dimanche 7 octobre 2018


Le 7 septembre 2018

MORAND ET GOBINEAU

Toutes considérations politiques mises à part, Mitterrand n'a pas craint d'affirmer que le meilleur prosateur français du XXe siècle … était Jacques Chardonne. Et ce n'était vraiment pas un écrivain de gauche ! Je partage cet avis littéraire.
Je mets très haut aussi, quant à moi, Paul Morand. L'auteur n'est plus très à le mode à vrai dire. J'ai beaucoup aimé son passionnant journal posthume, intitulé « Journal inutile ». Mais je recommande la lecture de ses nouvelles, publiées en Pléiade. On peut lire avec plaisir aussi « Journal d'un attaché d'ambassade » , « Fouquet ou le soleil offusqué », « Venises » et bien d'autres livres.
Ce que je lui reproche le plus est son incontestable antisémitisme, encore manifeste dans « Journal inutile ».
Très tôt , il a d'ailleurs eu des avis sur les races. On peut le voir par exemple dans « Paris-Tombouctou » (1928) et « Hiver caraïbe » (1929), à lire dans « Voyages », coll. « Bouquins » (2001).Au cours de ces voyages-là, Morand avait apporté pas mal de livres. Et ses récits contiennent deux choses : des notations et des citations. Or, à propos des Noirs, des métis, etc.il s'appuie sur Gobineau, qu'il dit approuver ! Il dit simplement « Gobineau » sans indiquer un seul titre. Or si Gobineau est un romancier, un auteur de nouvelles, d'ouvrages d érudition, le correspondant de Tocqueville, il est aussi l'auteur de l' « Essai sur l'inégalité des races humaines » (1853-1885). J'ai lu ce livre, comme j'ai lu « La France juive » (la bible de l'antisémitisme  français), d'Edouard Drumont, comme j'ai lu (Onfray  l'a lu aussi) « Mein Kampf », livre de Hitler. Il faut savoir de quoi l'on parle quand on parle racisme.
Le livre de Gobineau dont Morand ne donne pas le titre est une (très vaine et très grotesque) tentative pour justifier son jugement sur les Aryens, les Noirs, les Jaunes, les métis, etc.
L'excellent prosateur Morand est in-du-bi-ta-ble-ment raciste. Je dois à la vérité de le dire. Ses écrits le prouvent.
On connaît le débat sur Céline, le bon des débuts et l'abominable raciste des « Beaux draps » , « Bagatelles pour un massacre » et de« L'Ecole des cadavres ». Il faut aussi distinguer entre l'excellent prosateur Morand et le très déplorable admirateur de « L'Essai sur l'inégalité des races »

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