Le 7 septembre 2018
MORAND ET GOBINEAU
Toutes considérations politiques mises à part,
Mitterrand n'a pas craint d'affirmer que le meilleur prosateur
français du XXe siècle … était Jacques Chardonne. Et ce
n'était vraiment pas un écrivain de gauche ! Je partage cet
avis littéraire.
Je mets très haut aussi, quant à moi,
Paul Morand. L'auteur n'est plus très à le mode à vrai dire. J'ai
beaucoup aimé son passionnant journal posthume, intitulé « Journal
inutile ». Mais je recommande la lecture de ses nouvelles,
publiées en Pléiade. On peut lire avec plaisir aussi « Journal
d'un attaché d'ambassade » , « Fouquet ou le soleil
offusqué », « Venises » et bien d'autres livres.
Ce que je lui reproche le plus est son
incontestable antisémitisme, encore manifeste dans « Journal
inutile ».
Très tôt , il a d'ailleurs eu des
avis sur les races. On peut le voir par exemple
dans « Paris-Tombouctou » (1928) et « Hiver
caraïbe » (1929), à lire dans « Voyages », coll.
« Bouquins » (2001).Au cours de ces voyages-là, Morand
avait apporté pas mal de livres. Et ses récits contiennent deux
choses : des notations et des citations. Or, à propos des
Noirs, des métis, etc.il s'appuie sur Gobineau, qu'il dit
approuver ! Il dit simplement « Gobineau » sans
indiquer un seul titre. Or si Gobineau est un romancier, un auteur
de nouvelles, d'ouvrages d érudition, le correspondant de
Tocqueville, il est aussi l'auteur de l' « Essai sur
l'inégalité des races humaines » (1853-1885). J'ai lu ce
livre, comme j'ai lu « La France juive » (la bible de
l'antisémitisme français), d'Edouard Drumont, comme j'ai lu (Onfray l'a lu aussi)
« Mein Kampf », livre de Hitler. Il faut savoir de quoi l'on parle quand
on parle racisme.
Le livre de Gobineau dont Morand ne
donne pas le titre est une (très vaine et très grotesque) tentative
pour justifier son jugement sur les Aryens, les Noirs, les Jaunes,
les métis, etc.
L'excellent prosateur Morand est
in-du-bi-ta-ble-ment raciste. Je dois à la vérité de le dire. Ses
écrits le prouvent.
On connaît le débat sur Céline, le
bon des débuts et l'abominable raciste des « Beaux draps »
, « Bagatelles pour un massacre » et de« L'Ecole
des cadavres ». Il faut aussi distinguer entre l'excellent
prosateur Morand et le très déplorable admirateur de « L'Essai sur l'inégalité des races »
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