
https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/repliques/face-a-l-immigration-1992789
CONSÉQUENCES
LES ÉMEUTES
PIERRE BROCHANT-EUGÉNIE BASTIÉ
S
samedi 8 juillet 2023
Réponse à Maxime Tandonnet.
Le 8 juillet 2023 ,sur son blog politique, Maxime Tandonnet écrit notamment ceci :; « MLP*
ne sera probablement jamais à l'Elysée. »
Je pense exactement le contraire. Il est presque certain, hélas, h élas, h élas, que MLP sera le prochaine locataire de l'Elysée.
Et cette catastrophe, manifestement, n'alarme pas grand monde.
*MLP : Marine Le Pen
vendredi 7 juillet 2023
Journaux, radios et télés Bolloré.
Même Sonia Mabrouk aurait dit, devant quelques témoins, qu'elle ne souhaite pas qu'Europe 1
devienne « Radio Marion Maréchal ». C'est un souhait légitime. Elle aurait pu ajouter qu'elle ne souhaite pas qu'Europe 1 devienne « Radio Zemmour ou Radio Le Pen ». Et même que toutes les télés Bolloré, « Paris Match » et le « JDD » (en grève) deviennent des tribunes pour Marion Maréchal, Zemmour ou Le Pen.
·
En son 120e anniv, dernière lettre « au Général X » d’Antoine de Saint-Exupéry, né le 29/6/1900, écrite la veille de sa mort le 30/7/1944. « Toujours destinée au cœur du présent. Je viens de faire quelques vols sur P. 38. C’est une belle machine. J’aurais été heureux de disposer de ce cadeau-là pour mes vingt ans. Je constate avec mélancolie qu’aujourd’hui, à quarante trois ans, après quelques six mille cinq cents heures de vol sous tous les ciels du monde, je ne puis plus trouver grand plaisir à ce jeu-là. Ce n’est plus qu’un instrument de déplacement – ici de guerre. Si je me soumets à la vitesse et à l’altitude à mon âge patriarcal pour ce métier, c’est bien plus pour ne rien refuser des emmerdements de ma génération que dans l’espoir de retrouver les satisfactions d’autrefois. [ dans Un sens à la vie, éd. Gallimard, 1956 ] Ceci est peut-être mélancolique, mais peut-être bien ne l’est-ce pas. C’est sans doute quand j’avais vingt ans que je me trompais. En Octobre 1940, de retour d’Afrique du Nord où le groupe 2 – 33 avait émigré, ma voiture étant remisée exsangue dans quelque garage poussiéreux, j’ai découvert la carriole et le cheval. Par elle l’herbe des chemins. Les moutons et les oliviers. Ces oliviers avaient un autre rôle que celui de battre la mesure derrière les vitres à 130 kms à l’heure. Ils se montraient dans leur rythme vrai qui est de lentement fabriquer des olives. Les moutons n’avaient pas pour fin exclusive de faire tomber la moyenne. Ils redevenaient vivants. Ils faisaient de vraies crottes et fabriquaient de la vraie laine. Et l’herbe aussi avait un sens puisqu’ils la broutaient.
Et je me suis senti revivre dans ce seul coin du monde où la poussière soit parfumée (je suis injuste, elle l’est en Grèce aussi comme en Provence). Et il m’a semblé que, toute ma vie, j’avais été un imbécile…
Tout cela pour vous expliquer que cette existence grégaire au coeur d’une base américaine, ces repas expédiés debout en dix minutes, ce va-et-vient entre les monoplaces de 2600 chevaux dans une bâtisse abstraite où nous sommes entassé à trois par chambre, ce terrible désert humain, en un mot, n’a rien qui me caresse le coeur. Ca aussi, comme les missions sans profit ou espoir de retour de Juin 1940, c’est une maladie à passer. Je suis « malade » pour un temps inconnu. Mais je ne me reconnais pas le droit de ne pas subir cette maladie. Voilà tout. Aujourd’hui, je suis profondément triste. Je suis triste pour ma génération qui est vide de toute substance humaine. Qui n’ayant connu que les bars, les mathématiques et les Bugatti comme forme de vie spirituelle, se trouve aujourd’hui plongé dans une action strictement grégaire qui n’a plus aucune couleur.
