jeudi 2 août 2018


Le 3 août 2008

Les jugements littéraires de La Bruyère

A mon humble avis, La Fontaine est le meilleur écrivain français.
J'ai un grand faible aussi pour La Bruyère. Il a écrit, on le sait, UN livre, pendant toute sa vie :
Les Caractères. Il contient des maximes et des portraits. Ce livre unique a moins de 500 pages.
L'édition des œuvres complètes de La Bruyère,en Pléiade, présentée par l'excellent Julien Benda offre aux lecteurs, après Les Caractères, des dialogues sur le quiétisme et son discours de réception à l'Académie française. Ce discours est intéressant à lire. L'auteur, sans les nommer, loue Segrais, La Fontaine, Boileau, Racine, Bossuet,Fénelon. Pourquoi ai-je dit cela, parce que chaque éloge permet de comprendre qu'il s'agit bien de ces auteurs-là.
Pour Segrais, que peu de gens connaissent de nos jours, on peut être surpris de lire « Il fait des romans qui ont une fin ». C'est qu'il y avait alors des romans, très longs, trop longs, au sentiment de La Bruyère. Il complète d'ailleurs son jugement en disant que Segrais « bannit le prolixe ».Grande louange aux yeux d'un prince de la maxime.
Retenons cet éloge de La Fontaine : « Il élève les petits sujets jusqu'au sublime. »
Si presque tout le monde approuve son choix de Racine, je souscris entièrement au choix de Boileau, Bossuet et Fénelon.
Ces trois auteurs doivent être lus encore et découverts par ceux qui les ignorent. Boileau (un tome en Pléiade) était fort respecté par Flaubert. Le mécréant Brassens répondit un jour à quelqu'un qui lui demandait quel était le plus meilleur écrivain français : Bossuet. Eh oui ! Un des meilleurs assurément en tout cas. Un tome en Pléiade. Et il n'y a pas que les sublimes oraisons funèbres.
Les oeuvres complètes de Bossuet sont immenses ; des dizaines de milliers de pages...comme
Voltaire. On peut les explorer sur Gallica .Bon voyage !
J'admire Bossuet.
J'aime Fénelon. Tout ce que je sais de lui me le fait aimer. Il eut un douloureux conflit avec Bossuet.
On pourra suivre ce conflit en lisant, sur Gallica, la correspondance Bossuet-Fénelon. Fénelon, à mon humble avis, avait raison. Mais Bossuet avait plus de pouvoir que Fénelon et fit plier le délicieux Fénelon.
Je préfère le cygne de Cambrai à l'aigle de Meaux.
Pour en revenir à La Bruyère, je signale un autre écrivain cité non dans le discours susdit mais dans Les Caractères : le père Bouhours. Il écrit quelque part « écrire comme Bouhours », au sens de
« écrire à la perfection ». La Bruyère a raison. J'ai consacré deux ans de ma vie à étudier cet auteur, dans un cadre universitaire. Bouhours, successeur de Vaugelas, fut l'oracle de la langue française
en plein classicisme, âge d'or de notre littérature. On n'a jamais mieux écrit, on n'écrira jamais mieux. Un Français sur trente mille connaît son nom. Un sur cent mille en a lu quelques lignes.
L'association des amis du P. Bouhours, que je présiderais volontiers, avec toute l'exquise modestie qui me caractérise, aurait dix ou douze membres.
Mais à quoi bon ?Pour sauver quoi ?

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