jeudi 14 mai 2020
LE TALENT *
J'ai bien compris vos réflexions sur le talent. Comme vous, je glisse gentiment sur le fond, dès que je lis ou j'écoute une personne talentueuse. Je partage une partie de vos admirations. Plusieurs me surprennent. Où est le talent de Pascal Praud, Binoche, Besancenot... ? Mystère.
Quand il s'agit d'acteurs, le problème du talent n'est pas grand. On les admire et c'est sans conséquence pour nous. Pour vous et moi, et pour tout le monde, ce qui gêne, c'est devant le choc talent – politique. A qui n'est-il pas arrivé d'être désolé de partager des convictions politiques avec un orateur connu qui passe à la télé et de constater qu'il est faible,médiocre, sans aucun talent et, parfois, de convenir du talent , parfois très grand, d'un orateur politique dont on ne partage aucune conviction.On est forcé de s'exclamer, sur son canapé,: Quel talent ! Vous citez Mélenchon dans vos talentueux. C'est l'exemple lumineux.Je suis d'accord avec vous. Quel talent !Et, sur le fond, il me semble avoir tort à tous égards. On est là au cœur du problème que vous soulevez.
Chirac disait qu'en politique, il faut avoir une bonne gueule. Dans son duel de premier tour, sa gueule ne lui a pas nui face à Balladur. Le talent peut servir aussi. Avec du talent et une bonne gueule, on peut aller loin.Cela ne suffit pas : il faut savoir s'ennuyer, patienter, s'obstiner, parfois trahir, serrer des mains, faire des bises, maintenant -horresco referens- des selfies. Quel métier de chien ! Comme dans le clergé, les vocations sont en baisse
*Commentaire d'un texte sur le talent publié, sur son blog, par Philippe Bilger
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