On ne sait pas le remarquer. Prenez le phénomène militaire d’il y a cent ans. Considérez combien il intégrait d’efforts pour qu’il fut répondu à la vie spirituelle, poétique ou simplement humaine de l’homme. Aujourd’hui nous sommes plus desséchés que des briques, nous sourions de ces niaiseries. Les costumes, les drapeaux, les chants, la musique, les victoires (il n’est pas de victoire aujourd’hui, il n’est que des phénomènes de digestion lente ou rapide) tout lyrisme sonne ridicule et les hommes refusent d’être réveillés à une vie spirituelle quelconque. Ils font honnêtement une sorte de travail à la chaîne. Comme dit la jeunesse américaine, « nous acceptons honnêtement ce job ingrat » et la propagande, dans le monde entier, se bat les flancs avec désespoir.
De la tragédie grecque, l’humanité, dans sa décadence, est tombée jusqu’au théâtre de Mr Louis Verneuil (on ne peut guère aller plus loin). Siècle de publicité, du système Bedeau, des régimes totalitaires et des armées sans clairons ni drapeaux, ni messes pour les morts. Je hais mon époque de toutes mes forces. L’homme y meurt de soif.
Ah ! Général, il n’y a qu’un problème, un seul de par le monde. Rendre aux hommes une signification spirituelle, des inquiétudes spirituelles, faire pleuvoir sur eux quelque chose qui ressemble à un chant grégorien. On ne peut vivre de frigidaires, de politique, de bilans et de mots croisés, voyez-vous ! On ne peut plus vivre sans poésie, couleur ni amour. Rien qu’à entendre un chant villageois du 15 ème siècle, on mesure la pente descendue. Il ne reste rien que la voix du robot de la propagande (pardonnez-moi). Deux milliards d’hommes n’entendent plus que le robot, ne comprennent plus que le robot, se font robots.
Tous les craquements des trente dernières années n’ont que deux sources : les impasses du système économique du XIX ème siècle et le désespoir spirituel. Pourquoi Mermoz a-t-il suivi son grand dadais de colonel sinon par soif ? Pourquoi la Russie ? Pourquoi l’Espagne ? Les hommes ont fait l’essai des valeurs cartésiennes : hors des sciences de la nature, cela ne leur a guère réussi. Il n’y a qu’un problème, un seul : redécouvrir qu’il est une vie de l’esprit plus haute encore que la vie de l’intelligence, la seule qui satisfasse l’homme. Ca déborde le problème de la vie religieuse qui n’en est qu’une forme (bien que peut-être la vie de l’esprit conduise à l’autre nécessairement). Et la vie de l’esprit commence là où un être est conçu au-dessus des matériaux qui le composent. L’amour de la maison -cet amour inconnaissable aux Etats-Unis – est déjà de la vie de l’esprit.
Et la fête villageoise, et le culte des morts (je cite cela car il s’est tué depuis mon arrivée ici deux ou trois parachutistes, mais on les a escamotés : ils avaient fini de servir) . Cela c’est de l’époque, non de l’Amérique : l’homme n’a plus de sens.
Il faut absolument parler aux hommes.
A quoi servira de gagner la guerre si nous en avons pour cent ans de crise d’épilepsie révolutionnaire ? Quand la question allemande sera enfin réglée tous les problèmes véritables commenceront à se poser. Il est peu probable que la spéculation sur les stocks américains suffise au sortir de cette guerre à distraire, comme en 1919, l’humanité de ses soucis véritables. Faute d’un courant spirituel fort, il poussera, comme champignons, trente-six sectes qui se diviseront les unes les autres. Le marxisme lui-même, trop vieilli, se décomposera en une multitude de néo-marxismes contradictoires. On l’a bien observé en Espagne. A moins qu’un César français ne nous installe dans un camp de concentration pour l’éternité.
Ah ! quel étrange soir, ce soir, quel étrange climat. Je vois de ma chambre s’allumer les fenêtres de ces bâtisses sans visages. J’entends les postes de radio divers débiter leur musique de mirliton à ces foules désoeuvrées venues d’au-delà des mers et qui ne connaissent même pas la nostalgie.
