dimanche 31 décembre 2023
Sur le blog de Philippe bilger, un commentateur écrit ceci :
C'est curieux. Il semblerait qu'à droite, il soit de bon ton de défendre Depardieu, tandis qu'il était du dernier chic d'attaquer Matzneff et Duhamel. C'est quoi, la différence ?
Les langues se délient, maintenant, et les hypothèses se confirment.
Sophie Marceau : "Il ne s’en prenait pas aux grandes comédiennes, plutôt aux petites assistantes."
Vahina Giocante, une actrice moins connue : "Je l’ai observé, comme tant d’autres, abuser les plus faibles." Elle évoque "un animal sauvage, sans pitié pour ceux qui tremblent devant lui". "Comme la majorité des techniciens ou des inférieurs hiérarchiques, il valait mieux se taire."
Elle l'a vu "la main dans la culotte d’une figurante pendant une prise", elle a vu "le visage de cette femme rouge de honte essayant de serrer ses jambes pour empêcher les gros doigts de Gérard de tripoter son intimité, ne pouvant pas se défendre pour ne pas 'gâcher' la prise. [...] Nous parlons ici de vies brisées."
Anouk Grinberg, que je cite à nouveau, parce qu'il le faut : "Aujourd’hui, la domination est pour lui une jouissance, je pense que c’est son unique relation au monde."
Charlotte Arnould, qui a porté plainte pour viol : "Il choisit ses proies : des femmes vulnérables, jeunes ou au bas de l’échelle dont il est sûr qu’elles ne diront rien."
Et aussi : "Lorsque je me rends chez lui, j’ai 22 ans, je pèse 37 kilos car je souffre d’anorexie et c’est un ami de mon père. Ça pourrait être mon grand-père, il m’a pris dans ses bras quand j’étais bébé. Et chez lui, au bout de 10 minutes, il a mis sa main dans ma culotte."
Et encore : "Le prix à payer, je le vois sur mon métier. Je dois probablement dire adieu au cinéma, je pense être blacklistée par plein de monde. Je viens d’apprendre que mon agence artistique ne voulait plus me représenter."
Une fois de plus, cette attitude, chez Depardieu, n'est pas cantonnée au domaine sexuel.
Elle s'exprime aussi dans le domaine politique. Il a ouvertement soutenu les pires dictateurs de la planète : Castro, Poutine, Kadyrov... La presse russe de propagande à destination de la France se délecte de ses citations : "J'adore votre culture et votre façon de penser. Mon père était communiste et écoutait Radio Moscou ! C'est aussi une partie de ma culture." Quelle surprise...
Rappelons que Depardieu s'est "converti" à l'islam dans les années 70. Avant de se "convertir" au christianisme orthodoxe d'obédience russe. Mais pas au catholicisme. "Je n'aime pas la liturgie catholique, elle me fait ch...", assure ce grand théologien.
Son comportement lors de son voyage en Corée du Nord confirme sa ligne de conduite : humilier les faibles et s'aplatir devant les caïds.
Il s'est payé le luxe de critiquer le régime, sans risque, face à son guide officiel. Mais il a surtout passé son temps à traiter ce dernier comme un chien. Cédons la parole à son admirateur, Yann Moix : "Soudain, Gérard prend M. Om par le colback, soulève en riant l’apparatchik sidéré comme on déplace un Playmobil et le repose à sa gauche : 'Tiens, Zoum-Boum, tu vas te mettre là. J’en ai marre de ta fumée dans ma tronche. Fumée dans la tronche : tu piges ? Su Zon, mon canard rose, traduis, please !' "
Que risquait-il à se conduire ainsi ? Monsieur "Zoum-Boum" est un humble fonctionnaire de la dictature, il est bien obligé de supporter l'immense vedette française invitée par le gouvernement. Une disparition dans un camp de travail, à manger de l'herbe, c'est vite arrivé.
Les journalistes venus solliciter une déclaration "l'emm...", dit Gérard : "Y m'verront avec le leader, là je saurai quoi dire : je suis très heureux d'être ici, n'en déplaise à tous les c..., point".
Et lorsqu'il est mis en présence du "leader", à l'occasion du défilé célébrant le 70ᵉ anniversaire de la dictature, où il est placé dans la tribune officielle ("comme à Roland-Garros", se rengorge-t-il), il se liquéfie à la vue de ce qu'il croit être un salut du gros bébé sanguinaire et cruel qui dirige le pays.
Selon les mots de "son Yann", comme il dit : "Au moment où Gérard se découvre, le Dirigeant Suprême s’avise de sa présence et, à ma grande surprise, lui adresse un signe. 'Mon Yann ! Tu as vu ?' — J’ai vu, Gérard. Fou !"
Il ne se rappelle pas le nom de Kim Jong-un, mais il a bien noté que c'était lui le chef mafieux dont il convenait de lécher les pompes. Comme lors de son enfance à Châteauroux.
Terminons sur une citation cinématographique : qu'est-ce que c'est, dégueulasse ? Dégueulasse, c'est l'argument suivant, qui a flotté telle une ordure sur l'espace public, récemment, et que je crois avoir aperçu ici, de la part d'un commentateur dont j'ai oublié le nom, et dont il se pourrait même qu'il prétende être de sexe féminin : les accusations à l'encontre de Depardieu ne sauraient être vraies, car il peut coucher avec les plus belles femmes s'il le veut.
Or, justement : ce n'est pas faire injure à Charlotte Arnould que de faire remarquer qu'en plus d'avoir été une actrice de rang tout à fait inférieur, à l'époque, en plus d'avoir été psychologiquement fragile, elle n'est pas une reine de beauté. Pour être un peu direct, elle a une belle tête de victime. Une vraie. Et c'est bien ça qui excite la race d'individus à laquelle appartient Depardieu.
Dire que Depardieu ne peut être coupable en raison de son succès auprès des femmes, c'est une autre façon de dire : une pouffiasse comme toi devrait être bien contente que l'immense Gérard daigne se pencher sur ton cul.
Et comme n'ont pas manqué de le reconnaître certaines de ses accusatrices, s'incluant dans la faute, si un tel comportement a pu persister si longtemps, c'est bien parce que "tout le monde lui permet d'être comme ça" (Anouk Grinberg).
Comme le dit cette dernière : "L'équipe faisait allégeance, riait aussi pour plaire aux rois. [...] J’ai été, d’une certaine manière, complice : je ne lui ai pas mis de baffe quand il parlait très mal aux femmes, je ne lui ai pas dit 'Ta gueule !' Personne, jamais, ne lui a dit 'Ta gueule !' "
"Quand il dysfonctionne, le monde du cinéma agit comme une petite société, comme une famille avec tout ce que cela peut avoir de pathologique, voire de cruel : si quelqu’un a subi des violences sexuelles au sein d’un clan, le clan protégera l’agresseur, se retournera contre la victime, la mettra en exil jusqu’à la faire taire, pour que meure en elle le besoin de vérité, inséparable du désir de vivre. C’est une autre façon de tuer symboliquement, et ça vous poursuit toute la vie."
Ce n'est pas une "blague". Ce n'est pas "drôle". C'est un meurtre symbolique, et ça vous poursuit toute la vie. C'est le ressort de toutes les formes d'oppression claniques. C'est aussi pour cela que le mensonge est grave. Toujours.
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