dimanche 11 novembre 2018

Le 12 novembre 2018


Le centenaire de l'Armistice 1918 à l'Arc de Triomphe

Peu fan de M. Macron, j'ai,comme beaucoup de monde, ouvert ma télé dimanche matin pour assister au spectacle qui nous était proposé.
Avant les cérémonies proprement dites, on a pu voir plusieurs choses instructives. Notre Premier ministre s'ébrouant ostensiblement pour exprimer qu'il avait froid, puis bâillant longuement à se décrocher la mâchoire. M. Sarkozy faisant beaucoup rire plusieurs personnes, tout à tour, M.
Larcher (normal), Mme Hidalgo, l'adversaire de gauche (« Embrassons-nous, Folleville!"), faisant sourire M. Macron, qui souriait à tout le monde. Il a fait la bise à Mme Macron, pourquoi se priver ?
C'est l'entre-soi, le dessus du panier , la crème du monde politique. La plèbe, sur son canapé, était conviée à se pâmer devant les grands.
Deux beaux spécimens Femen, peinturlurées, tous seins dehors,ont voulu se signaler à M. Trump, qui en a vu d'autres (il y a déjà eu beaucoup de volontaires tarifées attirées par la galette).
La piétaille des dirigeants politiques mondiaux a gentiment accepté de venir en bus, de marcher sous la pluie, avec ou sans parapluie (un parapluie bas de gamme, fourmi par l'Etat français impécunieux, s'est retourné), et d'attendre comme des glands sous la flotte.
Pas bêtes, et bien informés, Trump et Poutine, avaient flairé le coup foireux , venus prudemment avec leur flotte de véhicules blindés, ont évité l'humiliation, et sont arrivés à la tribune d'honneur bons derniers. Poutine a gardé une mine chafouine et maussade de bout en bout. Trump pendant la cérémonie faisait la même drôle de bouche que Mme Macron fort souvent. Mention spéciale à la femme du président français pour sa robe très curieuse barrée façon bicolore : ça vient d'un grand couturier français ? Pas joli.
Je ne félicite pas l'organisateur des festivités. Des micros ont déconné. Les pauvres lycéens qui ont été au casse-pipe pour lire des lettres de soldats soporifiques et interminables, avaient parfois la bouche fermée quand on entendait leurs paroles, tout le monde l'a vu en gros plan. Play-back probable. Un désastre. Evidemment on a fait venir le mari de Mme Ferrari, pour le morceau à cordes. Pourquoi lui ? Allez savoir. Il est très bon, certes, mais il y en a d'autres. Enfin le bolero de Ravel ne s'imposait pas vraiment pour un armistice.
Le président, clou du spectacle, a lu ce que sa "plume" lui avait  écrit.Ce n'était pas étincelant et fort inégal.
Les plus pressés de repartir et les plus renfrognés ont été Poutine et Trump.
Enfin, cet éloge vibrant de la paix a été fait en présence de pas mal de gens qui ne songent qu'à la guerre et qui la font plus souvent qu'à leur tour. Pour la paix, il y avait bien le prince de Monaco et sa nageuse (papa avait fait dans l'actrice américaine), mais on aurait dû faire une tribune de curés, d'évêques, et mettre la pape à côté de Brigitte, mais non...

Là-dessus, le peuple a pu passer à table , se partager un poulet-frites et siffler un verre de rouge.

1 commentaire:

  1. La première "boucherie héroïque" accouche cent ans plus tard d'une commémoration mondialisée d'armistice où, pour faire peuple, on donne un parapluie bas de gamme aux Grands, où les lycéens lisent bouche fermée des lettres insipides et aussi mal écrites que celle de Guy Moquet et où Macron prêche, son exercice préféré, s'écoutant parler et parler de la paix, lui qui vend des armes à l'Arabie sahoudite, ce boucher du Yémen, selon une tradition diplomatique datant grosso modo de Jacques Chirac et qui fait du président de la République française, chaque fois qu'il voyage, un VRP de Dassault et de Lagardère. Est-ce ainsi que l'on fête l'armistice?

    Je n'y vois qu'un remède, mais il est de cheval: profiter de nous extraire de ces cérémonies officielles et surfaites pour étudier enfin la guerre de 14. Enfin, parce que les gens de ma génération n'ont jamais appris la guerre de 14. Ils n'ont étudié en histoire que la seconde Guerre mondiale. Les démocraties présentaient déjà la Grande Guerre comme une guerre de la justice et du droit, mais on ne sait plus de quelle justice et de quel droit. Hitler ayant réussi à incarner le mal à la fois parce que mauvais et parce que vaincu, c'est plus facile d'être contre lui en pensant savoir pourquoi.

    J'ai lu La grande Peur des bien-pensants de Bernanos et ai été édifié par le caractère prophétique de la conclusion de cet ouvrage, dont l'auteur, s'il était antisémite, savait bien que l'antisémitisme ne mène à rien en politique, en plus d'être une expression d'ingratitude de la part d'un chrétien. Je me propose, si j'ai le temps, de lire "Les conséquences économiques de la paix" de Keynes, "Les conséquences de la paix" de Bainville qui avait prévu la seconde Guerre mondiale, les 14 propositions du président Willson qui dessinaient le monde intégré dans lequel se meuvent nos sociétés ouvertes, et peut-être Henri Barbusse et Maurice Genevois, et pourquoi pas Romain Roland?

    Bernanos ne doute pas que Jaurès, s'il avait vécu, se serait rallié à "l'union sacrée", le parti de la guerre. Ainsi font toujours les socialistes. On ne pouvait être pacifiste au moment de Munich, il falait choisir entre la guerre et le déshonneur sous peine d'avoir les deux. Or on devait être pacifiste en 1914 pour empêcher l'Europe de se suicider. Les seuls qui l'ont été furent les communistes, Roger Martin du Gard l'explique très bien dans Les Thibault. Finalement, les communistes ont toujours été du bon côté des guerres, faut-il y voir un signe?

    "La Russie répandra ses erreurs dans le monde", prédisait Notre-Dame de Fatima, si on ne consacrait pas ce pays orthodoxe à son Cœur immaculé. Écoutant France inter à dîner, j'apprends que l'Allemagne, pendant qu'n plénipotentiaire isolé négociait avec l'âpre Fosch dont j'ignorais ce trait inflexible de sa personnalité, vécut en miniature une révolution soviétique, laquelle obligea Guillaume II à abdiquer, que son armée abandonnait, plongeant l'Allemagne pour peu de temps dans la République de Weimar qu'Hitler renversa quand elle fut un fruit mûr pour se livrer à un dictateur, comme le deviennent nos démocraties pressurées par la finance.

    Qui m'eût dit il y a trente ans, qu'un jour je serais fier de commémorer l'armistice, je ne l'aurais pas cru, moi dont la première crise de la foi recouvrée fut consécutive à ma participation à une messe en mémoire des "héros morts au champ d'honneur" pendant la Grande Guerre où l'on arborait des drapeaux sous l'étendard de Gott mit uns. J'ai joué hier une cérémonie oecuménique commémorative de l'armistice en présence des autorités civiles et j'en suis fier. La guerre et ses conséquences sont vécues à leur niveau dans ces cérémonies municipales, exposées à nos mémoire et déposées devant Dieu.

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