On peut confondre cette acceptation résignée avec l’esprit de sacrifice ou la grandeur morale. Ce serait là une belle erreur. Les liens d’amour qui nouent l’homme d’aujourd’hui aux êtres comme aux choses sont si peu tendus, si peu denses, que l’homme ne sent plus l’absence comme autrefois. C’est le mot terrible de cette histoire juive : « tu vas donc là-bas ? Comme tu seras loin » – Loin d’où ? Le « où » qu’ils ont quitté n’était plus guère qu’un vaste faisceau d’habitudes.
Dans cette époque de divorce, on divorce avec la même facilité d’avec les choses. Les frigidaires sont interchangeables. Et la maison aussi si elle n’est qu’un assemblage. Et la femme. Et la religion. Et le parti. On ne peut même pas être infidèle : à quoi serait-on infidèle ? Loin d’où et infidèle à quoi ? Désert de l’homme.
Qu’ils sont donc sages et paisibles ces hommes en groupe. Moi je songe aux marins bretons d’autrefois, qui débarquaient, lâchés sur une ville, à ces noeuds complexes d’appétits violents et de nostalgie intolérable qu’ont toujours constitués les mâles un peu trop sévèrement parqués. Il fallait toujours, pour les tenir, des gendarmes forts ou des principes forts ou des fois fortes. Mais aucun de ceux-là ne manquerait de respect à une gardeuse d’oies. L’homme d’aujourd’hui on le fait tenir tranquille, selon le milieu, avec la belote ou le bridge. Nous sommes étonnamment bien châtrés.
Ainsi sommes-nous enfin libres . On nous a coupé les bras et les jambes, puis on nous a laissé libres de marcher. Mais je hais cette époque où l’homme devient, sous un totalitarisme universel, bétail doux, poli et tranquille. On nous fait prendre ça pour un progrès moral ! Ce que je hais dans le marxisme, c’est le totalitarisme à quoi il conduit. L’homme y est défini comme producteur et consommateur, le problème essentiel étant celui de la distribution. Ce que je hais dans le nazisme, c’est le totalitarisme à quoi il prétend par son essence même. On fait défiler les ouvriers de la Ruhr devant un Van Gogh, un Cézanne et un chromo. Ils votent naturellement pour le chromo. Voilà la vérité du peuple ! On boucle solidement dans un camp de concentration les candidats Cézanne, les candidats Van Gogh, tous les grands non-conformistes, et l’on alimente en chromos un bétail soumis. Mais où vont les Etats-Unis et où allons-nous, nous aussi, à cette époque de fonctionnariat universel ? L’homme robot, l’homme termite, l’homme oscillant du travail à la chaîne système Bedeau à la belote. L’homme châtré de tout son pouvoir créateur, et qui ne sait même plus, du fond de son village, créer une danse ni une chanson. L’homme que l’on alimente en culture de confection, en culture standard comme on alimente les boeufs en foin.
C’est cela l’homme d’aujourd’hui.
Et moi je pense que, il n’y a pas trois cents ans, on pouvait écrire « La Princesse de Clèves » ou s’enfermer dans un couvent pour la vie à cause d’un amour perdu, tant était brûlant l’amour. Aujourd’hui bien sûr les gens se suicident, mais la souffrance de ceux-là est de l’ordre d’une rage de dents intolérable. Ce n’a point à faire avec l’amour.
Certes, il est une première étape. Je ne puis supporter l’idée de verser des générations d’enfants français dans le ventre du moloch allemand. La substance même est menacée, mais, quand elle sera sauvée, alors se posera le problème fondamental qui est celui de notre temps. Qui est celui du sens de l’homme et auquel il n’est point proposé de réponse, et j’ai l’impression de marcher vers les temps les plus noirs du monde.
