jeudi 14 décembre 2023
Un commentateur du blog de Philippe Bilger écrit ceci :
"L'explication est toute simple : Depardieu est un délinquant dans l'âme. Il n'a pas caché son adolescence de voyou, sa pratique de la prostitution masculine, voire ses viols tels qu'il les a rapportés dans une revue de cinéphiles américains, en 1978, et qu'il a démentis depuis (*).
Plus tard, sa pratique systématique du "pouêt-pouêt" sur les plateaux de tournage (comme disent les gazettes), ses mains systématiquement baladeuses en cachette, quand la caméra tournait... en bon français, ça porte un nom : agressions sexuelles (**).
Plus tard encore, son flirt passager mais intense avec Vladimir Poutine, son exhibition complaisante à la table de l'assassin et dictateur islamiste Ramzan Kadyrov, relèvent du même penchant : l'amour de la transgression.
Comme pour bon nombre de poutinistes, il ne s'agissait pas de convictions politiques, ni même seulement d'intérêts financiers : Depardieu s'est entiché de Poutine et Kadyrov par fascination pour leur capacité à commettre des crimes en toute impunité.
C'est bien cela qui l'excite.
Quant à ses dernières déclarations obscènes à la vue d'une petite fille montant à cheval, on n'a pas assez souligné l'autre scandale : elles sont intervenues lors d'un voyage de complaisance en Corée du Nord, en 2018, en compagnie de cet autre pervers qu'est Yann Moix (***) : après l'éloge de l'homme qui fait exploser des centaines de ses compatriotes dans leur sommeil pour se faire élire président, le soutien à celui qui affame son peuple et exécute ses rivaux au canon anti-aérien.
Rien à voir avec l'amour des femmes.
______
(*) Voici un extrait de cette interview, réalisée par Harry Stein à Beauvais, sur le tournage de Préparez vos mouchoirs, et publiée dans le numéro de mars-avril 1978 du magazine Film Comment. Titre : Depardieu, un primitif français.
"Le jeune acteur français le plus en vue du moment -- celui qui est à l'écran dans six films à la fois aujourd'hui à Paris, qui s'apprête à ravir à Belmondo et Delon le titre de premier sex-symbol masculin du continent, celui que Vincent Canby, du New York Times, appelle 'une force de la nature' -- saisit le pantalon d'un passant et le lui baisse jusqu'aux cuisses."
" 'Regardez-moi ça !', rugit Gérard Depardieu, se reculant d'un pas pour admirer son ouvrage. Le passant, un acteur de second rang dans le film que Depardieu est en train de tourner, sourit faiblement et remonte lentement son pantalon, sous les rires gras de l'assistance."
Plus tard, alors que Depardieu est attablé au restaurant devant son second steak et sa deuxième bouteille de beaujolais, le journaliste lui pose une question.
"Alliez-vous à l'école, à cette époque ?"
"Depardieu secoue la tête et avale un verre de vin pour faire glisser son steak. 'L'école ? J'avais laissé tomber depuis longtemps.' Il attaque un autre morceau de viande. 'C'était dur, à l'école. Quand j'y étais, je faisais partie d'une bande, donc j'avais un pistolet sur moi. Un 6.35. Nous avions tous des pistolets. Il y avait beaucoup de violence.' [...]"
"Les bandes dont il faisait partie, explique Depardieu, étaient composées de garçons dans la fin de l'adolescence et d'hommes dans le début de leur vingtaine. Beaucoup revenaient de la guerre d'Algérie."
" 'J'étais toujours le plus jeune, celui à qui on montrait les choses. Par exemple, c'est mon copain Jackie (il devait avoir seize ou dix-sept ans) qui m'a emmené à mon premier viol.' Une pause, puis : 'Il est mort, maintenant, Jackie.' "
"L'incident a eu lieu dans une gare routière, explique nonchalamment Depardieu. La fille, une petite brune d'une vingtaine d'années, attendait l'autobus, lorsque l'adolescent et son copain de neuf ans ont commencé à la chambrer. 'Une chose en amenant une autre, hooop !!' -- Depardieu se lève soudain à moitié de sa chaise, tel une bête de proie -- 'et c'était fait'. Une pause. 'C'est normal. J'ai eu beaucoup de viols après ça, trop pour pouvoir les compter.' "
"Depardieu se rassoit, jette un coup d'œil à la cantonade, et s'étonne des mines horrifiées qui l'entourent. 'Il n'y a pas de mal à ça', explique-t-il. 'Les filles voulaient être violées. Je veux dire, le viol, ça n'existe pas. C'est la fille qui se met dans la situation qu'elle veut, voilà tout. La violence n'est pas commise par ceux font l'acte, mais par les victimes, celles qui font en sorte que cela arrive.' [...]"
" 'Vous savez, à l'époque, il m'arrivait de faire peur aux gens juste pour m'amuser, pour voir comment ils réagiraient. Quelle trouille j'ai pu leur mettre...'. Il secoue la tête. 'Parfois, ils pleuraient, d'autres fois, ils suppliaient. Il y a un type, je lui ai enlevé ses lunettes, et je lui ai fourré un doigt dans la bouche pour le faire vomir. Sa femme était avec lui.' Il esquisse un sourire sans joie."
" 'Je les terrifiais. Leur terreur provoquait en moi quelque chose de...' -- il hésite -- 'quelque chose de fou. Mais c'est comme si je n'étais pas là. J'assistais au spectacle.' "
Molly Haskell, une journaliste qui a assisté à l'entretien et dont le portrait favorable à Depardieu accompagne l'article, suggère qu'il affabule : "Quand Depardieu parle de viol, je ne crois pas qu'il donne à ce mot la signification que nous lui donnons." Et un peu plus loin : "Le courant est immédiatement passé entre nous. Il emplissait tout l'espace, il était rayonnant : il n'y avait aucune barrière entre nous. Parfois, entre les prises, il m'adressait un sourire, et je lui souriais en retour. Il est possible que j'aie rougi."
(**) Avec un suicide à la clé. Évidemment, personne ne pourra jamais prouver le lien.
(***) Voyez la consternante prose de Yann Moix, qui a pris Depardieu dans ses valises à l'occasion de sa visite en Corée du Nord pour le 70ᵉ anniversaire de la dictature :
"J'ai vu se fissurer le logiciel nord-coréen à mesure que Gérard pénétrait dans le pays [...]. [En Corée du Nord], vous voyez quand même des êtres humains qui ne demandent qu'une chose : connaître l'extérieur, jouer, faire l'amour, rire. Ce sont des êtres humains comme les autres. [...] Grâce à Gérard qui a fissuré ces codes, j'ai vu des êtres humains qui me ressemblaient. Pour la première fois, [j'ai vu] des êtres qui cessaient d'être des faciès opaques et fermés pour s'ouvrir comme des fleurs."
On dirait Édouard Herriot visitant l'Ukraine pendant l'Holodomor, et s'extasiant de voir les habitants si bien nourris.
N'hésitez pas à lire l'article remis par Yann Moix à Paris Match, qui l'avait envoyé là-bas.
Bonne synthèse de "Gérard", pour finir : "Tu vois, mon Yann, si j’emmerde pas les autres, je m’emmerde !"
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