Un euro 20 ou deux euros 80
Retraité depuis neuf ans, je ne meurs
pas de faim. Je vis. Heureux locataire d'un 80
m2 en province, heureux possesseur
d'une petite voiture et d'un garage, je mange convenablement, je
m'habille en confection correctement, je ne voyage pas, je ne vais
ni au restaurant, ni au concert, ni au théâtre,je ne fume pas, je
bois de l'eau,je dépense chaque mois ce que je gagne. Je ne fais pas d'économies.
Je ne suis pas endetté.Ayant une une bibliothèque acquise en une vie, j'emprunte maintenant des livres récents à la bibliothèque municipale, où je
vais lire la presse nationale, hebdomadaire et quelques revues
mensuelles.
Chaque matin, depuis que je suis
retraité, j'achète « Le Parisien », dont je connais
très bien le prix :
un euro vingt. Ma femme en a besoin,
notamment pour faire des « mots fléchés », et consulter
les programmes télé. Je ne fais pas de mots fléchés, mais je lis
quelques articles de ce journal assez terne.
Ce matin,
j'apprends qu'il n'y a pas de « Parisien ». Grand
embarras. Je demande s'il y a une grève. Je n'ai pas eu de réponse
claire. Que faire ? Acheter un autre journal.
Je vois « Le Figaro », « Le
Monde »...Avant d'acheter , je regarde le prix. Je me demande
si je rêve. Deux euros 80, chaque journal ! Certes, ils
sont plus épais et plus riches. Je le sais bien, puisque je les
parcours en bibliothèque . Mais je n'avais pas songé à regarder le
prix depuis neuf ans.
Je m'apprêtais à revenir bredouille
au logis, quand j'ai jeté un œil sur le tourniquet contenant d'autres journaux : « Canard enchaîné » (que
j'entrelis en bibliothèque sans regarder son prix) : un euro
2O. A la bonne heure ! C'est dans mes prix. Voilà des gens
raisonnables ! Et pourtant, il n'ont pas de revenus publicitaires. J'ai acheté. Ma femme n'a pas été contente de mon achat.
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