Ca m’est égal d’être tué en guerre. De ce que j’ai aimé, que restera-t-il ? Autant que les êtres, je parle des coutumes, des intonations irremplaçables, d’une certaine lumière spirituelle. Du déjeuner dans la ferme provençale sous les oliviers, mais aussi de Haendel. Les choses. je m’en fous, qui subsisteront. Ce qui vaut, c’est certain arrangement des choses. La civilisation est un bien invisible puisqu’elle porte non sur les choses, mais sur les invisibles liens qui les nouent l’une à l’autre, ainsi et non autrement. Nous aurons de parfaits instruments de musique, distribués en grande série, mais où sera le musicien ? Si je suis tué en guerre, je m’en moque bien. Ou si je subis une crise de rage de ces sortes de torpilles volantes qui n’ont plus rien à voir avec le vol et font du pilote parmi ses boutons et ses cadrans une sorte de chef comptable (le vol aussi c’est un certain ordre de liens).
Mais si je rentre vivant de ce « job nécessaire et ingrat », il ne se posera pour moi qu’un problème : que peut-on, que faut-il dire aux hommes ?
Antoine de Saint-Exupéry, le 30 juillet 1944.
mercredi 5 juillet 2023
mardi 4 juillet 2023
BLOGS.
Sur un blog que je commente depuis cinq ou six ans, il y a quatre sortes de commentateurs. Des gens qui signent avec leur vrai prénom et leur vrai nom, des gens qui signent d'un pseudo mais qui ont bien voulu me dire par mail leur vrai nom, des gens qui ont un pseudo mais qui n'ont pas voulu me dire leur vrai nom ou à qui je n'ai rien demandé, enfin des gens qui changent sans arrêt de pseudo. Je connais un autre blog d'un grand historien français qui refuse que des gens changent de pseudo : il a raison.
La première catégorie, on l'aura deviné, a tout pour me plaire. Signer sur le Net ce que l'on écrit permet des échanges francs et nets. La deuxième catégorie(ceux qui ont un pseudo mais qui peuvent sur demande dire leur vrai nom) ne me déplaît pas. J'aime beaucoup moins les gens qui ont un pseudo et qui refusent de dire leur vrai nom par mail à qui leur demande). Les pires de tous, à mon avis, sont ceux qui changent sans arrêt de pseudo. Quand l'un d'entre eux s'adresse à moi , je refuse de lui répondre. A qui répondrais-je ? A un fantôme de fantôme ? A un masque de masque ? A un Fregoli ? Il n'y faut pas songer. Je le redis , les modérateurs devraient , dans le meilleur des mondes, interdire les pseudos, et, à tout le moins, interdire le changement de pseudo.
lundi 3 juillet 2023
Langue française.
A la radio, j'entends un animateur dire à une dame : « Vous avez une dentition magnifique. » Hélas, depuis longtemps , on distingue la denture, qui est l'ensemble des dents, et la dentition, qui est la formation, l'accroissement et la sortie des dents. Si l'on ne veut absolument pas employer « denture » , on peut toujours dire : « Vous avez des dents magnifiques ».
Quai
« Le Quai » peut remplacer « Le Quai d'Orsay » ou « Le ministère des Affaires étrangères ».
Et « Le quai Conti « ou « Le quai de Conti », moins fréquemment, peuvent remplacer
« L'Académie française ».
Oui
Extrait du dictionnaire de l'Académie française , dernière édition, en caractères gras :
Ni « Parfaitement », ni « Absolument » ni « Tout à fait » ne doivent en aucun cas remplacer « Oui ».
Evénements des derniers jours en France
La plupart des commentaires du Net visent au fond à s'en prendre au pouvoir actuel et font appel, clairement ou non, à un futur pouvoir d'extrême droite.
Je ne les rejoins pas. Quand on regarde les vidéos nombreuses, on voit surtout deux catégories humaines (de toutes les couleurs de peau) que j'abomine depuis toujours : des incendiaires et des pilleurs (ou pillards).
La plupart des commentaires visent au fond à s'en prendre au pouvoir actuel et font appel, clairement ou non, à un futur pourvoir d'extrême droite.
Je ne les rejoins pas. Quand on regarde les vidéos nombreuses, on voit surtout deux catégories humaines (de toutes les couleurs de peau) que j'abomine depuis toujours : des incendiaires et des pilleurs (ou pillards).
Inscription à :
Articles (Atom)