jeudi 27 juin 2024

L'arrivée du RN au gouvernement. Étrange situation qui permet que toute une jeunesse sans passé trouve séduisants les beaux garçons du Rassemblement national, influenceurs musclés sur les réseaux sociaux, et rassurantes les dirigeantes blondes et épanouies offrant l’image du féminisme d’ultra droite de maintenant. Le sous-texte constitutif de l’identité politique des droites extrêmes - racisme, nationalisme, haine des « assistés » et des migrants, conservatisme social - est à peine audible. Le clan familial Le Pen, forme française de la famille trumpiste - dont le jeune Bardella fait partie – apparaît injustement accusée, « comme c'est méchant! », d’être « fasciste », injure inadaptée. Mais ce parti aurait-il changé de nature et pourrait-il, une fois au pouvoir, respecter le fonctionnement démocratique ? L’expérience montre qu’une fois arrivés au pouvoir par les urnes, les partis d’extrême droite ont en commun une culture de la verticalité du pouvoir politique, dont l’autorité tendra à s’intensifier avec le temps. Il faut comprendre la séduction populaire des images de remise en ordre, de propreté retrouvée. Ils mettent en œuvre dans les faits et sur la planète entière le même programme, porté par un discours emphatique qui glissera, là encore avec le temps, du mensonge au délire. Au lendemain du succès, et comme les autres avant lui, le RN changera le plus vite possible les hauts cadres de l’État aux postes clés sécuritaires, économiques, culturels et médiatiques .Ici ils ont déjà un Bolloré en piste (CNews, Europe 1 , nouveau JDD , Paris-Match...). Ils y placeront des hommes et des femmes issus du premier cercle, des proches de confiance, qu’ils savent pouvoir appeler à toute heure. Rapidement le fait sociologique du pouvoir leur attirera de nouveaux adeptes, toutes vestes retournées, prêts à les suivre. Tandis que sur CNews, de nouveaux visages - en plus de ceux que nous connaissons déjà - viendront se moquer, critiquer, invectiver avec mépris les sciences sociales, les féministes, les « bien-pensants »... À tous les échelons sociaux se formeront des cercles d’afficionados plus ou moins cyniques, dans des cercles professionnels, des clubs divers. Trois à cinq ans passeront ainsi, avant le deuxième temps crucial que tous ces régimes mettent en œuvre : celui du changement juridique progressif, où la distance entre le juridique et le politique est mise en péril. Quand les lois changent, la vie sociale tout entière change : la liste de ce qui peut tomber sous le coup de la loi s’allonge démesurément, et se défendre devient de plus en plus difficile. Les contre-pouvoirs seront abîmés, empêchés, et la survie des associations de défense des droits humains, des syndicats, des associations écologistes, féministes ou de consommateurs deviendra de plus en plus difficile du fait du détricotage des lois qui jusque-là les protégeaient. Au sein d’institutions comme la police et l’armée, le commandement sera donné à tous les échelons aux membres de la même famille politique, qui domineront leur pré carré dans le confort d’un arbitraire facilité. On pourrait décrire par le menu le travail de sape des conditions de la justice et de l’égalité à tous les niveaux de la vie sociale et économique auquel se livrera le RN. Il saura prendre conseil auprès de ses amis du FSB russe, qui fourniront une aide logistique pointue pour mieux traquer les ennemis de l’intérieur. L’atmosphère entière du pays changera, comme la langue ordinaire, avec bien sûr une emphase formidable mise sur certains crimes, ceux commis par des « non Français »,(CNews fait déjà ça du matin au soir) et sur certaines interprétations, ou manières de faire, devenues obligées.

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